En douceur, la Bourse de Hô Chi Minh-Ville ouvre aujourd'hui
Après plusieurs années de tergiversations, le Vietnam
se dote enfin d'une Bourse. Son ouverture reste
néanmoins formelle, les transactions n'étant pas
encore possibles.
Le drapeau rouge flottera-t-il sur la nouvelle Bourse vietnamienne ? Il
faudra quelques jours pour le savoir... La première séance de transactions,
qui devait avoir lieu dans un bâtiment de style colonial toujours en
réfection et destiné à abriter cette concession au capitalisme (prévue
depuis 1993), a été reportée à la semaine prochaine. Toutefois, c'est
aujourd'hui que des officiels, dont le Premier ministre Pham Van Khai, vont
procéder à l'ouverture officielle.
La création de cet établissement s'est d'abord heurtée à un obstacle de taille
: l'obligation, pour les entreprises vietnamiennes, de révéler leurs résultats.
Méfiantes, ces dernières craignent la mainmise du gouvernement sur
l'activité économique. Les autorités redoutent les effets de la volatilité
inhérente à toute Bourse une angoisse aggravée par le krach de 1997 des
Bourses de la région.
Reste que le gouvernement a admis que la Bourse représente pour le
secteur privé naissant un ballon d'oxygène vital car ce dernier peut
difficilement compter sur les banques pour se financer. Habituées au
secteur public, ces banques n'ont aucune culture du risque lié à
l'investissement privé. Les autorités vietnamiennes ont compris aussi que
la Bourse permettrait l'émission d'obligations qui pourront financer les
travaux d'infrastructures dont a besoin le pays.
Les débuts sont cependant timides : sur les 40 sociétés considérées comme
admissibles, seules quatre seront d'abord introduites en Bourse sachant
qu'à ce jour, seules deux d'entre elles, Sacom (télécommunications) et Ree
(réfrigération) sont sûres d'être admises. « Si le marché se porte bien, le
nombre de firmes cotées sera augmenté », explique Vu Bang, directeur de la
Bourse. Un autre haut fonctionnaire en charge de l'ouverture de la Bourse,
Tran Cao Nguyen, déclarait récemment qu'il faudrait trois années environ
pour que le marche trouve sa forme finale, et cinq pour qu'il ait sa place
comme moteur de la croissance économique.
Par Régis Arnaud - La Tribune, le 20 Juillet 2000.
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