Vinh, le policier vietnamien devenu détective privé
Les infidélités, l'espionnage industriel, les
escroqueries constituent le fonds de commerce
des détectives du monde entier. Au Vietnam, où
on ne plaisante pas avec le renseignement, un
ancien policier s'est laissé tenter par l'aventure.
"Après des années au ministère de la Sécurité
publique et dans d'autres services, j'ai constaté
que beaucoup de gens avaient besoin de
recherches discrètes sur des problèmes
personnels, ce que la police ne peut pas faire",
explique Nguyen Huu Vinh, 47 ans.
Ainsi est née Protection and Investigation Co.
(VPI), première agence de détective privé du
Vietnam communiste.
A la faveur de la nouvelle législation sur le
secteur privé adoptée en 1999, le policier
dispose aujourd'hui d'une officine dans le centre
de Hanoi. "Personne ne proposait de services de
détective privé, j'ai décidé de profiter de
l'opportunité", dit-il.
Fondée en avril 2000, VPI est toujours la seule
en son genre, un monopole qui témoigne moins
de l'étroitesse du marché que du caractère
hautement sensible de la profession.
"Il y a des Vietnamiens qui disent que quand on
veut faire des choses mais qu'on est bloqué par
la bureaucratie, il faut éclairer la route. Nous
travaillons, mais nous n'osons pas allumer la
lumière", résume-t-il.
"Il faudra du temps avant que le gouvernement
réglemente le secteur", pronostique-t-il d'une
voix posée.
Le détective admet qu'il n'était pas un policier
tout à fait normal lorsqu'il était fonctionnaire.
D'où une petite expérience et un solide carnet
d'adresses.
Certains ex-collègues peinent à dissimuler leur
jalousie mais cet homme affable a su conserver
quelques amitiés. "J'ai fait quelques contrats
avec le gouvernement mais je n'aime pas ça. Ce
métier exige que chacun reste discret et au
Vietnam, les agences d'Etat ont du mal à garder
les secrets".
Vinh refuse de divulguer son chiffre d'affaires, ou
de préciser sur combien d'affaires il a réellement
travaillé, parmi les 2.000 prospections qu'il a
effectuées. "Je ne suis pas bon marché",
élude-t-il simplement.
Si 90% de ses clients sont des Vietnamiens, les
étrangers et les Viet Kieu -Vietnamiens de la
diaspora- revenus vivre au Vietnam commencent
à venir le voir. Et les missions dans le domaine
économique sont plus nombreuses.
Les enquêtes les plus lucratives concernent la
contrebande, les violations de la propriété
intellectuelle ou les fuites de capitaux. Mais Vinh
adore donner des coups de main aux gens de
petite fortune.
"Un jour, un jeune homme est venu nous voir en
vélo complètement désespéré. Il était venu à
Hanoi pour étudier. Mais après la première
journée de cours, il était incapable de retrouver
son logement", raconte-t-il.
"On lui a retrouvé son appartement dans lequel
se trouvait tout son argent et ses biens".
Gratuitement.
Par Ben Rowse - Agence France Presse - 12 Janvier 2003.
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