Nguyen Dan Que, un dissident en prison
Nguyen Dan Que a été arrêté pour avoir lancé un appel à la liberté de l'information
Chef de file du mouvement démocratique au Vietnam, Nguyen Dan Que, 61 ans, a été arrêté le 17 mars devant son domicile, à Ho Chi Minh-Ville.
Incarcéré à plusieurs reprises sans jugement, ce médecin qui fut le cofondateur de l'hôpital Chao Ray, dans la capitale du Sud, a déjà passé près
de vingt ans sous les verrous. Tandis que la police saisissait chez lui ordinateur, téléphone portable et documents, il était interrogé, quatre
heures durant, dans les locaux de la Sécurité publique (Cong An), avant d'être conduit à la prison municipale du district n° 1. Sa famille n'est pas
autorisée à lui fournir des médicaments - il est de santé précaire, séquelle de ses années de détention - ni à lui rendre visite. L'ambassade des
Etats-Unis, pays où réside son frère, s'est heurtée au même refus.
Les autorités communistes affirment que Nguyen Dan Que, appréhendé en «flagrant délit de violation de la loi» - prétendument alors qu'il
s'apprêtait à se rendre dans un cybercafé pour y envoyer des informations à l'étranger - sera traduit devant les tribunaux. Et ce, précisait le 21
mars l'Agence vietnamienne de presse, selon l'article 80 du Code pénal - qui prévoit la peine de mort ou la détention à perpétuité pour
espionnage et atteinte à la sécurité nationale. A dessein mal définies, ces notions, «fourre-tout», donnent lieu à une législation condamnée en
juillet 2002 par le Comité des droits de l'homme des Nations unies. Parce qu'elle est «incompatible avec le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques, ratifié par Hanoi en 1982».
De plus en plus de dissidents et de religieux réclament aujourd'hui une démocratisation du régime. Pour sauver les apparences, on se contente
parfois de les placer en résidence surveillée, terme qui recouvre une réalité carcérale. Depuis juin 2001, le vénérable Thich Quang Do, secrétaire
général de l'Eglise bouddhique unifiée, est confiné chez lui par la police, qui se charge elle-même de lui livrer ses repas. L'arrestation du Dr Que
témoigne d'une répression accrue. Son seul «crime» est d'avoir lancé, le 13 mars, un appel à la liberté de l'information - qui n'existe pas au
Vietnam, où, contrairement à de récentes proclamations officielles, les médias restent sous contrôle strict du pouvoir totalitaire.
Par Sylvaine Pasquier - L'express - 3 Avril 2003
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