Le ruou can arrose la vie de l'ethnie Edê
HANOI - Comme toutes les ethnies qui peuplent les hauts plateaux du Centre, les E-dê usent
et abusent du ruou can, alcool indispensable aux festivités. Les longs chalumeaux de bambou, fabriqués par
des artisans, sont employés pour le "siroter" soigneusement.
Quant à la matière première essentielle à sa préparation, les Ê-dê utilisent le nêp than ou nêp câm (variétéz
de riz gluant de couleur grisâtre) ou bien encore du riz gluant blanc, du riz ordinaire, du maïs, du manioc...
Après la cuisson à l'eau, la matière première est étalée et laissée refroidir durant quelques heures. Puis on la
mélange avec du ferment, avant de la placer en couches dans des pots. Le ferment détermine la qualité et le
caractère original du ruou cân des Ê-dê. Il le rend différent du ruou cân des Ba-na ou d'autres ethnies. Les
"spécialistes" peuvent déguster et dire qu'il s'agit de tel ou tel ruou cân.
Puis les pots de ruou cân sont enterrés durant une année avant d'être bus. C'est grâce à cette durée de
conservation à la température assez élévée du sol basaltique que la fermentation est plus complète et donne
à l'alcool sa saveur et son odeur déliciieuses et originales.
Chaque année, après la moisson du riz, c'est-à-dire au début de la saison sèche, les Ê-dê fêtent la récolte
du riz nouveau avec le ruou cân et aux sons des gongs. Suivant leurs coutumes, quand coqs et poules
regagnent le poulailler, le chef de la famille dresse des colonnes "goong", une pour chaque pot d'alcool
"planté" de chalumeaux de bambou.
Puis les villageois viennent accueillir les hôtes. Alors, l'orchestre des gongs se fait entendre. Respectant
toujours la tradition, le président de cette festivité se lève et tend le chalumeau de bambou vers l'hôte qui
ouvre la séance. Pour prouver sa politesse et son niveau de culture, l'hôte, à son tour, doit boire l'alcool à un
verre, puis le présenter à la patronne la plus âgée et la plus "prestigieuse" de la famille, pour l'inviter à boire à
son tour.
Quant ce geste est accompli, chacun peut boire, échanger des souhaits et discuter jusqu'à l'aube. Lors
d'autres festivités, comme les mariages, les souhaits de longévité, les anniversaires de naissance organisés
pour les descendants de la famille, le ruou cân rythme l'orchestre des gongs.
Il accompagne les festivités de joie, mais aussi les cérémonies de tristesse, notamment les rites
funéraires. Il semble que l'énergie conservée dans du ruou cân apporte la joie et dissipe les soucis.
Agence Vietnamienne d'information, le 18 Février 2001.
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