Les pays producteurs de café, dont le Vietnam, veulent rétablir les cours
LONDRES - Les principaux pays producteurs de café se sont accordés mercredi à respecter leur
programme de stabilisation des cours, le Vietnam, qui fait figure de mauvais élève, décidant notamment de
diminuer ses exportations.
Tout en sirotant, en connaisseurs, des cafés venus du Honduras ou de Colombie au siège de l'Organisation
internationale du café (ICO) à Londres où se tenait la réunion, les divers délégués veulent donc croire que le pire
est désormais derrière eux.
Les membres de l'Association des pays producteurs de café (ACPC) se sont dits satisfaits des progrès réalisés
dans l'application du plan de rétention décidé en mai dernier.
"Depuis le 1er octobre, les stocks de café ont cessé d'augmenter et ont commencé à décroître. Ils sont
aujourd'hui de 16,5 millions de sacs (contre 18 millions en septembre) et les prix se sont stabilisés", s'est félicité
Sergio Amaral, président de l'ACPC et ambassadeur brésilien en Grande-Bretagne.
Ce plan, signé par les 14 membres fondateurs de l'ACPC et cinq pays associés, dont le Vietnam, prévoyait une
rétention de 20% de la production à partir du 1er juin 2000.
Malgré un démarrage très lent, l'objectif a été atteint à 90%, selon M. Amaral. Au second semestre 2000,
quelque 3,6 millions de sacs de café (de 60 kg) ont été retenus par les pays signataires, sur les quatre millions
prévus.
Le Brésil et la Colombie, qui ont appliqué ce plan dès le début, ont été recemment rejoints par des pays qui
semblaient plus réticents, comme l'Indonésie ou l'Ouganda.
Mais la position du Vietnam était la plus attendue. Ce pays a fait une entrée en force sur le marché, devenant en
l'espace de quelques années le premier producteur mondial de Robusta, et dépassant la Colombie pour devenir le
deuxième producteur mondial de café.
Après avoir inondé le marché de sa production et traîné des pieds pour appliquer le plan de rétention, Hanoï était
considéré comme le principal responsable de la crise actuelle.
Le président de l'Association vietnamienne du café et du cacao (VICOFA), Doan Trieu Nhan, a donc renoncé
aux festivités du Nouvel an chinois et entrepris le voyage vers Londres. Faisant amende honorable, il a annoncé
qu'un million de sacs avaient été retenus et proposé un nouvel effort pour 90.000 tonnes.
"Ce sont des informations très positives car le marché tient beaucoup compte des évolutions du Vietnam", a
estimé Philippe Moudié, de l'Organisation africaine et malgache du café (OUAMCAF).
Cela pourrait également encourager d'autres pays à suivre, selon M. Moudié.
Les cours du café ont atteint un niveau très bas fin 2000, l'indice composite de l'ICO tombant à moins de 47
cents la livre à la mi mi-décembre.
Pour décourager les tricheurs potentiels, M. Amaral a annoncé la mise en place d'un audit. "Seule une véritable
transparence peut assurer notre crédibilité. Nous lancerons ce système dès le mois prochain", a-t-il déclaré.
Reste à savoir combien de temps va durer ce bel enthousiasme.
La majeure partie des producteurs n'applique ce plan que depuis peu. Les pays africains, de l'aveu d'un membre
de leur délégation, ont "la volonté politique mais pas les moyens financiers" de retenir leur production.
Les observateurs attendent également de voir si les résultats des différents audits seront rendus publics et si les
pays de l'ACPC resteront fermement sur leur position, même an cas de reprise des cours.
Avant de s'engouffrer dans sa limousine, cigare aux lèvres, le ministre brésilien de l'Agriculture, Marcus Pratini de
Moraes, semblait certain de l'efficacité des mesures: "Nous refusons de donner du bon temps aux spéculateurs",
a-t-il lancé.
Agence France Presse, le 24 Janvier 2001.
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