Le Canada va revoir ses relations avec le Vietnam pour protester contre l'exécution d'une Canadienne dans ce pays
TORONTO - Le Canada va revoir ses relations avec le Vietnam pour protester
contre
l'exécution d'une Canadienne qui avait été reconnue coupable de trafic d'héroïne
dans ce pays
d'Asie du Sud-Est, a annoncé jeudi le ministre canadien des Affaires étrangères
Lloyd Axworthy.
''L'action injustifiée du gouvernement vietnamien ne permet pas la poursuite de
relations habituelles
entre nos deux pays'', a déclaré Lloyd Axworthy dans un communiqué. ''Tous les
aspects'' des
relations bilatérales seront réexaminés, a-t-il précisé.
Ottawa attend impatiemment des explications satisfaisantes de Hanoi. Une note
diplomatique a
été transmise à l'ambassadeur du Vietnam au Canada.
Des militants pour la défense des droits des personnes injustement condamnées
ont aussi dénoncé
jeudi l'exécution de cette Canadienne et ont demandé au gouvernement vietnamien
de libérer la
mère de cette femme, qui est emprisonnée.
Nguyen Thi Hiep, âgée de 43 ans, a été tuée par un peloton d'exécution lundi. Sa
mère, Tran Thi
Cam, 75 ans, demeure derrière les barreaux au Vietnam.
Durant leur procès au Vietnam, les deux femmes ont affirmé qu'elles ignoraient
la présence de 5,5
kilos d'héroïne dans les tableaux d'art oriental qu'elles transportaient à
l'aéroport de la capitale,
Hanoi. Les deux femmes ont tout de même été reconnues coupables en 1997 de
trafic d'héroïne.
Des demandes avaient pourtant été faites auprès des gouvernements canadien,
américain et
vietnamien pour obtenir un report de la sentence, a affirmé Me James Lockyer, de
l'Association
pour la défense des personnes injustement condamnées (Association in Defence of
the Wrongly
Convicted), dont fait partie l'ancien boxeur Rubin ''Hurricane'' Carter.
L'histoire de sa longue
incarcération alors qu'il était innocent est relatée dans le film de Norman
Jewison ''Hurricane''.
A la suite de l'exécution de Mme Nguyen, Ottawa a donné le mot d'ordre aux
ambassades
canadiennes à travers le monde de refuser de participer ''aux événements
parrainés par le
gouvernement du Vietnam'' qui auront lieu ce week-end pour marquer le 25e
anniversaire de la fin
de la guerre.
Selon un porte-parole des Affaires étrangères, Raynald Doiron, cet incident met
en cause une
série de dossiers bilatéraux entre les deux pays, y compris les relations
commerciales et les
programmes d'aide et de formation. ''On ne sait pas quel impact cela peut avoir
sur les relations
bilatérales (...) on ne néglige rien.''
Qui plus est, le Canada pourrait retirer son soutien à la demande du Vietnam
d'adhérer à
l'Organisation mondiale du commerce. ''Ca fait partie de l'ensemble des
relations bilatérales qui
seront examinées à la lumière de la réponse vietnamienne'', a déclaré M. Doiron.
Mme Nguyen, une couturière de Toronto, a maintenu son innocence jusqu'à la fin.
Quelques
minutes avant sa mort, elle a refusé de signer des aveux.
Jusqu'au jour de son exécution, la police de Toronto enquêtait pour déterminer
si la dame,
devenue citoyenne canadienne en 1982, aurait été utilisée à son insu, par un
groupe organisé, pour
faire une livraison de drogue. Les enquêteurs croient que la drogue devait être
distribuée par trois
hommes qui ont été reconnus coupables, il y a un an, d'avoir mené une
organisation de trafic de
drogue.
Le mari de Mme Nguyen, qui se bat maintenant pour faire libérer sa belle-mère à
Hanoi, a été
appelé par un représentant de la prison plusieurs minutes après l'exécution. Ni
lui ni sa famille
n'ont eu la permission de voir Mme Nguyen. La famille a appris sa mort lorsque
son mari a
téléphoné lundi d'Hanoi.
Associated Press, le 28 Avril 2000.
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