La future Wall Street du Vietnam peine à voir le jour
HO CHI MINH-VILLE - En milieu d'après-midi rien ne laisse
supposer que la rue Ben Chuong Duong soit appelée à devenir la Wall Street
du Vietnam: une vieille femme vend des jouets, une autre des chatons et un
homme remplace une ampoule sur un vieil autobus, seule activité visible.
C'est pourtant dans cette voie au bord de la rivière de Saigon, plus
précisément dans un vieil immeuble colonial de deux étages, que la première
bourse du Vietnam doit ouvrir avant la fin de l'année, assurent les
autorités.
Il reste du chemin à parcourir. L'aménagement du bâtiment n'a pas commencé
et la Commission boursière nationale (CBN) n'a pas encore choisi ses modes
de transaction.
"Nous avons besoin de temps et d'argent pour préparer les lieux, il
n'existe pas encore d'infrastructure, mais nous espérons commencer avant la
fin de l'année", indique un responsable de la CBN.
Les représentants des sociétés d'investissement étrangères n'ont pas les
mêmes certitudes et l'ouverture de la bourse de l'ex-Saigon ayant été
annoncée puis repoussée à de nombreuses reprises au cours des cinq
dernières années, le scepticisme est général.
"Nous avons cessé depuis longtemps de prévoir une date pour le début des
opérations, mais cela avance peu à peu", explique Dominic Scriven,
directeur de la société d'investissement Dragon Capital Ltd.
Ainsi le gouvernement a-t-il récemment publié les règle de participation
des étrangers au marché boursier: les sociétés étrangères ne pourront
posséder plus de 20% d'une compagnie vietnamienne ni plus de 40% des
actions émises.
Le processus de privatisation des entreprises d'Etat a progressé: 179
doivent être vendues, contre 18 à la fin de 1997. Pourtant, seule une
poignée rempliraient les conditions pour faire leur entrée en bourse, soit
avoir été bénéficiaires depuis au moins deux ans et disposer d'un capital
minimum de 10 milliards de dongs (700.000 dollars).
L'une des premières pourrait être la Refrigeration Electrical and
Mechanical Co. (REE), dont le capital est passé de 1 million de dollars
quand elle a vendu ses premières actions en 1993 à 10 aujourd'hui.
Cette société a été la première autorisée à vendre des parts aux étrangers
par le régime communiste et la compagnie Scriven's Vietnam Enterprise
Investment Ltd (VEIL) est l'un de ses principaux actionnaires.
Selon M. Scriven, une trentaine de sociétés vietnamiennes pourraient être
admises sur le marché des valeurs, avec un capital total d'environ 150
millions de dollars, et leur valeur boursière pourrait représenter le
double de cette somme.
"Lorsque la bourse existera et que les transactions débuteront, il ne faut
pas s'attendre à une ruée", prévient M. Scriven, mais même un début modeste
pourrait modifier la perception généralement négative du Vietnam qu'ont les
investisseurs.
"L'importance sera plus symbolique que réelle. La bourse rassure les
investisseurs, c'est un peu simpliste, mais c'est ainsi que le monde
fonctionne", conclut M. Scriven
AFP, le 16 Juin 1999.
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