Le Cambodge officiellement admis vendredi au sein de l'ASEAN
HANOI - Le Cambodge sera officiellement admis vendredi à
Hanoï au sein de l'Association des nations du sud-est asiatique (ASEAN)
après plusieurs années de réticences d'une partie des membres de
l'organisation régionale.
Une réunion spéciale de l'ASEAN et une cérémonie officielle consacreront
l'élargissement de l'ASEAN qui regroupera désormais dix membres, l'ensemble
des pays du sud-est asiatique.
L'adhésion de Phnom Penh au sein de l'organisation régionale, après des
années d'isolement diplomatique et de guerre civile, figurait au programme
du dernier sommet de l'ASEAN, réuni en décembre dans la capitale
vietnamienne.
Pourtant, les réunions préparatoires au sommet avaient été dominées par
l'étalage public des divergences entre membres de l'ASEAN sur cette
admission.
Le dossier hautement politique de l'admission du Cambodge dans une ASEAN-10
avait apporté de nouvelles fissures dans l'unité de façade de l'Association
créée en 1967 et qui regroupe aujourd'hui des pays aux régimes politiques
disparates, de la dictature militaire Birmane au régime communiste
vietnamien et aux démocraties libérales des Philippines ou de la Thaïlande.
Un consensus était resté introuvable lors d'une réunion des ministres des
Affaires étrangères de l'organisation. L'Indonésie et le Vietnam avaient
vivement soutenu l'intégration du Cambodge mais la Thaïlande, les
Philippines et Singapour estimaient que la formation à Phnom Penh d'un
gouvernement de coalition ne représentait pas un gage suffisant de
stabilité politique.
Les chefs d'Etats de l'organisation avaient alors décidé de reporter
l'adhésion de Phnom Penh au club régional en fixant comme condition
minimale la formation au Cambodge d'un sénat, contrepoids à l'assemblée
nationale.
Le sénat cambodgien, qui scelle le pacte de coalition gouvernementale entre
le Premier ministre Hun Sen et son ancien rival royaliste, le prince
Norodom Ranariddh, a été mis en place le 25 mars.
La candidature du Cambodge au sein de l'ASEAN avait déjà été repoussée une
première fois à la mi-1997 à la suite des violences politiques qui
s'étaient produites à Phnom Penh et de l'éviction du prince Norodom
Ranariddh de la scène politique.
Le prince Ranariddh, avait remporté les élections supervisées par l'ONU en
1993 mais il avait du partager le pouvoir avec M. Hun Sen. En juillet 1997,
à la suite de violentes émeutes dans la capitale cambodgienne, il avait été
contraint de prendre la fuite et de se réfugier en Thaïlande.
Le Vietnam estime aujourd'hui avoir remporté une importante victoire
diplomatique en faisant enfin accepter à ses partenaires de l'ASEAN
l'adhésion de Phnom Penh.
Hanoï considère que la cérémonie de vendredi marquera une étape très
importante du développement de l'organisation régionale et ouvrira la voie
à l'approfondissement du processus d'intégration du Cambodge dans son
environnement régional.
Les autorités vietnamiennes estiment en outre "qu'ils ont légitimisé leur
intervention de 1979 au Cambodge en obtenant que Hun Sen soit enfin reconnu
par tous", a indiqué l'ambassadeur d'un pays asiatique à Hanoï.
En 1979, les troupes vietnamiennes avaient chassé les Khmers Rouges du
pouvoir et installé à Phnom Penh un gouvernement pro-vietnamien au sein
duquel M. Hun Sen occupait le poste de ministre des Affaires étrangères.
M. Hun Sen a longtemps été considéré par l'opposition cambodgienne comme
une "marionnette" de Hanoï.
L'ASEAN rassemblera à partir de vendredi le Cambodge, Bruneï, l'Indonesie,
le Laos, la Birmanie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande
et le Vietnam.
AFP, le 28 Avril 1999.
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