La vie religieuse toujours sous haute surveillance au Vietnam
HO CHI MINH VILLE - La vie religieuse reste sous
haute surveillance au Vietnam, où le président américain Bill Clinton a eu dimanche un
entretien privé à Ho Chi Minh-Ville avec l'archevêque de la ville, Mgr Jean Baptiste
Pham Minh Man.
La communauté catholique, dont Mgr Man est l'un des hauts dignitaires, compte entre sept et huit millions de
personnes au Vietnam. Elle y rassemble un peu moins de 10% de la population.
C'est la deuxième Eglise en Asie, après les Philippines, et si l'on fait exception du cas particulier de la Chine où les
chiffres sont difficiles à vérifier.
Au cours des dernières années, les relations du Vietnam communiste avec le Vatican ont connu une certaine
amélioration, mais Hanoi maintient un ferme contrôle sur la vie religieuse, se réservant le droit de se prononcer en
dernier ressort en matière de désignation des évêques et imposant aussi des limites assez restrictives à l'ordination
des prêtres dans les six séminaires du pays.
Un haut représentant du Vatican, Mgr Celestino Migliore se rend tous les ans depuis 1990 au Vietnam pour des
discussions sur les problèmes des catholiques -- nomination d'évêques, recrutement dans les séminaires, écoles et
autres oeuvres sociales du clergé, notamment.
En mai dernier, le Vietnam avait qualifié de "franches et ouvertes" les discussions menées entre les autorités de
Hanoï et Mgr Migliore, qui avait effectué une visite de 5 jours au Vietnam.
En dépit de cette décrispation, les rapports entre le régime communiste et le Vatican, qui n'entretiennent pas de
relations diplomatiques, restent toujours tendus.
Les autorités vietnamiennes exercent également un contrôle encore plus étroit sur le bouddhisme, qui reste la
principale religion du pays, pratiquée par près de 80% de la population.
Les 10% restants sont des fidèles de l'église protestante ou de sectes confucianistes, taoistes ou syncrétistes, telle
celle des Cao Dai, qui compte 600 églises au Vietnam.
Une église dissidente, l'Eglise Bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV), dont le dissident Thich Quang Do est l'un
des resposables, prend fréquemment position sur les droits de l'Homme et certains de ses membres sont souvent
jugés et emprisonnés pour "atteintes au intérêts de l'Etat".
L'EBUV a été interdite au Vietnam en 1981 après la mise en place de l'Eglise bouddhiste du Vietnam (EBV),
seule organisation bouddhiste autorisée par les autorités communistes.
Un groupe de 30 membres du Congrès américain, menés par une représentante d'un comté de Californie où est
installée une importante population d'origine vietnamienne, Loretta Sanchez, avait présenté fin 1999 la
candidature de Thich Quang Do au prix Nobel de la paix.
Loretta Sanchez, qui accompagne Bill Clinton dans sa visite au Vietnam, avait rencontré Do dans sa pagode en
1999.
Thich Quang Do, 73 ans, a passé plus de 18 ans en détention ou en résidence surveillée et avait été libéré en
1998 après avoir été détenu trois ans pour "avoir utilisé les droits et libertés démocratiques afin de nuire aux
intérêts de l'Etat".
Le Comité Vietnam sur les droits de l'homme, basé à Paris, avait demandé à Bill Clinton de "rendre visite à Thich
Quang Do et à Thich Huyen Quang", un autre responsable de l'EBUV, lors de sa visite au Vietnam.
M. Vo Van Ai, président du Comité Vietnam, affilié à la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH),
avait adressé une lettre en ce sens au président américain.
M. Ai s'était "félicité de l'intention de Bill Clinton de rendre visite à l'archevêque de Saïgon, Mgr Pham Minh
Man" mais avait averti le président américain que s'il négligeait la principale communauté religieuse, celle des
bouddhistes, ce geste "serait très mal compris".
Agence France Presse, le 19 Novembre 2000.
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