La contrefaçon, soucis majeur des Vietnamiens à la veille du "Têt"
HANOI - "Chez nous vous ne
risquez pas d'acheter du faux cognac, je vais vous montrer la
différence", explique une jeune commerçante d'un grand marché de
Hanoï qui se propose d'éviter à son client une déconvenue qui
inquiète tous les consommateurs vietnamiens qui s'apprêtent à fêter le
nouvel an lunaire, le "Têt".
Les célébrations du "Têt" marquant l'arrivée de l'année du Cheval, selon le calendrier lunaire
vietnamien, débuteront la semaine prochaine et les autorités ont multiplié au cours des
dernières semaines les saisies des produits contrefaits qui inondent les marchés locaux. Les
fêtes du "Têt", les plus importantes au Vietnam, entraînent chaque année un "boom de la
consommation" dans l'ensemble du pays, mais des denrées alimentaires supposées de
"grandes marques", des cigarettes et des boissons alcoolisées ont été massivement importées
ces dernières semaines de la Thaïlande ou de Chine et mises en vente sur les marchés où les
contrôles restent rares.
"J'ai dépensé 50 dollars pour six bouteilles de vin de Bordeaux, mais ce n'était que de
l'alcool de fruit coloré, mes fêtes seront gâchées", se plaignait un quinquagénaire rencontré
dans un marché de la capitale. La contrefaçon touche tous les produits de consommation,
des motocyclettes, jusqu'au papier-toilette et, au cours des deux dernières semaines, des
milliers de cas ont été mis au jour par les autorités dans tous le pays et commentés par la
presse officielle. Plus de 3.800 affaires de ce type avaient été découvertes l'an dernier et
2.600 seulement l'année précédente.
Ces chiffres officiels restent cependant éloignés des estimations des responsables dans ce
pays de 78 millions d'habitants où de nombreux réseaux clandestins de contrefaçon bien
organisés continuent à se développer. A Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du sud,
400 cas de contrefaçon de marques de pâtisseries, d'eau minérale, de sauces, de produits
pharmaceutiques et cosmétiques ont été découverts en un mois.
D'importantes quantités de faux médicaments, notamment des antibiotiques et des vitamines
divers, fabriqués localement à partir des farines de pomme de terre, de manioc ou de maïs,
ont également été saisies dans le sud du Vietnam présentant, selon les autorités, une menace
directe pour la santé des malades. La police économique saïgonnaise a également procédé
la semaine dernière à la destruction de 130 fausses mobylettes portant la marque d'un
important fabriquant japonais dont la protection de propriété industrielle est pourtant
officiellement enregistrée au Vietnam.
Une vaste campagne anti-contrefaçon a permis par ailleurs aux autorités de saisir et détruire
des dizaines de milliers de cassettes, de disques compacts audio et video piratés dans
l'ex-Saïgon. Préoccupé par cette situation, le gouvernement vietnamien a organisé en janvier
une "Conférence sur la lutte contre la contrefaçon et les fraudes commerciales" dans la
province d'An Giang, limitrophe du Cambodge, d'où sont importés de nombreux produits
contrefaits.
Il a en outre demandé aux autorités locales de renforcer les contrôles des marchés locaux
qui restent inefficaces en raison du manque de moyens financiers et de l'absence de
coopération entre la police et les contrôleurs des marchés. Le code pénal prévoit des peines
allant jusqu'à 20 ans d'emprisonnement pour les auteurs de contrefaçons, mais "très peu de
gens ont été jusqu'à présent poursuivis en justice pour ce délit économique", a déploré le
responsable.
Agence France Presse, le 7 Février 2002.
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