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Quand le masque d'un faux pasteur tombe

Pratiquer une religion, c'est légal. Mais profiter d'une religion pour faire des choses allant à l'encontre des intérêts de l'État, c'est illégal. Le cas de Nguyên Hông Quang en est un exemple.

Le 8 juin 2004, la police de Hô Chi Minh-Ville a arrêté le prétendu pasteur Nguyên Hông Quang, pour, entre autres, avoir perturbé l'ordre public et s'être opposé aux représentants de l'autorité dans l'exercice de leurs fonctions. Pourtant, cette attestation on ne peut plus légitime, a été utilisée, toute de suite, par quelques agences de presse étrangères et certaines pages web de réactionnaires vietnamiens d'outre-mer, comme un prétexte pour calomnier le gouvernement vietnamien en l'accusant de réprimer la religion. Des enquêtes, menées par les journaux An Ninh Thê Gioi et Lao Dông ont dévoilé la vraie nature de ce soi-disant pasteur.

Né en 1958 dans la commune de Hành Duc, district de Nghia Hành, province centrale de Quang Ngai, et domicilié C5/1H rue Luong Dinh Cua, dans le 2e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, Nguyên Hông Quang est diplômé de la Faculté de Droit (système de formation élargie). Cet homme, qui avait déjà eu des démêlés avec la justice et la police, a depuis des années profité du droit de liberté et démocratique, ainsi que de celui de croyance pour monter des gens contre l'État socialiste du Vietnam.

Des violations de la loi en chaîne

Nguyên Hông Quang a commencé à pratiquer le protestantisme en 1980. Avec un peu de connaissances en médecine orientale, il se déplaçait beaucoup entre les régions de Quang Ngai, Dà Lat et Hô Chi Minh-Ville pour commercialiser des plantes médicinales. Lors de rencontres avec ses partenaires et clients, il disait sans cesse du mal du régime socialiste et exprimait ouvertement ses opinions contre le gouvernement. Malgré des explications et conseils des autorités locales, son attitude resta la même. C'est pour cette raison que le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville le condamna, en 1984, à trois ans de travaux correctifs dans un centre de rééducation. Libéré en 1987, Quang commença, sous le masque d'un missionnaire, à propager illégalement sa religion en y incorporant des contenus réactionnaires contre le régime et le gouvernement. Il fut arrêté deux fois par la police de Lâm Dông et condamné, au total, à 12 mois de prison. En 1991, Quang s'installa à Hô Chi Minh-Ville et coopéra avec Trân Mai, un pasteur aussi autoproclamé pour fonder une soi-disante "Fédération de propagation de la foi religieuse". Trân Mai institua Nguyên Hông Quang pasteur et "pho tông quan nhiêm" (un titre de dignitaire au sein de cette fédération). Selon certains dignitaires protestants, la nomination du pasteur Quang n'est pas conforme aux règlements du protestantisme et sa fédération est en dehors du système d'organisation de l'Église protestante vietnamienne. C'est pour cette raison que son titre de pasteur n'est pas reconnu.

En 1994, à cause de litiges dans ses relations avec Trân Mai, Nguyên Hông Quang chercha à s'écarter de celui-ci. Il fonda une "Association de communion chrétienne", sans chercher aucune reconnaissance de l'Église protestante du Vietnam et sans demander de formalités d'enregistrement - indispensables - auprès des autorités locales. Toutes les activités de cette association furent menées au domicile de sa femme. Non seulement elles ne portèrent pas du tout la couleur religieuse officielle, mais en plus elles violèrent de façon continuelle la loi vietnamienne. En novembre 1994, le Comité populaire de l'arrondissement de Tân Binh lui adressa un avertissement en lui demandant de mettre fin à toutes ses activités illégales. Mais cet homme, en dépit des recommandations des autorités locales, continua d'organiser des réunions illégales. Pour tromper les gens ayant peu de connaissances, Quang s'inscrivit à la faculté de Droit. D'autre part, il demanda d'adhérer à une organisation américaine, l'Amicale Mennonite Vietnam, qui le nomma chef-adjoint et secrétaire général de sa filière au Vietnam. Cette organisation regroupe, en fait, des réactionnaires vietnamiens d'outre-mer qui profitent de leurs titres religieux pour calomnier l'État du Vietnam. Elle va à l'encontre des principes et du dogme de l'Église Mennonite des États-Unis. Parallèlement, Quang lança un mouvement de "jeunes scouts protestants" dans l'ambition de rassembler autour de lui des jeunes pour le soutenir dans ses activités erronées.

Un brigand dans la peau d'un pasteur

Depuis 2001, Quang se livra de plus en plus à des activités contraires à la loi comme : organiser fréquemment des réunions chez lui, à l'origine de désordres, et ce, en dépit des protestations de ses voisins ; avoir des paroles offensantes contre les cadres de l'État dans l'exercice de leurs fonctions ; inciter ses hommes de main à mener des troubles ; s'opposer à une décision de destruction de bâtiments construits illégalement ; imprimer et propager illégalement les logos des XXIIes SEA Games en violant le droit de propriété ; inciter certains de ses adeptes à mener des troubles au siège de la Police du quartier Nguyên Thai Binh, dans le 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville...

En décembre 2002, de retour d'un voyage à l'étranger, Quang emporta avec lui deux DVD, dont des interviews de personnalités de l'ancien gouvernement de Saïgon réfugiés à l'étranger après la libération totale du pays en 1975. Ces interviews sont essentiellement des médisances contre l'État du Vietnam, des incitations à la dissidence religieuse et à la destruction du bloc d'union nationale. Pour faire un coup d'éclat au sein de la diaspora vietnamienne, Quang lança sur Internet un article intitulé "Un turban de deuil pour la liberté religieuse au Vietnam". Récemment, en avril dernier, lors des troubles survenus au Tây Nguyên, Quang diffusa un article : "La méchanceté du karma", dans lequel il avança des informations calomnieuses et mensongères (80 morts du côté des manifestants par exemple).

Le 2 mars 2004, ses activités atteignirent un pic lorsqu'il incita ses adeptes à poursuivre deux jeunes, à saisir illégalement leurs motos, ce qui provoqua d'importants désordres dans le quartier. En outre, ces hommes s'opposèrent aux forces de sécurité locales. En se basant sur les dépositions des témoins, des victimes et des accusés, la police de Hô Chi Minh-Ville décida d'arrêter, le 8 juin, Nguyên Hông Quang pour "s'être opposé aux responsables du maintien de l'ordre dans l'exercice de leurs fonctions". Il a d'ailleurs reconnu avoir violé, par ses activités, la loi.

Alors, Nguyên Hông Quang est-il un bon protestant ou n'est-il qu'un brigand dans la peau d'un pasteur ?

Par Thu Hà - Le Courrier du Vietnam - 2 Juillet 2004.