L'armée et la sécurité affaiblies par le 9ème congrès du PCV
HANOI - L'Armée et la sécurité principaux soutiens de Le Kha Phieu,
l'ancien secrétaire général du Parti communiste vietnamien (PCV) limogé, sortent
affaiblies du 9ème congrès du Parti qui s'est achevé dimanche à Hanoi par l'élection de
M. Nong Duc Manh à la tête du pays avec 100% des voix du Comité central du
PCV, estiment diplomates et analystes.
Le nouveau comité central élu par le congrès ne compte que 15 militaires, contre 17 dans le précédent, et un
seul militaire est membre du nouveau Bureau politique du Parti, contre 2 auparavant.
"L'armée et la sécurité ont pesé de tout leur poids dans la guerre de succession qui a opposé au cours des
derniers mois les clans conservateur et réformiste qui s'équilibrent à la tête du Vietnam communiste", a noté un
diplomate en poste à Hanoi.
"Les militaires ont soutenu jusqu'au bout le général Le Kha Phieu, secrétaire général sortant et chef des
conservateurs, limogé par le Comité central, et ils en payent le prix", a-t-il ajouté.
De nombreux hauts-dirigeants du pays ont accusé à plusieurs reprises Le Kha Phieu d'avoir utilisé les services
de renseignements de la Sécurité à son profit pour asseoir son emprise sur la direction du pays.
L'un des mentors du PCV, l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet a indiqué pendant le congrès que le Bureau
politique du PCV avait "été averti contre l'abus de l'utilisation des services de renseignements dans des buts
partisans".
M. Kiet a précisé que cet "avertissement" avait suivi un flot de plaintes publiques.
"Il a été rappelé aux membres du Bureau politique qu'ils ne doivent pas utiliser cet instrument dans un but
personnel, après des plaintes de la population", a dit M. Kiet.
M. Kiet n'a pas démenti que ces accusations concernaient l'ancien secrétaire général qui aurait fait établir des
"dossiers" par la sécurité pour tenter de conserver le pouvoir.
"Normalement, dans la tradition du Parti, le secrétaire général a le droit d'utiliser les services des organisations
du parti et de l'Etat pour suivre la situation intérieure et la politique étrangère", a noté M. Kiet.
Mais "il est inacceptable pour tout le monde, et je dis bien tout le monde, d'utiliser cet instrument à des fins
personnelles," a martelé M. Kiet qui reste l'un des hommes les plus puissants du pays.
De son côté, le ministre de la Défense Pham Van Tra, qui a reçu une "réprimande" du Comité central du parti
en mars dernier, a estimé pendant le congrès qu'il avait payé le prix d'une défaillance de la vigilance de l'armée
survenue pendant la visite au Vietnam de l'ancien président américain Bill Clinton en novembre dernier.
Un dissident américain d'origine vietnamienne, Ly Tong, avait réussi pendant cette visite à détourner un petit
avion depuis la Thailande et à larguer des tracs appelant au renversement du régime communiste au dessus de
Ho Chi Minh-Ville, la mégapole du sud du Vietnam la veille de l'arrivée de M. Clinton dans cette ville.
Sa réprimande a été motivée "uniquement par l'incident de l'avion", a affirmé le général Tra.
Pourtant, le responsable de l'idéologie du Parti, M. Huu Tho, avait indiqué après l'annonce de la réprimande du
général Tra, que celle-ci était due à "des fautes dans la direction" de l'armée.
Des responsables du Parti avaient alors affirmé que le ministre de la Défense, et le chef d'état-major Le Van
Dung, également réprimandé, étaient victimes d'une manoeuvre destinée à affaiblir l'armée au moment où le
combat faisait rage entre les factions du pouvoir et à porter un coup décisif à Le Kha Phieu.
Agence France Presse, le 22 Avril 2001.
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