La crevette, enjeu d’une nouvelle guerre commerciale entre le Vietnam et les Etats-Unis
La semaine dernière à New York la crevette a ripé des canapés pour se glisser dans le menu des discussions de l’Assemblée générale des Nations unies, et dans la bouche du vice-Premier ministre du Vietnam, elle n’a plus rien d’un amuse-gueule qui titille le palais des gourmets. C’est un plat de résistance aujourd’hui menacé : 3 millions et demi de ses concitoyens en vivent, en partie, grâce aux exportations vers les Etats-Unis, mais cette manne est en train de se tarir : le plus gros marché d’exportation de la crevette, a imposé cet été des droits d’entrée à ses principaux fournisseurs, la Chine, l’Inde, le Vietnam, le Brésil et l’Equateur.
Ce sont les pêcheurs du sud des Etats-Unis qui ont obtenu ces mesures protectionnistes arguant que les crevettes asiatiques ou sud-américaines étaient vendues en dessous du prix du marché. Cet automne les effets des taxes commencent à se faire sentir. Au Brésil par exemple les exportations vers les Etats-Unis ont diminué de 54% sur les huit premiers mois de l’année. En dépit des propos alarmistes de son vice-Premier ministre, le Vietnam s’en tire mieux, puisque les ventes non réalisées aux Etats-Unis devraient se reporter sur les marchés européens et japonais. Qu’à cela ne tienne la bataille juridique est lancée, une plainte des producteurs vietnamiens a été déposée auprès de l’administration américaine ; après enquête, le département de l’Agriculture rendra sa décision finale à la fin du mois de novembre.
Pendant ce temps en Inde, un autre grand pays exportateur de crevette, les pêcheurs du sud-est réfléchissent à leur diversification. Ils savent bien qu’il n’y pas que le protectionnisme américain qui pèse sur l’avenir de la crevette. Certes on en consomme de plus en plus, mais l’offre, notamment en provenance du Brésil a augmenté encore plus vite faisant lentement et sûrement fondre les prix.
Par Dominique Baillard - Radio France Internationale - 4 Octobre 2004.
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