Le dissident Doan Viet Hoat va rejoindre sa famille aux Etats-Unis
HANOI - Le journaliste vietnamien dissident Doan Viet
Hoat, dont la libération annoncée est conditionnée par son départ
aux Etats Unis, rejoindra cette semaine sa famille établie là-bas,
a-t-on appris dimanche de source familiale à Hanoi.
Un autre dissident célébre dont la libération avait été annoncée
dans le cadre d'une amnistie au Vietnam de 5166 prisonniers, Nguyen
Dan Que, un médecin de 56 ans, refuserait par contre d'émigrer aux
Etats-Unis. Il resterait en prison.
L'épouse de Hoat, Mme Tran Thi Thuc, a indiqué par téléphone à l'AFP
que son mari sera libéré de la prison de Thanh Cam dans les
prochains jours et partira aux Etats-Unis pour la rejoindre ainsi
que leurs trois fils à Minneapolis, dans le Minnesota.
Elle a laissé entendre que les deux dissidents qui purgeaient une
peine de 20 ans de prison, ne seraient libérés qu'à condition qu'ils
quittent le Vietnam pour les Etats-Unis, bien que les autorités de
Hanoï ne l'ont jamais expliqué officiellement.
Les Etats-Unis avaient cependant annoncé dès vendredi qu'ils étaient
prêts à accueillir les deux dissidents connus, par l'intermédiaire
de l'ambassade américaine à Hanoï.
"Nous avons pleuré après avoir appris la libération de mon mari.
J'ai attendu celle-ci pendant plus de 20 ans", a dit Mme Thuc depuis
son domicile à Alexandria, en Virginie.
Selon elle, l'autre prisonnier de conscience connu dont la
libération avait été annoncée, Nguyen Dan Que, pourrait refuser les
conditions de cette libération et son départ pour les Etats-Unis.
Egalement interrogé par téléphone par l'AFP depuis son domicile en
Virginie, le frère du Dr Que, Nguyen Quoc, a indiqué que celui-ci
lui avait dit vouloir "être libre sans condition, mais préférer
rester en prison s'il devait quitter le pays".
Le frère du dissident a précisé qu'il avait parlé avec son frère par
téléphone vendredi, pour la première fois depuis 25 ans. Il a ajouté
que les autorités vietnamiennes avaient précisé oralement au
dissident que sa libération était conditionnée à son départ du pays.
L'épouse du Dr Que, Tam Van, qui lui a rendu visite vendredi, a
déclaré pour sa part: "nous avons décidé qu'il devait rester au
Vietnam pour se reposer et être avec sa famille à Saigon". Les
sources ont précisé qu'il avait été proposé également à Mme Van de
partir avec son mari aux Etats Unis mais que tous deux avaient
refusé.
Les deux dissidents figurent parmi plus de 5.166 prisonniers qui
seront libérés avant l'expiration de leur peine dans le cadre d'une
amnistie présidentielle décidée par le président Tran Duc Luong à
l'occasion de la prochaine fête nationale le 2 septembre, et
annoncée vendredi.
M. Hoat, 55 ans, est une figure célèbre de la dissidence au Vietnam
et est l'un des cinq journalistes mis en prison par le régime.
Son épouse, qui avait pu le voir secrètement au Vietnam en juillet
pendant 30 minutes en prison, a indiqué que son mari a très besoin
de soins médicaux car il souffre d'hypertension et d'une maladie
rénale. Selon elle, il ne quitte son pays que pour des raisons de
santé, et espère y retourner un jour.
Les autorités vietnamiennes ont refusé de répondre directement sur
le caractère conditionnel ou non de la libération des deux
dissidents, affirmant seulement que les deux hommes étaient libres
d'émigrer s'ils le décidaient.