Splendeurs et cultures du Vietnam
Le musée du Cinquantenaire a monté une grande exposition sur le Vietnam.
Un survol de 2400 ans d'art et de culture est exposé à Bruxelles.
Avec certaines pièces très belles, sorties pour la première fois du Vietnam.
La culture du Vietnam est moins connue dans nos pays que celles, prestigieuses, de la Chine, du Japon ou du Cambodge. C'est
pourquoi l'exposition proposée au Cinquantenaire est fort intéressante. Elle propose un large survol de 2400 ans d'histoire de l'art et
des cultures de ce pays. On garde encore souvent du Vietnam des images de guerre contre la France ou les Etats-Unis. Et l'expo
commence d'ailleurs par une évocation de cette «lutte nationale d'indépendance». Mais le Vietnam c'est aussi 80 millions
d'habitants, 54 ethnies, cinq langues nationales, et de profondes traditions culturelles à découvrir.
Plus de 450 objets sont présentés. Trois cents proviennent des grands musées vietnamiens. Les avoir en prêt a demandé une
longue et patiente négociation. Une loi de 1934 interdisait en effet de prêter les oeuvres du patrimoine national. L'ouverture du régime
communiste (le «doïmoï») a petit à petit modifé les choses mais il fallut attendre fin 2002 pour qu'on change la loi et qu'on autorise
le prêt de ces oeuvres qui sont montrées pour la première fois hors du pays.
Bloqués à Anvers
«Nous avons du faire preuve d'une énergie formidable, raconte la conservatrice Mme Cahen, l'autorisation écrite ne fut accordée
qu'il y a neuf mois: très court pour une pareille exposition. Il y eut aussi le Sras, et maintenant des problèmes de dédouanement à
Anvers». En effet, une maison sur pilotis de la minorité Muong, qui doit être reconstruite au milieu de l'expo ainsi que des échoppes
de Saigon achetées pour être transposées à Bruxelles étaient, hier, toujours bloquées à Anvers.
A cela, s'ajoutent des objets venus de Vienne et du musée Guimet à Paris et surtout des pièces de la collection Huet appartenant
au musée du Cinquantenaire (des bronzes et des céramiques anciennes).Le résultat de ces efforts vaut la peine. C'est la première
grande expo directement organisée par le Cinquantenaire depuis l'expo «Indian Summer» il y a quatre ans.
Le Vietnam fut au centre de plusieurs influences. Et d'abord celles des populations venues de l'Indonésie et qui devinrent les
Khmers au Cambodge et les Chams au Vietnam avec la très belle civilisation champa dont quelques chefs d'oeuvres sont à l'expo,
peut-être les plus beaux de l'ensemble: des bouddhas, des scupltures de pierre rouge, des bas-reliefs.
Très large survol
Il y a eut surtout la puissante Chine qui a colonisé le nord du Vietnam pendant mille ans et a imposé son sytème politique, le
bouddhisme et sa culture. On retrouve au Vietnam les différentes sortes de bouddhisme et de fortes influences hindouistes. Tout
cela culminera finalement dans l'art Viet proprement dit, du nom de l'ethnie majoritaire (87 pc) du pays: beaux bouddhas de bois, un
magnifique bouddha couché en bois laqué, des pierres sculptées ou une grande stèle mortuaire portée par une tortue, symbole de
longévité comme on en voit à Hué.
L'exposition aborde toute les formes d'art et de cultures. On trouve ainsi de beaux exemples d'estampes et de calligraphies, des
robes de cours et des superbes tuniques princières et royales en soie brodées. L'exposition aborde aussi les arts popuplaires
comme les marionnettes dans l'eau qu'on peut encore voir à Hanoï ou les statuettes en bois placées sur tombes et qui ressemblent
tout à fait à de l'art africain.
Car l'exposition ne se veut pas seulement historique et artistique mais elle est aussi ethnographique donnant un aperçu des
cultures vietnaminenes diverses, avec les instruments de musique, les habits et les arts appliqués. La variété des sujets abordés
nuit sans doute à l'ensemble. On aurait aimé que l'exposition puisse davantage se concentrer sur certains aspects de l'art
vietnamiene qu'on ne peut survoler ici que de manière trop sommaire.
Par Guy Duplat - La Libre Belgique - 16 Septembre 2003
«Vietnam, art et cultures de la préhistoire à nos jours», aux musées royaux
d'art et d'histoire, parc du Cinquantenaire, Bruxelles. Jusqu'au 29 février. Du mardi au dimanche, de 10h à 17h. Infos: 02/7417211
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