Clinton va ouvrir un nouveau chapitre avec le Vietnam
WASHINGTON - Un quart de siècle après la chute
de Saïgon et une guerre ayant coûté la vie à 58.000
Américains, Bill Clinton va ouvrir un nouveau chapitre dans les
relations avec le Vietnam en devenant mi-novembre le premier
président américain à se rendre en visite officielle à Hanoï
depuis la fin du conflit.
Ce voyage, annoncé jeudi la Maison Blanche, se déroulera
après le sommet des pays du forum économique
Asie-Pacifique les 15 et 16 novembre à Bruneï et consacrera la
volonté de Bill Clinton de tourner la page sur l'une des périodes
les plus douloureuses de l'histoire contemporaine américaine.
La guerre du Vietnam, le premier conflit que les Etats-Unis
aient perdu, avait entraîné des changements fondamentaux dans
la mentalité américaine, amenant la plus puissante nation du
monde à douter d'elle-même et de ses dirigeants.
Ce n'est qu'au cours de ces dernières années que les profondes
blessures laissées par le conflit ont commencé à se refermer,
bien que la hantise du "bourbier" vietnamien et de missions sans
fin revienne encore constamment dans la classe politique
américaine, lorsqu'elle évoque les opérations en Bosnie et au
Kosovo.
Le rapprochement américano-vietnamien ne s'est effectué que
très lentement depuis l'ouverture des relations diplomatiques
entre les deux pays en 1995, après la levée de l'embargo
commercial américain l'année précédente.
Il a été étroitement lié au problème des militaires américains
portés disparus au Vietnam, qui sont toujours au nombre de
1.514 selon les statistiques du départment de la Défense.
Il a fallu quatre ans à Washington et Hanoï pour parvenir en
juillet dernier à la signature d'un accord normalisant les relations
commerciales. Il devrait faciliter le retour des investissements
américains au Vietnam et ouvrir la voie à l'adhésion du Vietnam
à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Mais il devra être soumis à la ratification du Congrès, qui dans
l'ensemble lui a reservé au début de l'été un accueil plutôt
favorable tant dans les rangs républicains que démocrates.
Ancien prisonnier de guerre au Vietnam, mais chaud partisan
de la normalisation entre les deux pays, le sénateur John
McCain, candidat malheureux à l'investiture républicaine pour
la présidentielle, a indiqué qu'il soutiendrait cette ratification.
Max Cleland, un sénateur démocrate mutilé lors du conflit, qui
se déplace aujourd'hui en fauteuil roulant, a lui aussi affirmé qu'il
voterait pour cette ouverture commerciale avec l'ennemi d'hier.
La visite présidentielle à Hanoï, qui restera malgré tout délicate,
a été soigneusement planifiée de manière à faire le moins de
vagues possibles dans la campagne électorale présidentielle
américaine. Elle se déroulera dix jours après le scrutin du 7
novembre prochain.
Pour Bill Clinton, le Vietnam avait constitué le premier obstacle
sérieux de sa première campagne présidentielle en 1992 à la
suite de révélations sur ses manoeuvres pour éviter sa
conscription et de devoir aller combattre au Vietnam.
Dans un bref communiqué annonçant le voyage, la Maison
Blanche a affirmé que M. Clinton évoquerait à Hanoï une série
de sujets que les Etats-Unis espèrent "faire avancer avec le
peuple et le gouvernement vietnamiens à la suite de la
normalisation des relations entre les deux pays".
A plusieurs reprises ces derniers mois le président Clinton avait
évoqué publiquement le souhait de se rendre au Vietnam avant
de quitter la Maison Blanche en janvier prochain. Il s'en était
d'ailleurs brièvement entretenu la semaine dernière avec son
homologue vietnamien Tran Duc Luong lors du Sommet du
millenaire de l'ONU à New York, qui rassemblait les deux tiers
des dirigeants de la planète.
Agence France Presse, le 14 Septembre 2000.
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