Jacques Chirac en visite officielle au Viêt Nam
En prélude au sommet de la Francophonie qui s'ouvre vendredi à Hanoï, le président Jacques Chirac effectue mercredi et jeudi une visite d'Etat en République socialiste du Viêtnam.
Ce voyage, le deuxième d'un chef de l'Etat français en six ans, a une double dimension,
politique et économique, a déclaré le porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna.
Il s'agit d'abord de "manifester la solidarité de la France et de densifier la relation de
partenariat avec le Vietnam", a-t-elle souligné. Ancien colonisateur, "la France a tourné une
page pour en écrire une autre", a-t-elle ajouté.
François Mitterrand avait "scellé la réconcilation" franco- vietnamienne. "Il faut aujourd'hui
aller plus loin", a dit Catherine Colonna, en relevant que le Viêtnam s'était transformé et avait
trouvé sa place au sein des instances internationales comme le FMI, la Banque mondiale ou
encore l'Asean (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est).
Les relations bilatérales sont fréquentes et régulières et la France a joué un rôle déterminant
pour aider le Viêtnam à normaliser ses relations avec la communauté internationale. Le
président Jacques Chirac "dira que la France apporte son soutien à l'ouverture et à la
modernisation", a déclaré son porte-parole.
Le président français devrait évoquer les droits de l'homme, notamment lors de son entretien
avec le président Tran Duc Luong. "Il est fréquent qu'à l'occasion de ce type de visite, une liste soit remise", a précisé Catherine Colonna. Jacques Chirac rencontrera également, mercredi, le Premier ministre vietnamien Phan Van Khai et le secrétaire général du Parti communiste, DoMuoi.
Alors que le sommet de la Francophonie se tient à Hanoï, seuls 1% des Vietnamiens parlent
aujourd'hui français, mais Paris apprécie les efforts d'Hanoï pour promouvoir l'apprentissage
de cette langue. Plusieurs accords de coopération universitaires seront d'ailleurs signés.
La France a été l'"un des premiers pays à accueillir et à soutenir les changements" réalisés
depuis le sixème congrès du Parti communiste vietnammien en 1986 et l'adoption de la
politique du "Dôi Moi", le renouveau, qui a marqué la transition vers l'économie de marché.
"Les efforts ont porté leurs fruits", note le porte-parole français, puisque c'est au Viêtnam que
la France occupe la place la plus forte en Asie. Elle y est de fait le premier exportateur et
investisseur européen, loin toutefois derrière les pays de la région.
C'est aussi le sens des déclarations faites par Jacques Chirac à l'hebdomadaire
gouvernemental vietnamien Vietnam Investment Review, dans les colonnes duquel il rappelle
que la France a soutenu le Viêtnam dès la première phase de son redémarrage économique.
Il ajoute que la France continuera à soutenir les efforts entrepris par le gouvernement de Hanoï
et sa population pour poursuivre et approfondir la politique du "dôi moi".
Les investissements cumulés se montent à 5 milliards de francs cumulés, soit 6% du total des
investissements étrangers. Par ailleurs la France a conquis une position qualifiée "d'importante" par l'Elysée avec 5% des parts de marché en 1997.
Plus de 200 entreprises françaises sont aujourd'hui implantées au Viêtnam et le chef de l'Etat
emmène un certain nombre de décideurs économiques. Il aura d'autre part une séance de
travail à huis clos avec des chefs d'entreprise vietnamiens et français, vendredi à Ho Chi
Minh-Ville.
Un nouveau protocole sera signé au cours de la visite pour un montant équivalent à celui de
l'an passé, qui était d'environ 350 millions de francs. Par ailleurs le ministère des Affaires
étrangères accordera des crédits pour un montant de 70 millions de francs.
Plusieurs contrats devraient également être conclus dans le domaine de l'eau, la cimenterie, les
télécommunications et les transports, comme l'avait annoncé le secrétaire d'Etat chargé de la
Coopération, Charles Josselin, le 27 octobre dernier.
Reuter, le 11 novembre 1997.
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