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Perspective d'une centrale nucléaire au Vietnam

Avec une consommation d'électricité qui s'accroît annuellement de 14-15 %, le Vietnam aura besoin de 200 milliards de kWh en 2020. Une pénurie énergétique qui sera sans doute compensée par le nucléaire.

Six pays, l'Inde, la France, la Corée du Sud, le Japon, la Russie et le Vietnam se sont réunis, du 26 au 29 mai dernier, à Hanoi pour débattre de la question de l'énergie nucléaire et de ses perspectives, tant au Vietnam que dans le reste du monde. C'était la 5e rencontre sur le nucléaire civil organisé au Vietnam. La première avait eu lieu en avril 2001 à Hanoi, la 2e et 3e en 2002 à Phu Yên et Ninh Thuân, ces deux dernières provinces étant des sites potentiels d'implantation de la première centrale nucléaire vietnamienne. Enfin, la 4e s'était tenue en mai 2003 à Hô Chi Minh-Ville. Il est à rappeler que le nucléaire civil a le vent en poupe actuellement, surtout dans les pays industrialisés : on dénombre en effet dans le monde 441 réacteurs nucléaires en activité, qui fournissent environ 16 % du volume global d'électricité. Et trente-deux sont en cours de construction.

Le facteur sécuritaire

Selon Vuong Huu Tân, directeur de l'Institut du nucléaire, tous les réacteurs sont maintenant enrobés d'une couche de béton armé capable de retenir d'éventuelles fuites radioactives (selon les spécialistes, un risque d'un millionième). "Il n'y aura absolument aucun risque d'explosion nucléaire, qui demande une quantité suffisante d'uranium 235 enrichi à 96 %, réunie pendant un court laps de temps. Nous utiliserons seulement le 235 naturel à 5 %", a-t-il déclaré. Cette sécurité sera encore renforcée par une stricte réglementation du fonctionnement du réacteur. Sur le plan de la pollution, les radiations sur un site nucléaire représente seulement, selon les spécialistes, qu'un centième de celle produite par une centrale thermique fonctionnant au charbon. Une centrale nucléaire ne pose non plus aucun problème en terme de bruit, de nuisances ou d'effet de serre...

Concernant la sécurité énergétique, le nucléaire permettra de compenser un certain manque au Vietnam en matières fossiles (charbon et pétrole) et renouvelables (eaux, énergie éolienne, solaire ou géothermique). La production nucléaire future a été estimée à 2,67 millions de tonnes de TOE (tonnes équivalent pétrole) en 2015, puis 25 millions de TOE en 2020, 62,8 millions en 2030 et, enfin, 90 millions en 2040. La pénurie énergétique a été évaluée à huit milliards de kWh en 2015, à 36-65 milliards en 2020, à 119 - 188 milliards en 2030 et à 200 - 340 milliards en 2040. En ce qui concerne les déchets, le nucléaire est aussi plus avantageux que le charbon : une centrale fonctionnant au charbon, de 100 MW, consomme chaque année quelque 2,6 millions de tonnes de charbon et rejette 320.000 tonnes de scories, 44.000 tonnes de SO2 et six millions de tonnes de CO2..., tandis qu'une centrale nucléaire d'une même puissance demande seulement 30 tonnes de matières premières. Par contre, ses déchets, longtemps radioactifs, doivent être enfouis 30 à 40 ans après, c'est-à-dire que si la première centrale nucléaire vietnamienne entre en service en 2020, il faudra enfouir ses déchets seulement en 2050.

L'heure est venue...

Lors de cette récente rencontre entre six pays, le chef de la délégation de la Corée du Sud a fait savoir que son pays avait grandement profité de ses 18 groupes nucléo-électrogènes - qui fournissent 40 % du volume national d'électricité - lors de la dernière crise pétrolière. En Chine, sept centrales nucléaires sont opérationnelles, quatre en chantier et six autres en projet (dans le Sud du pays). Il existe de plus un banc d'essai réussi au Vietnam, depuis 1963 : le réacteur Triga Mark II de 250 kW à Dà Lat, qui a fonctionné en toute sécurité jusqu'ici et a fourni plus de 20 isotopes et matières pharmaceutiques radioactives. Le Vietnam dispose d'un contingent d'une centaine de chercheurs et ingénieurs capables de bien faire fonctionner une centrale nucléaire et d'assurer sa maintenance. Les chercheurs vietnamiens ont effectué de premières prospections sur une vingtaine de sites littoraux du Centre, afin de chercher le lieu d'implantation de la première centrale nucléaire. Le site choisi devra répondre au double impératif sécuritaire et économique : zone non volcanique, non sismique, au-dessus du niveau de la mer, à proximité de ports maritimes pour le transport du combustible... Six sites prioritaires ont été retenus : un à Quang Binh, un à Phu Yên, deux à Binh Thuân et deux à Ninh Thuân.

Par Huu Nguyên - Le Courrier du Vietnam - 7 Juillet 2004.