Nong Duc Manh élu à la tête du Vietnam avec 100% des voix du Comité central
HANOI - M. Nong Duc Manh, président de l'Assemblée nationale a
été élu secrétaire général du Parti communiste vietnamien (PCV) lors du 9ème congrès
quinquennal du Parti marqué par le limogeage du conservateur Le Kha Phieu, premier
dirigeant dans l'histoire du pays à ne pas achever son mandat.
M. Nong Duc Manh, 60 ans, a obtenu 100 % des voix du Comité central du Parti a indiqué à la tribune du
congrès M. Nguyen Van An, membre du Bureau politique du PCV.
M. Manh est le premier numéro un vietnamien élu avec 100% des voix.
Le secrétaire général sortant Le Kha Phieu a embrassé M. Manh à la tribune du congrès dès l'annonce de sa
nomination à la tête du pays.
M. Manh a ensuite offert un bouquet de fleurs à son prédécesseur.
Les délégués du congrès ont voté pour désigner un nouveau Comité central du PCV et un nouveau Bureau
politique qui ont entériné le limogeage de Le Kha Phieu et son remplacement par Nong Duc Manh, résultat de
plusieurs mois d'âpres luttes au sein de la direction du Parti.
M. Manh, 60 ans, membre de l'ethnie Tai du nord du Vietnam, avait été choisi pour être le nouveau secrétaire
général du PCV lors du "pré-congrès" du Parti réuni peu avant le congrès.
Il succède au général Le Kha Phieu, chef du clan conservateur du PCV et premier chef du PCV limogé avant
la fin de son mandat quinquennal dont le départ avait été réclamé par le comité central du PCV et les
principaux mentors du Parti, Do Muoi, Le Duc Anh et l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet.
La nomination de M. Manh, un modéré, à la tête du Vietnam est considérée par les analystes comme un
compromis entre les clans réformiste et conservateur qui s'équilibrent au sommet du Parti et de l'Etat.
La préparation du 9ème congrès du PCV dont l'enjeu réel, plus que la ligne politique et les orientations
économiques du pays, a été la question du choix des dirigeants avait donné lieu au cours des derniers mois à
d'âpres luttes entre ces clans.
Le congrès du Parti a également procédé à l'élection d'un nouveau comité central de 150 membres, contre 170
auparavant.
13 militaires sont membres de ce comité central alors qu'ils étaient 17 dans le précédent, a précisé une source
au sein du Parti.
Le général Le Kha Phieu avait tenté au cours des dernières semaines de s'assurer le soutien de l'armée et des
services de sécurité pour empêcher son limogeage.
Les mentors du Parti, les anciens dirigeants Do Muoi, Le Duc Anh et l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet
qui avait contribué à l'accession au pouvoir de Le Kha Phieu en 1997, ont joué un rôle important dans sa mise
à l'écart.
Ils avaient rendu publique en octobre dernier une lettre accusant explicitement M. Phieu d'avoir démontré un
"manque de capacité dans la direction du Parti et de l'Etat".
M. Phieu avait également été qualifié par d'autres responsables de "pire chef du PCV" dans son histoire.
L'agitation des minorités au cours des derniers mois, pendant lesquels des milliers de membres des ethnies
minoritaires des Hauts-Plateaux du centre du Vietnam avaient manifesté pour réclamer la restitution de leurs
terres ancestrales avaient pesé sur toutes les réunions préparatoires du congrès, et ont contribué au limogeage
du secrétaire général et à son remplacement par un membre d'une ethnie minoritaire.
Le Vietnam est une mosaïque de 54 ethnies, dont la plus importante, les Kinh ou Viet, regroupe 87% des 78
millions d'habitants du pays.
Le congrès a également amendé les statuts du Parti en limitant à deux mandats l'exercice du secrétaire général
et en remplaçant le Comité permanent du Bureau politique par un Secrétariat.
Ces amendements ont été entérinés à l'unanimité lors d'un vote à main levée par les délégués du congrès lors
de la séance de clôture.
Le bureau permanent du Bureau politique, inspiré du modèle chinois, permettait à une poignée d'hommes-clés
du régime de centraliser les pouvoirs afin d'accroître l'efficacité de la prise de décision.
"Le rétablissement du Secrétariat du Bureau politique, est un signe que les dirigeants vietnamiens veulent
donner une plus grande autonomie à l'Etat par rapport au Parti", selon un diplomate.
Tous les dirigeants du PCV, l'un des derniers partis communistes au pouvoir au monde, les responsables du
gouvernement et près de 1.200 délégués, ont participé au congrès du Parti.
Agence France Presse, le 22 Avril 2001. Photo Reuters
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