Célébration de la victoire de 1975 sur fond de grogne contre les
Etats-Unis
HO CHI MINH-VILLE - Le Vietnam a lancé samedi les commémorations de sa victoire sur les
Etats-Unis avec un appel à une contribution de Washington en vue de surmonter les conséquences de la guerre.
Mais, les cérémonies marquant le 25ème anniversaire de la fin du conflit se déroulent dans un climat de grogne contre les
Etats-Unis.
Au cours d'un meeting à Hanoi à la veille de l'anniversaire de la prise de Saigon, le 30 avril 1975, le Premier Ministre Phan Van
Khai a souligné que "les Etats et les pays ayant participé à la guerre d'agression américaine au Vietnam ont la responsabilité de
contribuer au règlement des conséquences de la guerre".
"Le Vietnam se félicite que certains gouvernements de ces pays aient conscience de cette responsabilité, notamment par le biais
d'une coopération efficace avec le Vietnam", a ajouté M. Khai.
Il s'est abstenu de citer, à cette occasion, les Etats-Unis, une omission qui suggère clairement une certaine grogne de la part de
Hanoi à l'égard de Washington.
L'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Thaïlande, la Corée du Sud et les Philippines ont pris part à la guerre du Vietnam, aux
côtés des forces américaines qui soutenaient le régime de Saigon.
A Saigon, devenue depuis Ho Chi Minh-Ville, la commémoration se déroule dimanche, le jour même de la capture de la ville
par les forces communistes de Hanoi.
Les Etats-Unis et le Vietnam ont noué des relations diplomatiques en 1995, mais cinq ans plus tard, une normalisation complète
reste encore à parachever en l'absence d'un accord commercial entre les anciens adversaires.
Dans les derniers jours, le Vietnam avait déjà évoqué son souhait de voir les Etats-Unis lui fournir une aide substantielle pour
faire face aux suites de la guerre, par exemple aux méfaits provoqués par les défoliants déversés par l'aviation américaine.
Le ministre des Affaires étrangères Nguyen Dy Nien, recevant le Sénateur John McCain, avait exhorté ce dernier, un ancien
officier prisonnier de guerre au Vietnam, à user de son influence pour débloquer une telle aide.
Mais, les déclarations faites ensuite par le sénateur, candidat malheureux à l'investiture républicaine à l'élection présidentielle de
cette année, ne sont pas faites pour détendre l'atmosphère entre Washington et Hanoi.
M. McCain a suscité une forte protestation vietnamienne après avoir évoqué les mauvais traitements subis en détention par les
prisonniers de guerre américains.
Le sénateur, qui a quitté le Vietnam vendredi, a ensuite déclaré publiquement que c'était "le mauvais côté" qui avait gagné la
guerre, reprochant aux dirigeants de Hanoi d'avoir été responsables de la fuite massive de "boat people", d'exécutions
sommaires, et de l'envoi en camps de "rééducation" des anciens fonctionnaire et officiers sud-vietnamiens.
Ces propos n'avaient pas encore donné lieu samedi à une réaction officielle, mais il est clair qu'ils ont été accueillis avec
irritation.
L'an dernier, les relations américano-vietnamiennes ont semblé décoller pour de bon avec la signature par Hanoi d'un accord
commercial, mais cet accord n'a toujours pas été ratifié par le parlement vietnamien.
Dans les dernières semaines, une source supplémentaire de friction s'est fait jour à la suite d'une résolution de la commission
des affaires étrangères de la Chambre des Représentants déplorant les violations par Hanoi en matière des droits de l'homme.
Cette résolution a entraîné une protestation vietnamienne.
A Ho Chi Minh-Ville, des drapeaux révolutionnaires ont été hissés dans les rues pour saluer la "libération" du Sud-Vietnam et
sa réunification avec le nord communiste victorieux.
La façade de l'ancien palais présidentiel, théâtre de la reddition du 30 avril 1975, est ornée d'un gigantesque portrait de Ho Chi
Minh, le leader communiste décédé en 1969.
Pour des raisons de sécurité, peu d'indications, cependant, ont été fournies par les autorités sur le déroulement des cérémonies.
Celles-ci auront lieu dans l'enceinte du palais, et les responsables officiels, observant que tout risque de complot par des
adversaires du régime ne pouvait être complètement écarté, se sont refusés à identifier les dirigeants qui seront présents.
AFP, le 29 Avril 2000.
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