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Vietnam. De l'isolement à l'intégration

Le processus d'ouverture engagé en 1986 implique pour le Vietnam un partenariat économique multiple.

Au Vietnam, la question économique touche de très près celle de l'indépendance nationale. La réunification et la paix enfin arrachées en 1975, Hanoi se voyait coupé de son espace régional naturel majoritairement proche des États-Unis. L'ASEAN redoute une " Indochine rouge " et les tentatives vietnamiennes de louer des relations échouent. L'adhésion au COMECON, le contentieux qui éclate avec la Chine, et l'embargo de Washington qui orchestre l'isolement diplomatique et commercial place le pays au cour d'une tension entre blocs. Le processus d'ouverture engagé en 1986 avec le Doi moi (renouveau) implique pour le Vietnam un partenariat économique multiple d'autant plus rude à établir que les pressions américaines n'ont pas faibli. Pourtant les réformes économiques et le développement qui devait suivre restent largement conditionnés par l'état des relations extérieures du pays.

La politique de détente de l'URSS en Asie et la reprise des relations diplomatiques entre Moscou et Pékin en 1988 desserre l'étau autour du Vietnam, qui retire ses troupes du Cambodge. Les relations avec la Chine et l'ASEAN se normalisent. Le Vietnam poursuit une politique d'intégration à la communauté internationale, en donnant la priorité à son environnement régional. Il se rapproche de l'ASEAN, à laquelle il adhère en 1995. Le milieu des années quatre-vingt-dix constitue aussi un tournant dans ses relations avec le reste de la communauté mondiale et les institutions financières internationales. Près de vingt ans après la fin de la guerre américaine, Washington accepte enfin de lever l'embargo et de renouer diplomatiquement avec Hanoi. L'ambiguïté des relations n'est pour autant dissipée malgré la signature de l'accord commercial paraphé en 1999, finalement ratifié par les parlementaires américains en 2001 mais dont l'application partielle au détriment du Vietnam reste pour Hanoi un point de friction.

Comme ses voisins de l'ASEAN échaudés par le traitement que préconisait Washington lors de la crise asiatique de 1997 visant à investir les secteurs clés protégés, le Vietnam suit avec la plus grande attention la stratégie américaine dans la région. Au nom de la défense de ses intérêts en Asie, les États-Unis tendent à redouter l'émergence d'un bloc régional dynamique au moment même où ils entendent redéployer des forces militaires en négociant la mise à disposition de bases auprès de certains pays asiatiques : comme c'est déjà le cas aux Philippines, en Thaïlande et prochainement au Cambodge.

Aussi le Vietnam s'est-il déclaré particulièrement satisfait des résultats du sommet de l'ASEAN qui s'est tenu à Bali début octobre. Les pays membres y ont signé un pacte instituant une coopération sécuritaire et économique accrue. Appelé Bali Concord II, l'accord établit en fait une triple " communauté " économique, socioculturelle et de sécurité qui marque le passage d'une simple communauté d'États à une organisation intergouvernementale. Pour Hanoi, le resserrement des liens entre les membres de l'ASEAN devrait permettre d'accélérer la construction d'une entité régionale commune et de renforcer la solidarité propre à favoriser le développement économique.

L'Humanité - 25 Octobre 2003