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Epilogue à Bangkok de la tragédie des boat-people vietnamiens

BANGKOK - Les six derniers réfugiés vietnamiens en Thaïlande quittent mercredi soir Bangkok pour la France, un départ qui clôt 25 ans après le tragique chapitre des "boat-people". "C'est toute une épopée qui se termine. On peut mettre le dossier des +boat-people+ aux archives ", a expliqué à l'AFP le père Olivier Morin, un jésuite français de Bangkok qui s'est occupé d'eux. Pour le Haut Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (UNHCR), ce départ "marque la clôture du «chapitre» vietnamien du Plan d'action sur les réfugiés indochinois" adopté en 1989 par plus de 70 pays.

Ce Plan d'action a permis la réinstallation et le "rapatriement volontaire" d'un grand nombre de Vietnamiens, grâce aux efforts du gouvernement thaïlandais, la communauté diplomatique, les ONG et le HCR, a souligné un communiqué. Des centaines de milliers de Vietnamiens, dont un nombre important d'origine chinoise, fuirent leur pays après la victoire communiste de 1975, beaucoup à bord d'embarcations de fortune et dans des circonstances périlleuses. Ils le firent d'abord pour des motifs politiques et/ou religieux jusque dans les années 80, puis souvent pour des raisons socio-économiques au début des années 90. L'immense tragédie des "boat-people" --les noyades, les viols et autres drames humains au larges des côtes thaïlandaises et malaisiennes-- a fait la une de la presse internationale pendant des mois.

Au tout début, ce sont le médecin français Bernard Kouchner, le fondateur de MSF (Médecins sans frontières) en 1971, et son bateau "Ville de Lumière", qui ont contribué à sensibiliser l'opinion internationale sur leur sort. Dans son communiqué, le HCR a exprimé mercredi sa "reconnaissance" à la France pour "ce dernier geste humanitaire". Les six Vietnamiens sont les tout derniers de l'ultime groupe de réfugiés en Thaïlande, une soixantaine de "laissés pour compte" depuis 1998 des retours volontaires, des "cas difficiles", a précisé un diplomate français. Finalement, après moultes discussions, ils ont été accueillis récemment en France (6), aux Etats-Unis (18), en Australie (6), en Nouvelle-Zélande (5), en Belgique (2) mais aussi au Vietnam qui a accepté d'en reprendre 15.

Ils étaient détenus dans une prison des services de l'immigration thaïlandais en attendant un pays d'accueil. Le dernier camp de réfugiés vietnamiens en Thaïlande avait fermé ses portes à Sekkiew (nord-est) il y a près de quatre ans. Parmi les six derniers à partir mercredi soir, le plus ancien était depuis 17 ans en Thaïlande, où il avait débarqué à l'âge de 24 ans. Le cadet, lui, était arrivé en 1992. "La France a été fidèle jusqu'au bout à sa tradition d'accueil. C'est elle qui a porté les premiers +boat-people+ à la connaissance internationale, avec Bernard Kouchner, et c'est elle qui ferme la porte", s'est félicité le père Morin.

Concernant les réfugiés indochinois des années 1975, il y a un peu plus d'un an, en décembre 1999, Les Nations Unies avaient bouclé la dernière opération de rapatriement de plus de 1.000 Laotiens installés dans un camp de Thaïlande depuis la fin du conflit indochinois. Quand aux Cambodgiens, les derniers groupes de réfugiés en Thaïlande ont été rapatriés et leurs camps fermés en avril 1999. La fermeture des camps en Thaïlande a marqué la fin d'un des chapitres les plus noir du dernier quart de siècle, lorsque des dizaines de milliers de réfugiés cambodgiens avaient fui successivement la dictature khmère rouge (1975-79), l'occupation vietnamienne (1979-89) et, plus récemment, les combats entre factions rivales.

Agence France Presse, le 7 Février 2001.