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Le congrès du PCV laisse la jeunesse indifférente

HANOI - Les autorités et la presse vietnamienne accordent une large place au 9ème congrès quinquennal du parti communiste vietnamien (PCV) qui s'est ouvert jeudi à Hanoi, mais les luttes internes des dirigeants qui ont marqué la préparation de ces assises laissent indifférente la jeunesse du pays dont le principal souci est de trouver du travail. Dans un discours aux quelque 1.200 délégués représentant toutes les organisation du PCV au congrès, le président de la municipalité de Hanoi, M. Pham Loi, a affirmé que toute la capitale avait les yeux fixés sur la retransmission en direct du congrès diffusée par toutes les chaînes de télévision.

Mais au-delà de l'imposant cordon de forces de sécurité qui entoure la salle du congrès, la population vaquait à ses activités de manière habituelle. Un groupe d'étudiants faisait remarquer qu'il ne s'était pas intéressé aux luttes internes du Parti. "Peu importe qui sera le Secrétaire général du Parti, cela ne m'aidera pas à trouver du travail", indiquait une jeune étudiante. Elle précisait que son père, un diplomate à la retraite, lisait chaque jour les journaux du Parti, mais qu'elle préférait consacrer son temps libre à prendre des cours de français et d'anglais.

Une autre étudiante affirmait avoir écouté les radios étrangères qui faisaient état des remous à la tête du pouvoir. Mais elle ajoutait que les angoisses qui avaient semblé frapper l'élite politique avant le congrès l'avaient laissée indifférente. "Je n'ai pas mon mot à dire dans ce processus, alors pourquoi m'y intéresser", s'interrogeait-elle. "Il vaut mieux étudier plus où aller boire de la bière et regarder un match de football." Une serveuse d'un café insistait sur le fait que les personnes à s'intéresser à la politique sont celles qui disposent de contacts dans ce milieu. "Si vous cherchez un travail dans un ministère, il faut trouver des appuis. Sinon on finit, comme moi, par être serveuse", disait-elle. La crainte du chômage est constante dans la majorité de la population jeune du Vietnam où plus de la moitié des habitants n'ont connu ni la guerre de libération contre la colonisation française, ni la guerre contre les Etats-Unis dont les autorités communistes tirent une grande partie de leur légitimité.

Même les diplômés ne sont pas épargnés par cette crainte, dans un pays où 1,7 million de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. Ce désenchantement de la jeunesse, dans un pays où la politique a toujours tenu une place importante, relativise la publicité donnée par les autorités à leurs efforts pour consulter la population sur la préparation du congrès du Parti. Les projets de rapports politique et économique ont été publiés dans tous les journaux officiels et ont entraîné des millions de commentaires des membres du Parti et du public, avait indiqué avant le congrès le porte-parole officiel, M. Huu Tho.

Des équipes spéciales du Parti ont condensé ces réactions en un volume de 69 pages, avait-il précisé. Un étudiant signalait que son père, un ancien combattant qui conserve sa foi dans le Parti malgré le désenchantement de ses enfants, avait effectivement adressé une contribution au congrès. Dix ans après l'effondrement du bloc soviétique, le PCV conserve toujours un nombre respectable d'adhérents, 2,5 millions de membres pour une population de 78 millions d'habitants. Mais la répartition en tranches d'âge des délégués du congrès donne une idée plus précise des difficultés du Parti à attirer les jeunes. Seuls 21,9% des 1.168 délégués ont moins de 40 ans, et deux tiers des représentants du PCV ont rejoint le Parti pendant les dernières guerres. Seuls 440 délégués ont adhéré au Parti après 1975, date de la fin de la guerre du Vietnam.

Agence France Presse, le 20 Avril 2001.