Belgique - Vietnam : Une fête sous le signe de l'éducation
Au cours d'une interview qu'il nous a accordée à l'occasion de la Fête nationale de son pays, l'ambassadeur de Belgique, Philippe Jottard, revient sur l'importance de la formation et du partenariat économique dans la coopération vietnamo-belge.
L'ambassade de Belgique organise, lors de la commémoration du 21 juillet, un rendez-vous des anciens étudiants en Belgique. Pourquoi la fête nationale belge se déroule cette année sous le signe de la coopération dans le domaine de l'éducation ?
Les relations entre le Vietnam et la Belgique sont caractérisées par la compréhension et le respect mutuels. L'année dernière, les deux pays ont commémoré le 30e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. En 1977, la Belgique a signé un accord de coopération économique, industrielle et technique avec le Vietnam, devenant ainsi l'un des premiers pays occidentaux à se rapprocher du Vietnam. Aujourd'hui, les relations bilatérales continuent de se développer sereinement, le Vietnam demeurant notre plus important partenaire en Asie et ce, sur bien des plans.
La fête nationale de la Belgique, célébrée aujourd'hui à Hanoi, sera marquée par un événement bien significatif: le lancement de l'association d'amitié Vietnam-Belgique dans laquelle sera intégré un club d'anciens étudiants en Belgique.
Pourriez-vous faire un tour d'horizon de la coopération bilatérale dans le domaine de la formation ?
L'investissement dans le secteur de la formation représente plus d'un tiers des aides publiques au développement accordées par la Belgique au Vietnam pour la période 2004-2005. Nos programmes, très diversifiés, sont financés par le Conseil des universités flamandes et le Conseil inter-universitaire francophone. D'autre part, la Communauté française de Belgique a signé, en 1993, un accord de coopération avec le Vietnam. Depuis son bureau basé à Hanoi, elle a lancée toute une série de projets et notamment dans le domaine de la formation en gestion avec la création d'une maîtrise et d'un MBA entre l'Université libre de Bruxelles, l'Université ouverte de Hô Chi Minh-Ville et l'Université nationale de Hanoi. La Communauté française finance aussi des programmes d'apprentissage du français, de formation au tourisme, d'assistance aux petites et moyennes entreprises, de préservation du patrimoine, etc.
Quand à la Communauté flamande, elle est aussi très active. Elle a développé des initiatives intéressantes dans la coopération universitaire et accorde des bourses de spécialisation, au niveau de la maîtrise ou du doctorat.
Les programmes sont réalisés à la fois en Belgique et au Vietnam. Des étudiants vietnamiens sont envoyés en Belgique parfaire leurs études. De même, de nombreux professeurs belges effectuent le chemin inverse en venant donner des cours au Vietnam. Lors de ces vingt dernières années, au moins 500 étudiants vietnamiens sont sortis diplômés d'écoles supérieures belges.
Enfin, nous venons d'achever un programme de formation des professeurs pour les écoles secondaires de sept provinces du Nord. Bientôt nous lancerons un programme analogue dans 14 provinces du Nord.
Comment évaluez-vous les possibilités d'échanges commerciaux vietnamo - belges ?
Le gouvernement belge attache la plus grande importance au renforcement de la coopération dans le développement et dans les échanges économiques et commerciaux. L'année dernière, les exportations vietnamiennes vers la Belgique se sont chiffrées à 476 millions d'euros. Dans l'éventail des produits il y avait essentiellement des chaussures, des produits textiles, agricoles, marins. La Belgique, pour sa part, a vendu au Vietnam des équipements, des appareils électriques ou du diamant pour un total d'environ 100 millions d'euros. En octobre 2003, une grande mission économique, conduite par le prince Philippe et Mme Moermman, ministre de l'Économie et du Commerce extérieur et composée d'une centaine d'hommes d'affaires, s'est rendue au Vietnam dans le but de développer les échanges commerciaux. En octobre prochain, une nouvelle mission
wallonne-bruxelloise arrivera au Vietnam en vue d'assurer une grande promotion commerciale, en Belgique celle-ci étant entre les mains des régions. Je crois que le Vietnam est un marché au grand potentiel. Il faudrait donc que les entreprises belges fassent des efforts pour promouvoir leurs activités au Vietnam.
Dans le domaine de l'investissement, on compte maintenant une vingtaine de projets belges actifs. Les plus rentables sont les tailleries de diamant (pour la réexportation), la zone industrielle de Hai Phong, la Plantation de thé, la fabrique de chocolat Grand Place ou encore Puratos, fournisseur de premières matières pour les boulangeries.
Qu'est-ce que le Vietnam peut attendre d'une Belgique partenaire des pays de l'ASEAN ?
La Belgique, membre fondateur de l'Union européenne et hôte de ses principales institutions, est toujours disposée à promouvoir les relations entre l'UE, le Vietnam et les autres pays de l'Organisation des pays du Sud-Est asiatique. L'ASEAN est une importante place stratégique en Asie, un continent en pleine croissance. La Belgique est disposée à consolider les relations Asie-Europe sur trois plans : politique, économique et culturel. Au Ve Sommet Asie-Europe en octobre prochain à Hanoi, la Belgique sera représentée par son Premier-ministre et son ministre des Affaires étrangères. Ils auront des rencontres avec leurs homologues vietnamiens.
