~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]

Le Parti communiste vietnamien ouvre son 9ème congrès

HANOI - Le Parti communiste vietnamien (PCV) a entamé jeudi à Hanoi son 9ème congrès quinquennal après plusieurs mois d'âpres luttes au sein de sa direction qui vont déboucher sur le limogeage du numéro un vietnamien Le Kha Phieu et son remplacement par le président de l'Assemblée nationale Nong Duc Manh. Tous les dirigeants du PCV, l'un des derniers partis communistes au pouvoir au monde, les responsables du gouvernement et près de 1.200 délégués, sont réunis pour quatre jours dans la salle des congrès de Ba Dinh, au centre de la capitale vietnamienne, où le PCV entérinera les choix politiques et économiques du pays pour les cinq ans à venir.

Le secrétaire général du PCV Le Kha Phieu a présenté jeudi matin aux délégués, sous un buste géant de Ho Chi Minh, fondateur du Vietnam communiste, et sous les portraits de Marx et de Lénine, le rapport politique du congrès qui dresse un état des lieux des succès et échecs du Parti depuis le dernier congrès tenu en 1996. Le rapport lu par M. Phieu reconnait ouvertement que le Parti a connu, pendant son mandat, des "faiblesses et erreurs", notamment "un clivage entre riches et pauvres qui se creuse rapidement entre la ville et la campagne", et une "corruption persistante dans l'appareil du sytème politique" qui "constitue une menace pour la survie de notre régime". La Parti doit également faire plus pour "lutter contre la discrimination ethnique et la division", a noté M. Phieu dans une référence explicite aux tensions ethniques qui ont agité le pays au cours des derniers mois et ont joué un rôle important dans son limogeage.

M. Phieu, qualifié par des responsables de "pire chef du PCV" dans son histoire, cèdera sa place à l'issue du congrès à Nong Duc Manh, qui deviendra le premier membre d'une ethnie minoritaire du Vietnam à accéder au poste de numéro un vietnamien. M. Manh, 61 ans, membre de l'ethnie Tai du nord du Vietnam, a été choisi pour être le nouveau secrétaire général du PCV lors du "pré-congrès" du Parti réuni peu avant le congrès. L'enjeu réel de ce congrès depuis des mois a été, plus que la ligne politique et les orientations économiques du pays, la question du choix des dirigeants. Elle a été débattue pendant plus d'un an au sein du PCV et a donné lieu à des affrontements sans précédent entre les clans conservateur et réformiste qui s'équilibrent au sommet du Parti et de l'Etat.

La nomination de M. Manh, un modéré, à la tête du Vietnam doit être annoncée pendant le congrès et est considérée par les analystes comme un compromis entre ces différents clans. Le limogeage du chef conservateur Le Kha Phieu avait été réclamé par le comité central du PCV car son action à la tête du pays était considérée comme trop terne. Les principaux mentors du Parti, Do Muoi, Le Duc Anh et l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet avaient rendu publique une lettre en octobre dernier accusant explicitement Le Kha Phieu d'avoir démontré un "manque de capacité dans la direction du Parti et de l'Etat".

La publication de cette lettre au sein du Parti était une première au Vietnam où les luttes au sein du pouvoir sont habituellement menées dans la plus grande discrétion. "Jamais un dirigeant n'avait été critiqué nommément et publiquement de cette manière", a remarqué un analyste. M. Phieu, premier chef du PCV limogé avant la fin de son mandat quinquennal, a tenté de regrouper ses partisans et de mettre en échec les décisions du comité central du PCV à l'occasion du "pré-congrès". Il a notamment tenté de s'assurer le soutien des clans conservateurs, des services de sécurité et de l'armée pour conserver son poste en faisant valoir qu'il représentait un gage de stabilité pour le Vietnam, agité par des troubles au cours des derniers mois.

