~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]

Clinton va ouvrir un nouveau chapitre avec le Vietnam

WASHINGTON - Un quart de siècle après la chute de Saïgon et une guerre ayant coûté la vie à 58.000 Américains, Bill Clinton va ouvrir un nouveau chapitre dans les relations avec le Vietnam en devenant mi-novembre le premier président américain à se rendre en visite officielle à Hanoï depuis la fin du conflit. Ce voyage, annoncé jeudi la Maison Blanche, se déroulera après le sommet des pays du forum économique Asie-Pacifique les 15 et 16 novembre à Bruneï et consacrera la volonté de Bill Clinton de tourner la page sur l'une des périodes les plus douloureuses de l'histoire contemporaine américaine.

La guerre du Vietnam, le premier conflit que les Etats-Unis aient perdu, avait entraîné des changements fondamentaux dans la mentalité américaine, amenant la plus puissante nation du monde à douter d'elle-même et de ses dirigeants. Ce n'est qu'au cours de ces dernières années que les profondes blessures laissées par le conflit ont commencé à se refermer, bien que la hantise du "bourbier" vietnamien et de missions sans fin revienne encore constamment dans la classe politique américaine, lorsqu'elle évoque les opérations en Bosnie et au Kosovo.

Le rapprochement américano-vietnamien ne s'est effectué que très lentement depuis l'ouverture des relations diplomatiques entre les deux pays en 1995, après la levée de l'embargo commercial américain l'année précédente. Il a été étroitement lié au problème des militaires américains portés disparus au Vietnam, qui sont toujours au nombre de 1.514 selon les statistiques du départment de la Défense. Il a fallu quatre ans à Washington et Hanoï pour parvenir en juillet dernier à la signature d'un accord normalisant les relations commerciales. Il devrait faciliter le retour des investissements américains au Vietnam et ouvrir la voie à l'adhésion du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais il devra être soumis à la ratification du Congrès, qui dans l'ensemble lui a reservé au début de l'été un accueil plutôt favorable tant dans les rangs républicains que démocrates.

Ancien prisonnier de guerre au Vietnam, mais chaud partisan de la normalisation entre les deux pays, le sénateur John McCain, candidat malheureux à l'investiture républicaine pour la présidentielle, a indiqué qu'il soutiendrait cette ratification. Max Cleland, un sénateur démocrate mutilé lors du conflit, qui se déplace aujourd'hui en fauteuil roulant, a lui aussi affirmé qu'il voterait pour cette ouverture commerciale avec l'ennemi d'hier. La visite présidentielle à Hanoï, qui restera malgré tout délicate, a été soigneusement planifiée de manière à faire le moins de vagues possibles dans la campagne électorale présidentielle américaine. Elle se déroulera dix jours après le scrutin du 7 novembre prochain.

Pour Bill Clinton, le Vietnam avait constitué le premier obstacle sérieux de sa première campagne présidentielle en 1992 à la suite de révélations sur ses manoeuvres pour éviter sa conscription et de devoir aller combattre au Vietnam. Dans un bref communiqué annonçant le voyage, la Maison Blanche a affirmé que M. Clinton évoquerait à Hanoï une série de sujets que les Etats-Unis espèrent "faire avancer avec le peuple et le gouvernement vietnamiens à la suite de la normalisation des relations entre les deux pays".

A plusieurs reprises ces derniers mois le président Clinton avait évoqué publiquement le souhait de se rendre au Vietnam avant de quitter la Maison Blanche en janvier prochain. Il s'en était d'ailleurs brièvement entretenu la semaine dernière avec son homologue vietnamien Tran Duc Luong lors du Sommet du millenaire de l'ONU à New York, qui rassemblait les deux tiers des dirigeants de la planète.

Agence France Presse, le 14 Septembre 2000.