La Danse de la cigogne
Cette « cigogne » survole la guerre du Vietnam, à la fin des années 60, le long de la célèbre et meurtrière piste Hô Chi Minh, qui
descendait de Hanoi à Saigon, du Nord communiste au Sud sous contrôle américain. Pour la première fois, des Vietnamiens se
réapproprient ce territoire mille fois sillonné par le cinéma hollywoodien.
C'est l'intérêt majeur du film, son originalité, en ces temps de nouvelle offensive américaine : voir l'envers du conflit, dans les rangs
des Viêt-congs, éprouver leurs terreurs, leurs doutes et leurs blessures. Mais avec ses deux réalisateurs, ses quatre scénaristes,
cette fresque ambitieuse et humaniste paraît curieusement hybride. Une partie documentaire et contemporaine recueille les
souvenirs, cruels ou émouvants, de trois vétérans (le cinéaste Tran Van Thuy, ancien cameraman de l'armée du Nord ; le masseur
Duong Quang Vuong, ex-agent secret Viêt-cong ; et, pour l'autre camp, l'écrivain Wayne Karlin, également coscénariste). Pour les
illustrer, on plonge d'un flash-back à l'autre, dans le sillage d'une poignée de combattants : May le rigolo, Van le poète, Manh le
novice et Lam l'espion impénétrable. Peints au pastel romanesque, sans une ombre de critique sur le système qui allait s'installer
au pouvoir, ces portraits sentimentaux flirtent avec l'archétype, l'image d'Epinal. On a, au final, la décevante impression de feuilleter
un livre auquel il manquerait des chapitres.
Par Cécile Mury - Télérama - 5 avril 2003
Vietnamien-singapourien (1h51). Réalisation : Jonathan Foo et Nguyen Phan Quang Binh. Scénario : Nguyen Quang Sang, Thu
Bon, Nguyen Duy Tom, Wayne Karlin. Image : Mohd Jeffri Bin Yusof. Avec : Tran Van Thuy, Wayne Karlin, Duong Quang Vuong,
dans leurs propres rôles et Quang Hai (Van), Pham Chi Bao (Lam), Ta Ngoc Bao (Manh), Nguyen Ngoc Hiep (Thuy Lan), Trinh Mai
Nguyen (May). Prod. : International BV Pictures, Viva Films, Mega Media. Distr. : LVP.
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