HANOI - Le Premier ministre Phan Van Khai a averti mercredi
que le Vietnam "ne devait pas rester les bras croisés face à la crise en
Asie", dans un long discours prononcé à l'ouverture de la dernière session
plénière de l'Assemblée nationale cette année.
"La crise nous a obligés à reviser les objectifs de croissance", a déclaré
le chef du gouvernement devant 450 députés et le corps diplomatique dans
l'imposante salle des Congrès de Ba Dinh, au coeur de Hanoï.
"Le gouvernement propose aux députés un objectif de croissance du Produit
intérieur brut de 5 à 6 % l'an prochain, à peu près le même que pour cette
année", a ajouté M. Khai, mentionnant un objectif de croissance de la
production agricole de 3,5 à 4% et de la production industrielle de 10 à
11%.
"La crise régionale frappe de plus en plus clairement l'économie
vietnamienne", a déclaré le Premier ministre: première baisse des
exportations depuis dix ans en septembre et octobre, investissements
étrangers en recul de moitié, et forte augmentation du chômage. "Nous
devons être en mesure de faire face à des sénarios encore plus difficiles".
Le vent a tourné pour le Vietnam après dix années de croissance aux
alentours de 9% jusqu'aux 8,8% enregistrés en 1997. "Les prémisses de la
baisse de la croissance étaient là en 1996, avant même le déclenchement de
la crise" asiatique, a déclaré M. Khai, "il faut reconnaître les faiblesses
de notre économie".
Il a notamment évoqué "l'inefficacité et la faible concurrence des
entreprises, le manque de cohérence" de la politique économique, "la
mauvaise gestion de l'appareil d'Etat (...), la corruption, le gaspillage,
les abus de pouvoir et les tracasseries qui demeurent graves et portent
atteinte au prestige du Parti".
M. Khai a dressé un long catalogue des décisions à prendre pour redresser
la barre sans toutefois sortir des déclarations d'intention martelées à
Hanoï depuis des mois.
Conformément aux directives émises par le récent plénum du Comité central
du Parti communiste, il a appelé à une "accélération de l'industrialisation
et de la modernisation, en premier lieu de l'agriculture et des campagnes".
Il faut, a-t-il poursuivi, "élargir les marchés extérieurs" pour les
exportations vietnamiennes qui se ralentissent sérieusement, accélérer les
privatisations, "mobiliser les capitaux pour les investissements, assainir
le secteur financier".
Toujours sans annoncer de mesures spécifiques, le chef du gouvernement a
demandé devant l'Assemblée que soient réglés "les problèmes sociaux
brûlants en matière de chômage, de pauvreté, d'éducation, de santé".
Les députés vietnamiens doivent siéger une trentaine de jours lors de cette
session dominée par l'économie.