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Le Vietnam dans l'antichambre de l'OMC

HANOI - Les traits tirés par quarante-huit heures de négociations «non stop», le commissaire européen au commerce, Pascal Lamy, et son homologue vietnamien, Truong Dinh Tuyen, ont annoncé ce week-end la signature d'un accord bilatéral entre Bruxelles et Hanoï ouvrant au Vietnam la porte de l'accession à l'OMC, celle-ci devant être définitive d'ici un an à dix-huit mois. «L'UE constituant notre premier partenaire clé, il s'agit d'un pas important vers l'accession», a déclaré Truong Dinh Tuyen. 17% du commerce vietnamien s'effectuent avec les Vingt-Cinq, contre 14% pour les Etats-Unis et 13% pour le Japon. Une étape conquise de très haute lutte par Hanoï, a reconnu Pascal Lamy. «Nous avons voulu faciliter l'accès de notre économie au marché vietnamien – qui est prometteur – et en même temps permettre au pays d'ouvrir son économie de manière graduelle», a résumé le commissaire. Une contrainte commune à tous les pays en développement. Pour parvenir à ce compromis, «ce fut costaud», raconte une source proche des négociations.

Une fois le pays intégré dans le club de Genève, il devra appliquer des tarifs douaniers préférentiels, équivalent à 16% pour les produits industriels, 22% pour les produits de la pêche et 24% pour l'agriculture. Ce niveau de taxation, intermédiaire à celui obtenu lors des négociations avec la Chine (10%) et le Cambodge (20%), est censé favoriser l'introduction des produits européens. Pour les services, en revanche, «ce fut extrêmement difficile», a reconnu Pascal Lamy, obligé de tenir compte des «lignes rouges» édictées par le ministre vietnamien. Exemple, Hanoï, qui reste une dictature molle, poursuivra une politique restrictive en matière d'édition et de presse. «Sur ce sujet, nous sommes revenus à la charge quinze, vingt fois, il n'y a rien eu à faire», raconte Pascal Lamy. S'agissant du tourisme, seuls les tour-opérateurs qui vendront exclusivement la «destination Vietnam» pourront s'implanter dans le pays. «Nos partenaires refusaient que ces derniers puissent, de Hanoï, proposer par exemple des prestations sur le Cambodge», illustre un négociateur européen.

En revanche, d'autres secteurs (services financiers, construction, distribution, courrier express...) seront plus largement ouverts. Exemple : les transporteurs maritimes européens pourront s'implanter au Vietnam, sauf à devoir patienter cinq ans avant de pouvoir détenir 100% du capital d'une entreprise nationale. Le secteur de la restauration et de l'hôtellerie s'ouvrira également «d'une manière graduelle», a expliqué Pascal Lamy.

Vus du côté européen, les échanges avec le Vietnam restent encore modestes, sans aucune proportion avec les gigantesques promesses du marché chinois. Les exportations européennes en direction de l'ancienne colonie française ont représenté 2 milliards d'euros en 2003, tandis que les importations (4,7 milliards), ont crû de 9% par an entre 1999 et 2003. Fort de cet accord, Hanoï espère pouvoir adhérer à l'OMC en 2005. D'ici là, le pays devra conclure des accords similaires avec le Japon et les Etats-Unis. Avec Washington, ils risquent d'être très chèrement négociés.

Par Pierre Avril - Le Figaro - 11 Octobre 2004