Pourriez-vous nous faire part de vos impressions sur le Vietnam au cours de votre mandat ?
Je suis arrivé dans ce pays voilà près d'un an. Témoin d'un Vietnam en plein développement, je suis également impressionné par sa richesse culturelle et sa longue tradition historique. J'admire le courage du peuple vietnamien, sa capacité à apprendre, à travailler et les progrès remarquables accomplis dans le domaine du développement économique et social. Nous saluons aussi l'harmonieuse intégration, régionale et internationale, accomplie par le Vietnam. Les Vietnamiens n'aiment pas se tourner vers le passé et préfèrent regarder vers l'avenir. Je crois que le Vietnam a devant lui un bel avenir.
Par Phung Minh Trang - Le Courrier du Vietnam - 21 Juillet 2004.
Un homme qui transporte son savoir au Vietnam
Le professeur-docteur Nguyên Dang Hung de l'université de Liège en Belgique est le précurseur d'un programme de formation en mastère aux Instituts polytechniques de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville. Environ 280 masteurs ont été formés par ce programme.
Belge d'origine vietnamienne, le professeur-docteur Nguyên Dang Hung est responsable de la section mécanique de la rupture relevant du Département de la technique aérienne et spatiale de l'Université de Liège en Belgique. Ces dix dernières années, il a régulièrement fait la navette entre la Belgique et le Vietnam pour donner des cours dans le cadre de son mastère aux Instituts polytechniques de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville.
Issu d'une famille pauvre dans la province centrale de Quang Nam, le jeune homme Nguyên Dang Hung reçut en 1960, une bourse d'études de la Belgique. La misère de son pays natal, la mort de sa mère tombée sous les balles des ennemis et surtout l'amour de son père le poussèrent à faire de brillantes études en vue d'édifier le pays. Nguyên Dang Hung fut diplômé en 1966 en ingénierie de la technique aérienne et spatiale à l'université de Liège. Puis il poursuivit une formation en mastère et soutient avec succès une thèse en science appliquée à l'université de Liège.
Une maîtrise à la belge au Vietnam
Après la libération totale du Vietnam en 1975, le professeur Nguyên Dang Hung retourna dans son pays natal. De 1976 à 1997, il enseigna aux Instituts polytechniques de Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Dà Nang et à l'Institut d'hydraulique où il transmit sa passion pour les études à bon nombre de ses étudiants. Il a aussi participé à de nombreux projets d'enseignement pour les universités vietnamiennes grâce au concours de la Belgique. Mais il nourrit dans son coeur le désir de créer un centre de formation en mastère inspiré du modèle belge. Son rêve est devenu réalité quand il fut autorisé à fonder le Centre de formation en mastère Vietnam-Belgique à l'Institut polytechnique de Hô Chi Minh-Ville en 1995. Le projet de maîtrise européenne en mécanique de construction est également mis en route avec un investissement de 300.000 dollars financé par le ministère de la Coopération internationale belge. Les premiers succès le poussent à fonder un second centre Vietnam-Belgique à l'Institut polytechnique de Hanoi en 1998 et le programme de maîtrise européenne en modélisation des champs des milieux continus (MCMC) est mis en route depuis 2001.
Les programmes de maîtrise initiés par le professeur Nguyên Dang Hung prédisposent les étudiants vietnamiens pour obtenir des diplômes internationaux aux frais d'études modérés, environ 9 millions de dôngs pour deux ans (500 euros). En outre, les quinze meilleurs étudiants bénéficient de bourses.
Actuellement, le programme de maîtrise européenne en modélisation et design en sciences techniques (EMMD) et celui du MCMC ont formé 180 masteurs à Hô Chi Minh-Ville et 108 masteurs à Hanoi sans compter vingt docteurs. D'ailleurs, les sept meilleurs masteurs ont reçu des bourses pour aller en Belgique préparer un doctorat. Parmi les diplômés, 30 ont été reçus dans des universités célèbres pour y mener un doctorat. Plusieurs autres ont été embauchés dans des universités vietnamiennes comme enseignants.
Âgé maintenant de 70 ans, le professeur Nguyên Dang Hung fait encore la navette entre la Belgique et le Vietnam. Ses activités ont laissé de bonnes impressions chez les diplomates étrangers travaillant au Vietnam. " Nous sommes fiers que la Région wallonne et la Communauté française de Belgique aient un bon expert comme le professeur Nguyên Dang Hung. Outre le travail d'un professeur de sciences, il contribue à resserrer les relations entre la Région wallonne, la Communauté française de Belgique, l'Union européenne et le Vietnam ", souligne Zénon Kowal, délégué Wallonnie-Bruxelles au Vietnam.
Par Huong Giang - Le Courrier du Vietnam - 20 Juillet 2004.
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