Les Vietnamiens à l'assaut du cacao ivoirien
Après le riz, le poivre et surtout le café, le
cacao. Le cacao voilà nouveau marché agricole
mondial à l'assaut duquel les Vietnamiens ont
décidé de se lancer. Dans des propos relayés
par l'agence Dow Jones de Singapour, un haut
fonctionnaire du ministère de l'agriculture à
Hanoi vient d'affirmer la volonté des dirigeants
vietnamiens de faire du cacao la prochaine grande culture a à
laquelle se consacreront les paysans du pays.
Pour l'instant, tout est encore très embryonnaire. Au cours des
derniers mois, la presse vietnamienne a fait état de l'apparition ici
ou là de quelques dizaines d'hectares de plantations de
cacaoyers. Mais les choses devraient avancer assez vite. Le
gouvernement a prévu de planter deux milles hectares tous les
ans dans la province de Daklak qui est déjà le principal centre de
production du café. A l'horizon 2007, il devrait y avoir dix mille
hectares de cacao dans cette seule région. Selon un expert, les
exportations pourraient commencer d'ici quatre ans.
Officiellement, ce qui pousse les Vietnamiens à se lancer dans le
cacao, c'est la chûte de la production en Malaisie et de bonnes
perspectives de croissance de la consommation de chocolat en
Chine. Bien sûr, la réussite des planteurs indonésiens, qui ont
réussi en peu de temps à émerger comme les troisièmes
producteurs mondiaux de cacao, cette réussite, est aussi un
argument positif. A écouter les responsables vietnamiens, ce qui
les motive, c'est donc le marché régional.
Il ne faut pourtant pas trop les croire. C'est en effet un secret de
polichinelle : les Vietnamiens sont encouragés, sinon poussés à
développer les plantations de cacao par le puissant lobby des
chocolatiers américains. Cachés derrière l'Institut américain pour
la Recherche sur le Cacao, ces chocolatiers parmi lesquels
l'entreprise Mars veulent diversifier leurs sources
d'approvisionnement. En d'autres mots, ne plus dépendre de la
Cote d'Ivoire qui fournit quarante pour cent de la production
mondiale. Si les Vietnamiens sont aussi efficaces dans le
domaine du cacao que celui du café, les producteurs ivoiriens ont
quelques soucis à se faire.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale, le 9 Mai 2001.
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