Législatives au Vietnam: quel degré d'ouverture?
HANOI - Les électeurs vietnamiens se rendaient dimanche aux urnes pour
des
élections législatives à l'issue desquelles l'Assemblée nationale
pourrait
s'ouvrir un petit peu plus à des candidats issus de la société civile et
du
monde des affaires.
Alors que le pays se met progressivement à l'économie de marché, le
Premier
ministre Phan Van Kaï a estimé que le Vietnam avait besoin de se doter
d'une
administration gouvernementale "forte et transparente" et de combattre
"la
corruption et la bureaucratie". Après avoir voté, il a ajouté: "Nous
devons
rapprocher le gouvernement du peuple afin de le servir, lui et les
entreprises".
Depuis des mois, les responsables vietnamiens disent avoir identifié des
milliers de lois et de décrets qui doivent être amendés afin
d'encourager
l'avènement d'un "Etat de droit", ajoutant par ailleurs qu'il est
nécessaire
de mettre le système judiciaire du pays en conformité avec l'accord
commercial historique conclu en 2000 avec les Etats-Unis et entré en
vigueur
en décembre dernier.
Il est vrai que les 759 candidats en lice pour les 498 sièges de
l'Assemblée
sont tous présentés par le Front de la patrie, une coalition
d'associations
chapeautées par le PC. Mais il n'en reste pas moins que 135 candidats
n'appartiennent pas au parti (contre 112 lors des élections de 1997).
De plus, 13 candidats sont "spontanés", le Vietnam refusant le terme
d'"indépendant". Sur les 11 dans le même cas en 1997, deux avaient
réussi à
se faire élire. Les observateurs notent également que 14 candidats sont
des
hommes d'affaires. Le Parlement sortant compte deux hommes issus du
monde de
l'entreprise. Une goutte d'eau.
L'Assemblée nationale, autrefois chambre d'enregistrement du Parti
communiste au pouvoir, a réussi ces dernières années à gagner quelque
indépendance. Il lui est arrivé de remanier de façon substantielle des
projets de loi, retournant même parfois la copie à l'envoyeur. La séance
des
questions à l'Assemblée, où les ministres sont interpellés par les élus,
est
par ailleurs diffusée en direct à la télévision. Il n'est en revanche
pas
question pour elle de soumettre des propositions de loi. Là encore,
c'est le
parti qui contrôle tout.
Début juin, le comité central du Parti communiste devrait profiter de ce
scrutin pour procéder à un remaniement gouvernemental qu'il soumettra
ensuite à la nouvelle Assemblée. On s'attend à ce que le Premier
ministre
Khaï, qui a souvent menacé de démissionner devant la lenteur des
réformes
économiques, reste à son poste.
Une promotion est par ailleurs attendue pour le ministre du Commerce Vu
Khoan. Négociateur de l'accord frontalier de 1999 avec la Chine et de
l'accord commercial avec les Etats-Unis, il devrait être promu au poste
de
vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères et du Commerce.
The associated Press - 19 mai 2002
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