Dien Bien Phu : l'économie pour tourner la page sur la bataille du passé
DIEN BIEN PHU - Edifiée au milieu des collines à
l'extrême nord-ouest du Vietnam, la ville de Dien Bien Phu reste l'une des
plus pauvres du pays et le développement économique est aujourd'hui sa
priorité pour tourner la page de la bataille qui fit son renom il y a 45
ans.
"La ville connaît beaucoup de difficultés et elle compte toujours sur
l'aide du gouvernement malgré les efforts déployés ces dernières années en
faveur du développement", a indiqué le secrétaire ajoint du Comité
provincial du Parti, M. Trinh Long Bien.
Située dans l'une des régions les plus sous-développées du Vietnam, à
quelque 500 km de Hanoï, Dien Bien Phu a connu une modeste prospérité grâce
aux briqueteries et à la culture du café et du thé, en dépit d'une
déforestation alarmante, de l'état mauvais des routes et du manque
d'industries et de capitaux.
"Les secteurs-clés de notre économie sont les forêts, l'élevage et les
plantations agricoles. Les mines d'or, de plomb et de charbon ne sont
quasiment pas exploitées faute de moyens", dit M. Bien en soulignant la
détermination des autorités locales à "transformer l'ancien champs de
bataille en région prospère".
"La circulation est extrêmement difficile dans cette région montagneuse et
entrave l'exploitation des ressources naturelles", explique le numéro deux
de la province de Lai Chau où 60% des habitants sont des ethnies
minoritaires thai et h'mong.
Dien Bien Phu a été choisie il y a cinq ans comme la nouvelle capitale de
Lai Chau, la deuxième province la plus étendue du Vietnam. L'ancienne
capitale provinciale était basée plus au nord, à proximité de la Chine et
surtout du Laos, une localisation favorisant le commerce et les trafics
frontaliers, y compris d'héroïne et d'opium à destination de Hanoï.
Depuis 1994, la population de Dien Bien Phu est passée de 17.000 à 28.000
habitants aujourd'hui et le revenu moyen par tête n'atteint que 150 dollars
par an, soit la moitié de la moyenne nationale. Seulement quelque 7
millions de dollars sont investis chaque année dans cette ville, dont la
moitié apportée localement, selon des statistiques officielles.
Les autorités de Dien Bien Phu comptent sur l'apport touristique des trois
liaisons aériennes hebdomadaires avec la capitale pour compenser l'absence
totale d'investissements étrangers.
"En 1998, nous avons accueilli 1.570 touristes étrangers, en majorité des
Français et des Belges, soit une hausse de 12,9% par rapport à l'année
précédente", a indiqué à l'AFP M. Nguyen Van Nam, chef du bureau de la
compagnie provinciale du tourisme et du commerce.
Mais selon M. Nam, "chaque touriste étranger ne reste que deux jours dans
cette ville et y dépense en moyenne 15 dollars par jour", des chiffres
qu'il qualifie de "modestes par rapport aux potentialités touristiques" de
la fameuse cuvette entourée de hautes montagnes et des sites marquant la
défaite française de 1954 au Vietnam.
Dien Bien Phu ne compte qu'une vingtaine d'établissements hôteliers
étatiques et privés qui offrent une qualité médiocre de services et la
ville a grandi lentement. "Nous avons besoin d'une assistance financière de
l'Etat pour rénover les routes et les sites historiques mal entretenus",
ajoute M. Nam.
La nuit tombée, une partie de la population envahit les "cafés vidéo" ou
les "salons de karaoké" ouverts à l'intérieur des "mini-hôtels" ou des
pensions qui ont poussé sur l'artère principale de la ville, près des
champs de bataille où ont eu lieu les combats acharnés de la guerre
d'Indochine.
AFP, le 11 Mai 1999.
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