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Nong Duc Manh donne la priorité à la lutte contre la corruption

HANOI - Le nouveau numéro un Vietnam Nong Duc Manh a fait de la lutte contre la corruption sa première priorité dès son élection à la tête du Vietnam dimanche, mais n'a pas évoqué le rythme qu'il entend donner à la poursuite des réformes économiques et à l'ouverture du Vietnam à l'économie de marché. Le président de l'Assemblée nationale, âgé de 60 ans et membre de la minorité ethnique Tay du nord du Vietnam, a été élu nouveau chef du Parti communiste vietnamien (PCV) avec 100% des voix du comité central lors du 9e congrès du Parti en remplacement de M. Le Kha Phieu, chef du clan conservateur du PCV. Le régime communiste vietnamien est engagé "dans une lutte à mort" contre la corruption dans les rangs du Parti, a affirmé M. Manh après la clôture du congrès du PCV.

"Nous discuterons des mesures destinées à combattre de manière âpre, très âpre la corruption, la bureaucratie et les fléaux sociaux et cette lutte sera poursuivie sans relâche", a dit M. Manh. Mais le nouveau dirigeant du Vietnam n'a pas donné de détails sur ses intentions concernant la poursuite des réformes économiques, le "doi moi", et de l'ouverture à l'économie de marché entamée il y a 15 ans. Sa nomination en remplacement de l'ultra-conservateur Le Kha Phieu est cependant considérée par les analystes comme un signe d'une poursuite de l'intégration du Vietnam dans l'économie globale, mais dont le rythme est pour l'instant difficile à prévoir. La lutte contre la corruption avait déjà été l'un des thèmes favoris de son prédécesseur, premier dirigeant du Vietnam communiste limogé avant la fin de son mandat après une âpre lutte pour sa succession au sein de la direction du pays.

Mais les campagnes contre la corruption lancées par Le Kha Phieu depuis 1999 n'ont jamais donné de véritables résultats: la plupart des membres du Parti sanctionnés ont été des responsables locaux et les plus hauts responsables ont dans l'ensemble été épargnés. Seuls 11 membres du comité central ont été réprimandés ou ont reçu un avertissement, tandis que près de 2.900 membres du parti ont été exclus au cours des deux dernières années sur un total de 2,5 millions d'adhérents au Parti. M. Phieu lui même a été accusé de clientèlisme après avoir nommé nombre de ses alliés originaires de sa province natale, Thanh Hoa, à des postes au sein de la haute administration et du gouvernement. "Il faut maintenant attendre de prendre la mesure de ce que M. Manh entend faire pour mettre fin à la corruption, et les changements au sein des dirigeants dans les prochains mois seront le baromètre de sa détermination", a estimé un diplomate occidental. L'absence de référence au rythme des réformes dans les premières déclarations de M. Manh justifie également la prudence des pronostics des analystes sur les changements d'orientation politique et économique à attendre de l'arrivée de M. Manh au pouvoir.

Un diplomate occidental faisait remarquer qu'il ne faut pas "attendre de trop grands changements dans les orientations du Vietnam, car M. Manh est un homme du sérail dont l'orthodoxie idéologique n'a jamais été mise en cause". Si sa nomination est considérée par les analystes comme un compromis entre les clans réformiste et conservateur qui s'équilibrent au sommet du Parti et de l'Etat, elle est surtout le fruit de la détermination des éminences grises du régime, les anciens dirigeants Do Muoi, Le Duc Anh et l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet, à se débarraser de Le Kha Phieu. "Les mentors du parti ont toujours fait preuve de machiavélisme et sont connus pour leur conservatisme. S'ils ont finalement accepté l'arrivée au pouvoir d'un modéré, ils ne manqueront pas de veiller à ce que M. Manh ne s'écarte pas des limites qu'ils fixent à l'ouverture du pays", notait un diplomate.

Agence France Presse, le 23 Avril 2001.