Enseignement supérieur: les diplômés massivement au chômage
HANOI - Quelque 700.000 candidats ont commencé vendredi dans tout le Vietnam à
faire leurs examens d'entrée aux universités dont les diplômés finiront souvent par être mis au chômage qui a déjà touché
plusieurs millions de personnes en raison des difficultés économiques du pays.
Après avoir passé 5 ans en moyenne à l'université, des centaines de milliers de jeunes vietnamiens diplômés de l'enseignement
supérieur n'ont d'autre choix que de rejoindre le contingent des chômeurs, dans un pays où la lutte pour l'emploi s'accroit sans
cesse.
L'un des sujets les plus préoccupants pour le gouvernement et les familles vietnamiens demeure la création d'emplois pour les
étudiants en fin d'études afin d'éviter un énorme gaspillage, non seulement d'intelligence mais aussi de frais de formation.
"Le nombre des diplômés sans emploi s'accroit rapidement en raison des difficultés économiques et du manque d'une bonne
politique de formation", explique M. Pham Quang Sang, l'un des responsables de l'Institut du développement de l'éducation
supérieure.
Au moins 100.000 étudiants sortent chaque année des écoles supérieures mais presque la moitié d'entre eux sont toujours au
chômage au bout d'une ou de plusieurs années d'attente, alors que l'enseignement supérieur s'est généralisé depuis 1995 au
Vietnam.
"Il faut réorientier la formation supérieure qui doit être liée à la croissance économique", a affirmé M. Sang en prévoyant
toutefois que "le chômage dans le monde estudiantin s'aggravera dans les années à venir".
A Hanoï, environ 30% des étudiants diplômés d'une trentaine d'écoles supérieures sont au chômage et cette proportion
s'accroit chaque année, sans tenir compte de ceux qui ne trouvent pas un emploi correspondant à leur formation.
"On manque de jeunes diplômés dans les régions reculées du pays tandis qu'ils sont trop nombreux dans les villes où ils
cherchent à rester à la fin de leurs études sans vouloir revenir dans leur région natale", explique Mme Vu Thi Huong,
gestionnaire du ministère de l'Education et de la Formation.
Depuis une décennie, le régime communiste vietnamien a mis fin à sa politique de distribution d'emplois et les étudiants diplômés
doivent se débrouiller seuls pour se lancer sur le marché du travail qui voit arriver chaque année plus d'un million de
demandeurs d'emploi.
Les familles dépensent entre 1.500 et 2.000 dollars pour permettre à chaque étudiant de suivre 4 ou 5 ans d'études dans une
école supérieure mais la plupart des diplômés acceptent en fin de compte un emploi de gardien, conducteur de cyclo-pousse,
serveur dans un restaurant ou un hôtel où leurs capacités intellectuelles sont inexploitées.
Il est encore plus difficile aux familles ayant deux ou trois enfants de financer leurs études, dans un pays où le revenu moyen par
habitant est de 250 dollars par an, selon les estimations les plus recentes du gouvernement.
La situation devrait encore s'aggrager du fait de la récente décision du gouvernement de réduire le nombre de fonctionnaires de
15% dans le cadre d'une refonte de la fonction publique.
Les diplômés les avantagés restent ceux qui possèdent la maîtrise d'une ou plusieurs langues étrangères et les apprentis
informaticiens performants.
Pour tenter de résoudre le problème, le gouvernement est en train d'élaborer un service de travail obligatoire de 2 à 3 trois dans
les régions reculées du pays pour tous les jeunes diplômés d'université mais ce projet reste difficile à réaliser faute de moyens
financiers.
"Il est de plus en plus compliqué de trouver un emploi si on n'a pas assez d'argent ou pas de relations personnelles
indispensables", confie avec amerture Mme To Thi Thoa, une mère de famille ayant deux enfants diplômés d'universités mais
qui sont restés sans emploi depuis plusieurs années.
Agence France Presse, le 7 Juillet 2000.
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