Le Vietnam déprime les cours du robusta à Londres
Le premier producteur mondial de robusta tablait sur
un marché stable, c'est le scénario inverse qui se
réalise. Il doit fixer ses prix sur le terme et ainsi
alimente la baisse.
Les cours du robusta sont tombés sous la barre psychologique des 1.000
dollars la tonne à Londres, hier. Néanmoins, un sursaut de dernière minute
a permis à l'échéance mars de clôturer juste au-dessus de ce seuil. Pour
autant, les cours du robusta ont atteint, mardi, leurs plus bas niveaux en
sept ans. La baisse n'a qu'une seule explication, selon la majorité des
traders : l'abondance de l'offre et surtout une très forte pression en
provenance du numéro un mondial du robusta, le Vietnam.
Il y a quelques mois, les Vietnamiens, persuadés que les cours allaient se
maintenir, voire se ressaisir, ont multiplié les contrats en prix à fixer. En
d'autres termes, ils ont vendu au négoce un produit dont le prix comprend
une part déterminée à l'avance, le différentiel par rapport au cours à
Londres, et une partie aléatoire, la valeur du robusta à un jour déterminé sur
le Liffe. Dans un marché qui se tient ou qui est ferme, l'opération peut être
favorable, surtout lorsque la devise de référence, le dollar, est bien orientée.
Mais ce scénario s'est révélé faux.
Depuis début décembre, les cours n'ont cessé de reculer. Du coup, les
exportateurs vietnamiens qui ont bien vendu une récolte de 450.000 à
480.000 tonnes voient leur manque à gagner s'amplifier. Depuis la fin
janvier, ils tentent de fixer leurs prix avec des négociants confrontés à des
torréfacteurs qui ne sont pas pressés d'acheter. L'hiver en Europe a été
doux et la consommation stagne. Mais l'accélération de la baisse pousse
certains exportateurs à se « couper un bras ». En d'autres termes, ils
préfèrent encore recevoir aujourd'hui un prix qui demain sera encore plus
bas. Cette démarche se vérifie pratiquement sur toutes les origines de
robusta en vente actuellement. Cette vision du marché explique
l'accroissement des volumes au Liffe. Hier, quelque 12.000 lots (72.000
tonnes) de café ont été traités, dont environ de 10.000 à 20.000 tonnes de
vietnamien. Le négoce, qui doit arrêter son prix en recevant la marchandise,
vend à son tour des contrats papier sur le rapproché, le mars. Il alimente
ainsi une baisse qui ne s'arrêtera que lorsque tout le café vietnamien aura
été fixé.
Par Guy André Kieffer - La Tribune - le 23 Février 2000.
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