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Il y a 50 ans, Dien Bien Phu

C’était le 7 mai 1954 : ce jour-là, la France subissait en Indochine la plus cuisante défaite de son histoire coloniale. Après 56 jours de siège, les soldats français devaient abandonner la cuvette de Dien Bien Phu. Jacques Chirac a présidé ce matin aux Invalides, à Paris, une cérémonie d’hommage aux 16.000 morts, blessés et prisonniers français de cette bataille.

Cérémonie sobre en France

C'était il y a tout juste cinquante ans. En ce 7 mai 1954, pour la première fois, l'armée d'un pays occidental, membre de la coalition vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, était battue dans une bataille conventionnelle par un peuple colonisé en armes. Dien Bien Phu tombait après 56 jours de siège. Bilan : près de 3.000 morts et 5.000 disparus dans les rangs français, sans doute trois fois plus côté Vietminh. Trois mois plus tard, le chef du gouvernement Pierre Mendès-France pouvait annoncer le retrait de l'Indochine et la fin des hostilités.

Jacques Chirac a préside vendredi matin une simple cérémonie depuis 10h30 aux Invalides, à Paris. Dans un discours lu en présence du ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie et du ministre délégué aux Anciens Combattants Hamlaoui Mekachera, le président de la République a exprimé la "fidélité" et la "reconnaissance" de la Nation aux combattants "magnifiques" de Diên-Biên-Phu. "Dans la plaine de Diên-Biên-Phu, comme à Roncevaux, des soldats, en se sacrifiant jusqu'au dernier, ont transmué un désastre en une épopée", a déclaré le chef de l’Etat. Saluant une "légende" et un "mythe", Jacques Chirac a invoqué le souvenir de "l'honneur militaire défendu jusqu'à l'extrême limite des forces humaines". Etaient également présents les ambassadeurs d'Algérie, du Congo, du Sénégal, du Laos, de Madagascar, du Cambodge, du Bénin et du Vietnam.

Le président de la République a ensuite décoré dix-neuf anciens combattants d'Indochine, dont le cinéaste Pierre Schoendoerffer et "l'infirmière de Dien Bien Phu" Geneviève de Galard, élevés au rang de grand commandeur de la Légion d'honneur. Il s'est ensuite livré à un long bain de foule de 40 minutes.

Dien Bien Phu ressuscitée au Vietnam

La France aurait souhaité une cérémonie commune avec le Vietnam. Mais l’ex-Indochine a préféré célébrer l’événement à sa façon. Le pays a commémoré vendredi sa victoire à Dien Bien Phu en rendant hommage à Vo Nguyen Giap. Le stratège légendaire artisan de la défaite française est âgé de 92 ans. Quelques milliers de figurants ont ressuscité dans le stade de Dien Bien Phu les grandes scènes de la bataille qui a ouvert la voie à l'indépendance du pays. Plus de 20.000 personnes, selon les estimations officielles, ont assisté au spectacle.

L'anniversaire a permis depuis trois mois aux autorités de rappeler l'importance du sacrifice, de la mobilisation des masses et de l'unité du Parti communiste (PCV) au pouvoir. Seuls les "frères" communistes du Laos et de la Chine étaient invités à la fête, à laquelle participaient notamment le Secrétaire général du PCV et numéro un du régime, Nong Duc Manh, le ministre de la défense Pham Van Tra et le vice-Premier ministre Pham Gia Khiem. La propagande du régime communiste, dont une partie de la légitimité repose toujours sur ses victoires militaires et sur la libération du pays des "oppresseurs" français puis américains, rappelle ici et là que "le grand président Ho Chi Minh vit toujours pour (la) cause nationale".

"On aurait pû éviter un bain de sang"

Cinquante ans après la terrible défaite de l'armée française, un collaborateur de Pierre Mendès-France, Marcel Delport, affirme que ce "bain de sang aurait pu être évité". Explication: la débâcle de l'armée française était attendue et prévue par l'homme politique français. Mais "PMF" ne pourra pas négocier. Un an avant la catastrophe -le 3 juin 1953- il rate son investiture. Il faudra attendre la chute de Dien Bien Phu, pour que finalement Mendès-France, favorable, à la paix soit nommé à la tête du gouvernement. Le 20 juillet 1954, à Genève, le chef du gouvernement réussira a faire signer le cessez le feu.

RTL Info - 7 Mai 2004.