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Chirac en businessman à Hanoi

Les droits de l'homme du bout des lèvres et une kyrielle de contrats.

HANOI - Les affaires sont les affaires. Après une escale de quelques heures à Singapour pour évoquer un possible contrat de vente d'avions Rafale, Jacques Chirac est arrivé hier au Vietnam pour une visite d'Etat de deux jours. Il participera également à Hanoi à un sommet Europe-Asie (Asem), puis séjournera quatre jours en Chine. Calé dans un fauteuil sous un buste gigantesque d'Ho Chi Minh, le Président a participé à sa descente d'avion à la signature d'une kyrielle d'accords portant sur le financement du tramway d'Hanoi, l'achat par le Vietnam de 10 Airbus A 321 (750 millions de dollars) ou encore de prêt d'oeuvres d'art pour le musée Guimet.

La république socialiste du Vietnam et son Président, Tran Duc Luong, se sont mis en quatre pour accueillir ce VRP français qui n'a pas trop l'intention d'indisposer ses clients potentiels avec un sujet qui fâche : les droits de l'homme. Au cours d'un toast hier soir, Chirac a simplement appelé «à la poursuite des nécessaires réformes démocratiques et au renforcement de la protection des droits de l'homme». Selon l'Elysée, des cas particuliers de prisonniers politiques doivent être évoqués lors d'entretiens privés. Pas de quoi cependant heurter ses hôtes qui ont réservé au couple présidentiel français l'accueil bien huilé des démocraties populaires : soldats au garde à vous, bouquets de fleurs offerts par des écoliers en uniforme, kilomètres de tapis rouge... Mais pas le moindre bain de foule ­ comme pour Mitterrand, en 1993, lors de la première visite d'un chef d'Etat français au Vietnam.

Quant au cyberdissident Pham Hong Son, journaliste de 35 ans arrêté en 2002 pour avoir traduit un article en provenance du site du département d'Etat américain intitulé «Qu'est-ce que la démocratie», il dort toujours en prison. Condamné à une peine de cinq ans pour avoir communiqué avec des «opportunistes politiques», il souffre aujourd'hui d'une grave maladie et serait en danger de mort, selon son épouse. Mais ça, c'est une autre affaire.

Par Antoine Guiral - Libération - 7 Octobre 2004