Des promesses vietnamiennes pour le marché du poivre
La nouvelle vient de Cochin en Inde où, événement de première importance, tout ce qui compte sur le marché mondial du poivre est réuni en ce moment. Les représentants vietnamiens viennent d’y annoncer qu’ils allaient stabiliser leur production après plusieurs années de croissance ininterrompue. En dix ans, les Vietnamiens ont littéralement pris le marché du poivre d’assaut, comme ils l’ont fait pour le café. Au début des années 90, ils produisaient 6000 tonnes de poivre. Cette année, les experts tablent sur une récolte qui pourrait être jusqu’à quinze fois supérieure, 90 000 tonnes dont près de 80 000 exportées.
Le pays est devenu le principal fournisseur du marché mondial devant l’Inde dont une partie croissante de la production est absorbée par la demande intérieure. La progression vietnamienne a eu comme conséquence de saturer le marché mondial. C’est ce qui explique la stagnation puis la chute des cours depuis trois ans. Stabiliser la production, cela veut donc dire maintenir les surfaces consacrées au poivre à leur niveau actuel. Ce qui pourrait à terme réduire les disponibilités et faire remonter les cours. Reste que les déclarations vietnamiennes sur ce genre de questions ne sont pas toujours à prendre au pied de la lettre. Lorsque les prix du café se sont effondrés il y a quatre ans, les Vietnamiens dont le rôle dans cette déconfiture n’est pas mineur, ont fini par admettre qu’ils devaient réduire les volumes exportés, qu’ils allaient arracher des plants de café.
Dans les faits, il a fallu attendre deux ans pour que la production régresse un peu. Pas facile en effet de convaincre les paysans de renoncer à leur gagne-pain. A l’autre bout du monde, un exportateur brésilien se dit très méfiant face à ce genre d’annonce «c’est du marketing» dit-il. «Ils veulent faire remonter les cours, mais chez eux rien ne bougera».
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale - 8 Septembre 2003.
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