Ho-Chi-Minh-Ville, nouvelle Mecque des routards
HO-CHI-MINH-VILLE - La rue De Tham, au coeur de
l'ancienne Saïgon, et les
rues avoisinantes connaissent chaque matin une grande animation: des centaines
de jeunes touristes, sac au
dos, envahissent les cafés et échangent les derniers tuyaux sur les mille et une manières de séjourner à bon
marché au Vietnam.
Les routards, venus d'Europe des Etats-Unis ou du Japon ont fait de la mégapole
du sud du Vietnam leur nouvelle Mecque,
aussi adaptée à leurs goûts que le furent dans le passé Kathmandou ou Kaboul,
aujourd'hui démodée ou inaccessible.
"Les cafés de Saïgon sont notre base de départ pour découvrir un pays encore
vierge et très bon marché", affirme Jack
Westbord, un jeune canadien de 19 ans.
"Nos aînés rêvaient en Asie de découverte spirituelle ou de drogues bon marché.
Ce n'est pas ce que nous cherchons à Saïgon,
mais ici les hôtels coûtent moins de dix dollars la nuit et il est possible de
consulter son e-mail sur Internet dans la plupart des
cafés du quartier", ajoute-t-il.
Si le Vietnam communiste a beaucoup misé sur le tourisme de luxe et sur les
voyages organisés depuis l'ouverture du pays à
l'économie de marché il y a 13 ans, la baisse du nombre de ces touristes au
cours des dernières années fait voir d'un bon oeil
aux responsables du secteur ce nouvel engouement.
"Après avoir connu des taux de croissance de 20% à 25% de 1990 à 1996 le nombre
des touristes a baissé de 4% à 5% par
an en 1997 et 1998", rappelle M. Truong Vinh Tho, responsable du Département du
tourisme du Comité populaire de
Ho-Chi-Minh-Ville".
"Le tourisme de luxe ne représente aujourd'hui que moins de 10% de cette
industrie et les jeunes "touristes libres" sont une part
croissante du marché", ajoute M. Tho.
Les touristes à petit budget s'intéressent avant tout à la culture, à
l'éco-tourisme, "des secteurs que nous entendons développer
dans la région de Ho-Chi-Minh-Ville qui dispose de 20.000 hectares de mangroves
vierges et de 50. 000 hectares de parcs
nationaux", précise le responsable.
De nombreux habitants de Saïgon observent d'un oeil critique ces touristes d'un
genre nouveau qu'ils surnomment les "tây-balô"
(étranger-sac-au-dos) et le secteur étatique n'a pas encore réussi à gagner la
faveur de cette clientèle qui dépense peu et
cherche à s'éloigner des sentiers battus.
Mais de nombreux entrepreneurs privés ont su s'adapter.
Les hôtels bon marché du district N1 affichent complet, les petits restaurants
se sont mis à la pizza aux spaghettis bolognaise et
au cappuccino et les conducteurs de cyclo-pousse sont toujours prêts à indiquer
une supposée bonne combine aux jeunes
touristes.
Une petite agence de voyage destinée aux routards, née dans un café de la rue De
Thâm il y a quelques années, est devenue
une entreprise florissante qui possède aujourd'hui une flotte de 50 autocars,
une quinzaine de voitures, et a ouvert des
succursales dans la plupart des villes du pays.
"Nous transportons les routards dans tous le pays, et nous avons inventé un
nouveau concept, le circuit ouvert, qui permet de
rallier Saïgon à Hanoï (1. 800 km) en autocar climatisé pour 34 dollars avec
autant d'étapes que souhaite le voyageur", précise
un responsable de l'agence.
Le soir venu, le quartier des grands hôtels de Saïgon sombre tôt dans la
léthargie et ses rues sont vides de bonne heure, mais
les cafés de la rue De Tham ne désemplissent pas: des jeunes routards échangent
leurs expériences et font des projets, tandis
que d'autres racontent via Internet leurs aventures à leurs amis restés au pays.
AFP, le 18 Octobre 1999.
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