En février, des milliers de membres des ethnies minoritaires avaient manifesté dans les Hauts-plateaux pour réclamer la restitution de leurs terres ancestrales qu'ils estiment avoir été confisquées par des membres de l'ethnie vietnamienne majoritaire dans le pays (kinh, ou viet) et l'armée avait été envoyée sur place pour rétablir l'ordre. Ces manifestations ont pesé sur toutes les réunions préparatoires du congrès, et ont contribué au limogeage de Le Kha Phieu qui n'a su ni prévoir, ni régler rapidement les conséquences de cette agitation survenue alors que le PCV préparait déjà son congrès.

Agence France Presse, le 19 Avril 2001.


Changement en vue à la tête du Parti communiste

HANOI - Les quelque 1.200 membres du Parti communiste vietnamien réunis à partir de ce jeudi en session extraordinaire à Hanoi doivent entériner le remplacement de l'actuel numéro un du parti, Le Kha Phieu, par le président de l'Assemblée nationale Nong Duc Nanh. Prié de dire s'il pensait conserver sa place, Phieu, un conservateur proche de la ligne suivie par Pékin aujourd'hui âgé de 70 ans, a répondu : "Cela dépend, mais je pense que j'ai atteint l'âge (limite) et si les conditions sont bonnes, alors les conditions devraient être créées pour une personne plus jeune", a-t-il déclaré.

De neuf ans son cadet, Nong Duc Nanh devrait lui succéder. Membre de la minorité ethnique Tay et présenté par la rumeur comme l'un des fils du héros révolutionnaire Ho Chi Minh, son nom a déjà été avancé lors du congrès interne du PC organisé en début de semaine. Considéré comme plus favorable que Phieu aux réformes économiques, Manh deviendrait le premier représentant d'une minorité à accéder à la tête du parti. Un haut responsable du gouvernement vietnamien a confirmé ce changement annoncé à la tête du Parti. "Je peux confirmer les informations de Reuters", a déclaré ce représentant, qui a choisi de rester anonyme. "Ma première impression c'est que (le changement de direction) est une bonne chose pour le Vietnam, économiquement et politiquement", a-t-il poursuivi. "Les principales lignes politiques resteront les mêmes, une économie ouverte sur l'extérieur et une politique étrangère identique."

"Nouvelle ère"

Jeudi matin, des délégués du Congrès emmenés par Phieu ont déposé des gerbes devant l'imposant mausolée dédié à Ho Chi Minh, situé en face du Ba Dinh, où la session du Congrès s'est ouverte à 02h00 GMT. Les 1.168 délégués ont entonné l'hymne national vietnamien et l'Internationale avant d'entamer leurs travaux devant un buste d'Ho Chi Minh et des portraits de Marx et de Lénine. Des représentants de 34 délégations étrangères participent aux débats, qui doivent se poursuivre jusqu'à dimanche.

Dans sa déclaration liminaire, le président Tran Duc Luong a déclaré que ce congrès marquait le début d'une "nouvelle ère de la révolution vietnamienne", et qu'il avait pour objectif d'oeuvrer pour la prospérité du peuple et la solidité du pays "sur le chemin du socialisme." De source proche du parti, on a indiqué que le Comité avait désigné les 15 membres du Bureau politique. Sur les 18 membres de l'ancien Bureau, 11 ont été conservés et quatre nouveaux noms ont été proposés. Le congrès du PC doit entériner ces nominations et approuver un rapport politique ainsi qu'un programme socio- économique sur dix ans. Approuvé par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ce plan doit permettre d'atteindre d'ambitieux objectifs de croissance, qui dépendront du succès des réformes économiques mises en place.

De l'avis de certains diplomates, Manh sera mieux à même que Phieu de faire évoluer les lourds systèmes juridique et bureaucratique du pays. Cette nomination sera selon eux un signe positif envoyé à l'extérieur, susceptible de favoriser les investissements étrangers au Vietnam.

Agence France Presse, le 19 Avril 2001.