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Quand le Vietnam harcèle ses vendeurs de rues pour se faire une beauté

HANOI - Le processus se répète régulièrement, à des degrés divers selon les objectifs des autorités: lorsque le Vietnam veut s'offir une image flatteuse vis-à-vis de l'extérieur, il force ses pauvres et ses vendeurs de rues à quitter les centre-villes.


Depuis quelques semaines, les raids des équipes de police ont repris de plus belles. Les drogués ont été envoyés en camps de désintoxication. Les mendiants, sans abris, cireurs de chaussures et autres petits vendeurs ont été renvoyés dans leurs provinces natales ou internés dans des centres de "soutien social". Parfois, c'est un sommet international, un événement politique ou une fête traditionnelle qui justifie l'opération. Cette fois-ci, il s'agit des Jeux du Sud-est asiatique, une compétition sportive réunissant une dizaine de pays de la région qui débute vendredi.

A Hanoi, plus de 1.000 personnes ont été priées de ne plus salir le paysage, désormais fait de bannières bigarées et de drapeaux multicolores. Seule une poignée d'entêtés résiste, cachant leur marchandises à la hâte dans un jardin ou derrière un porche lorsque s'approche la police. Sitôt la camionnette passée, le petit commerce reprend ses droits.

"La police rend mon travail encore plus dur", se plaint Pham Thi Tuyet, 24 ans, vendeuse d'oranges dans les rues de la capitale et porteuse du traditionnel chapeau conique devenu symbole de pauvreté. Tuyet vient de la province de Hung Yen, au sud de Hanoi, mais n'y retourne qu'une fois par mois pour voir son mari et sa petite fille d'un an. Debout à deux heures du matin, elle achète ses oranges au marché de gros et les emmène sur deux plateaux soutenus par une tige en bambou, qu'elle porte sur l'épaule. Les bonnes journées, elle en tire 15.000 dongs (1,2 euro). Mais l'autre jour, elle a perdu oranges, plateaux et tige en bambou. La police lui a tout confisqué.

La jeune femme ne fait pas exception au sein de l'armée de gagne-petits que compte la capitale. "Parfois, ils me condamnent à une amende, d'autres fois, ils me confisquent mes fleurs", résume une marchande du vieux Hanoi, qui montre quatre procès-verbaux infligés depuis quelques mois pour "violation de l'hygiène environnementale". "C'est déjà arrivé mais ces derniers mois, avant les Jeux du sud-est asiatique, la police est devenue très stricte. Je suis très mécontente mais c'est la vie et je dois continuer", ajoute-t-elle.

La presse officielle continue de défendre la politique gouvernementale de "réduction de la pauvreté" et les actions destinées aux plus défavorisés. Mais en ce genre de circonstances, seule l'image est importante. Tran Quang Thanh, responsable de la campagne de nettoyage des rues, est conscient des conséquences négatives de la campagne pour l'existence de certains. "Mais l'objectif de cette politique est de rendre notre ville jolie pour les Jeux et tout ceux qui ne la respectent pas doivent payer l'amende", assène-t-il.

Agence France Presse - 2 décembre 2003.