~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]

Les Vietnamiens en Californie de plus en plus américanisés

SAN FRANCISCO - Depuis la chute de Saïgon il y a 25 ans, les Vietnamiens qui ont trouvé refuge en Californie se sont intégrés de mieux en mieux dans cet Etat multi-culturel. "La communauté vietnamienne est très variée et complexe", déclare Nguyen Qui Duc, auteur de "Where the Ashes Are, The Odyssey of a Vietnamese Family" (Où sont les cendres: l'odyssée d'une famille vietnamienne) et éditeur d'Omely. com, un site internet dédié au Vietnam et à sa culture.

Cette communauté s'intègre mais "nous n'avons pas de pouvoir politique", à cause de divergences internes et d'une méfiance à l'égard du gouvernement, ajoute-t-il. Selon Caroline Kieu Linh Valverde, qui avait cinq ans quand ses parents ont quitté Saïgon, il y a 25 ans, "il ne faut pas voir la communauté vietnamienne comme un groupe monolithique mais comme un mélange d'immigrés, de réfugiés et de personnes nées ici".

"Ils vivent une vie moderne d'immigrés aux Etats-Unis (...) cherchant leur personnalité. Ils se demandent où ils se sentent bien et qui ils sont", ajoute cette étudiante de l'université de Berkeley. On estime qu'environ 1,5 million d'Américains d'origine vietnamienne vivent aux Etats-Unis, dont 600.000 en Californie, selon M. Duc, qui précise: "Il y a plus de Nguyen à San José que de Jones". Selon lui, pendant les cinq à dix ans qui ont suivi leur arrivée aux Etats-Unis, les Vietnamiens pensaient pouvoir retourner au pays. Ensuite, ils sont devenus plus occidentalisés. Ceux qui sont ensuite retournés au Vietnam se sont rendus compte que leur nouvelle vie ne concordait plus avec leur vie passée, précise Nguyen Qui Duc.

"La communauté accepte que nous nous enracinions dans la société américaine. Nous avons nos maisons. Nos enfants vont à l'université", ajoute-t-il. Des Américains d'origine vietnamienne publient des livres en anglais. Il y a des festivals de films vietnamiens et des entreprises de haute-technologie ou de biens immobiliers financées par la communauté vietnamienne, note M. Duc. La pauvreté est toujours un problème, mais elle est de plus en plus confinée aux nouveaux immigrés qui ont des difficultés avec l'anglais et la culture américaine, selon Mlle Valverde.

Une majorité de Vietnamiens sont moins intéressés par l'anti-communisme que par les défis de la vie quotidienne, ajoute M. Duc. Cependant, "certains parents ne veulent pas tirer un trait sur le passé" et veulent "inculquer à leurs enfants la haine envers les communistes et Ho Chi Minh", précise M. Duc. Le Huu Que, un ingénieur de San José qui enseigna la "guerre politique" dans le Vietnam communiste, indique qu'avec des collègues, il a fait le tour des Etats-Unis pour encourager les familles vietnamiennes à envoyer leurs enfants à l'université. Les adolescents ont entendu l'appel, apprenant l'ingénierie, les sciences, le droit, la médecine et d'autres matières essentielles. "Avec l'éducation, on peut changer le Vietnam sans un autre massacre. Avec l'éducation et l'argent, on peut acquérir un pouvoir politique et être élu", souligne-t-il.

"Partout où nous sommes présents - comme en Allemagne, France, Grande-Bretagne, Etats-Unis ou au Canada - les enfants occuperont des postes importants dans 25 ans et ils changeront le Vietnam sans une goutte de sang", affirme M. Que.

AFP, le 22 Avril 2000.