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La secte des Cao Dai vit une lune de miel avec les autorités communistes

TAY NINH - Si les autorités vietnamiennes sont fréquemment critiquées pour le traitement qu'elles réservent aux autorités religieuses, la secte syncrétiste des Cao Dai, autrefois ennemie jurée des communistes, a su tisser des relations harmonieuses avec le régime de Hanoï. "Les choses ont beaucoup changé en dix ans. Nous n'étions pas autorisés à tenir certains services religieux, mais maintenant, nous en avons la possibilité", affirme M. Le Van Khiem, un disciple de la secte qui regroupe plusieurs centaines de milliers de fidèles dans le sud du Vietnam.

M. Khiem ajoute que le gouvernement a donné des fonds destinés à rénover les édifices dignes de hollywood qui couvrent une centaine d'hectares près de la ville de Tay Ninh, dans le sud-ouest du Vietnam, à la frontière du Cambodge. L'écrivain Graham Greene avait qualifié dans "Un américain bien tranquille", son roman de 1955 sur les origines de la guerre du Vietnam, le Caodaisme de "prophétie de pacotille". "Le Christ et Bouddha regardent du haut d'une cathédrale une fantasia digne d'un Walt Dysney asiatique, des dragons et des serpents en technicolor", écrivait-il dans son livre célèbre.

Dans la cathédrale de la secte, appelée "Saint siège", les fidèles s'agenouillent pour prier leurs saints devant un oeil en plâtre de trois mètres de diamètre. "Nous prions pour l'âme des défunts" explique un prêtre sur fond de chants de style bouddhiste. "Nous prions pour leur paix". Les principaux saints du caodaisme comprennent le père de la république chinoise Sun Yat Sen, le poète français Victor Hugo et le poète vietnamien Nguyen Binh Khiem. Moise et Jésus sont considérés par la secte comme la première et seconde incarnation humaine d'un lien avec Dieu et Nguyen Binh Khiem est censé être la troisième réincarnation. De nombreux "cardinaux" et "papes" - hommes ou femmes au statut égal - règnent sur les quelques 300.000 fidèles de la secte.

Fondée dans les années 1920 par un fonctionnaire colonial français, la secte des Cao dai a joué un rôle important pendant les guerres qui ont opposé communistes, français, américains et leurs alliés durant des décennies dans l'ancienne Indochine. Les Cao Dai disposaient d'armées privées connues pour leur haine des communistes et combattaient aux côtés des français d'abord, puis des américains jusqu'à la fin de la guerre du Vietnam en 1975.

Mais depuis 1997, année de reconnaissance officielle de la secte, les choses ont changé. Les touristes visitent par milliers le "saint siège" coloré des Cao Dai, et des étoiles scintillent au dessus des guides qui escortent les étrangers débarqués d'autocars venus de l'ancienne Saïgon pour assister d'un balcon du deuxième étage à l'une des quatre "messes" quotidiennes. "Nous accueillons quotidiennement de 100 à 200 touristes venus des Etats-Unis, de France, d'Allemagne, ou de pologne", précise M. Khiem. Contrairement aux autres sectes bouddhistes non-officielles dont les dirigeants sont souvent considérés comme des dissidents et en but aux tracasseries des autorités, les Cao Dai ont été reconnus officiellement comme religion en 1997.

"Les Cao Dai sont donc autorisés à pratiquer leur foi comme toutes les autres religions", affirme M. Le Hong Dien, responsable local de la Culture et des Affaires religieuses. "Il y a encore dix ans les visiteurs du Saint-Siège des Cao dai se comptaient sur les doigts d'une main", se rappelle un résident étranger de la région.

Agence France Presse, le 3 Juin 2001.