Le Comité Vietnam accuse Hanoï de bâillonner toute expression libre
Le comité Vietnam pour la défense des droits de l'homme, organisation non
gouvernementale en exil, vient de protester contre l'accueil fait par le gouvernement
français à Lê Kha Phieu, secrétaire général du Parti communiste vietnamien, qui vient
d'achever une visite officielle de quatre jours en France. C'était la première visite dans
un pays occidental d'un numéro un vietnamien. Le président du Comité Vietnam,
Vo Van Ai, regrette ainsi que Paris ait reçu le chef d'un parti politique « qui s'est octroyé
le monopole du pouvoir et maintient au Vietnam une véritable dictature ».
Le président du comité a également profité de cette visite pour publier un Livre blanc sur
le Vietnam, qui a été remis au président de la République, au premier ministre et aux
présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat. Dans cet opuscule, Vo Van Ai estime
qu'il y aurait encore « plusieurs milliers » de prisonniers politiques au Vietnam, même si
« le nombre de détenus reste inconnu ». « Il y a au moins 150 établissements
pénitentiaires (camps de rééducation et prisons) divisés en nombre de sous-camps. Un
récent décret passé en 1998 prévoit la construction de 650 nouvelles prisons ». « La
rééducation est un instrument d'anéantissement de la dissidence », accuse-t-il.
Le Livre blanc remarque cependant que le pouvoir vietnamien « recourt de moins en
moins aux arrestations massives, aux procès à grand spectacle ou aux incriminations
trop perceptiblement politiques. A la place, les autorités utilisent des législations plus
neutres mais plus pernicieuses pour bâillonner toute expression libre et réprimer toute
dissidence ou même toute différence, pour contrôler plus étroitement et plus
discrètement la population ».
Lê Kha Phieu s'est entretenu, mercredi, avec Lionel Jospin, un entretien au cours
duquel le secrétaire général du Parti communiste vietnamien s'était efforcé de vanter les
mérites d'un pays « qui s'ouvre et se modernise », a-t-on indiqué de source proche du
premier ministre.
Le Monde, le 26 mai 2000.
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