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Clinton n'a gagné qu'à demi le pari de la réconciliation au Vietnam

HO CHI MINH VILLE - Le président Bill Clinton achevait dimanche soir une visite historique au Vietnam avec le sentiment d'avoir gagné le pari de la réconciliation auprès du peuple vietnamien, mais sans avoir réussi à convaincre la vieille garde communiste à Hanoï des bienfaits de l'ouverture et de la démocratisation. La chaleur de l'accueil reçu dans les rues de la capitale par Bill Clinton s'est transformée en enthousiasme dimanche avec son plébiscite par les habitants de Ho Chi Minh-Ville, l'ex-Saïgon, là même où il y a 25 ans la défaite des Etats-Unis avait été à jamais gravée dans les images dramatiques de dizaines de Vietnamiens tentant de fuir l'avance des forces communistes du Nord avec les derniers helicoptères américains quittant la ville.

Cette visite est incontestablement un succès, notait dès samedi l'ambassadeur des Etats-Unis à Hanoï, Douglas "Pete" Peterson. Tout au long de cette visite de trois jours, marquée de symboles forts, Bill Clinton a encouragé les dirigeants et le peuple vietnamiens à se tourner vers l'avenir en acceptant la réconciliation, malgré les profondes blessures causées par une guerre implacable qui avait fait 3 millions de morts côté vietnamien et 58.000 côté américains, et à choisir la voie de la prospérité en accélérant l'ouverture économique et en acceptant une démocratisation indispensable de la vie politique. Si ce message a été à l'évidence bien reçu chez les jeunes, les milieux d'affaires et les réformistes, il a été clairement rejeté par la vieille garde communiste à Hanoï, soucieuse de maintenir son emprise politique sur un pays en pleine transformation depuis quelques années.

Le secrétaire général du PCV, Le Kha Phieu, a demandé à Bill Clinton, en le recevant samedi, de respecter les choix politiques pris par le Vietnam, a revelé dimanche l'agence officielle AVI. "Nous respectons les choix de style de vie et les systèmes politiques des autres nations et demandons en retour aux autres nations de respecter les choix de notre peuple, de respecter l'indépendance nationale et la souveraineté mutuelles et de ne pas intervenir dans les affaires intérieures des autres", a déclaré le numéro un vietnamien cité par l'AVI. M. Clinton a rétorqué dimanche en soulignant les progrès accomplis par le Vietnam depuis quelques années et en assurant que l'économie du pays "croîtrait encore plus rapidement "avec une ouverture encore plus large et le développement de l'Etat de droit".

Son principal conseiller économique, Gene Sperling, a reconnu dimanche devant la presse que les dirigeants communistes restaient divisés sur la voie à suivre. "On ne peut nier qu'une vision différente existe encore sur l'économie aux plus hauts niveaux du gouvernement", a-t-il dit. "Quand le président a rencontré le secrétaire général du PC Le Kha Phieu, la différence de philosophie était très notable, ce dernier considérant, sans vouloir tirer les leçons de l'effondrement de l'URSS, que le taux de croissance obtenu justifiait la voie socialiste suivie", a-t-il ajouté.

Les dirigeants américains comptent sur l'intensification des échanges commerciaux entre les deux pays et l'esprit d'entreprise qui caractérise les Vietnamiens, pour finir par faire plier la vieille garde communiste. M. Clinton a annoncé avant son départ l'ouverture d'une ligne de crédit de 200 millions de dollars aux investisseurs pour faciliter la mise en oeuvre de l'accord commercial bilatéral signé en juillet. Mais il quittera la Maison Blanche dans deux mois et il reste à voir si son successeur, dont le nom est toujours incertain, affichera le même intérêt pour l'avenir du Vietnam.

Agence France Presse, le 19 Novembre 2000.


La vie religieuse toujours sous haute surveillance au Vietnam

HO CHI MINH VILLE - La vie religieuse reste sous haute surveillance au Vietnam, où le président américain Bill Clinton a eu dimanche un entretien privé à Ho Chi Minh-Ville avec l'archevêque de la ville, Mgr Jean Baptiste Pham Minh Man. La communauté catholique, dont Mgr Man est l'un des hauts dignitaires, compte entre sept et huit millions de personnes au Vietnam. Elle y rassemble un peu moins de 10% de la population. C'est la deuxième Eglise en Asie, après les Philippines, et si l'on fait exception du cas particulier de la Chine où les chiffres sont difficiles à vérifier.

Au cours des dernières années, les relations du Vietnam communiste avec le Vatican ont connu une certaine amélioration, mais Hanoi maintient un ferme contrôle sur la vie religieuse, se réservant le droit de se prononcer en dernier ressort en matière de désignation des évêques et imposant aussi des limites assez restrictives à l'ordination des prêtres dans les six séminaires du pays. Un haut représentant du Vatican, Mgr Celestino Migliore se rend tous les ans depuis 1990 au Vietnam pour des discussions sur les problèmes des catholiques -- nomination d'évêques, recrutement dans les séminaires, écoles et autres oeuvres sociales du clergé, notamment. En mai dernier, le Vietnam avait qualifié de "franches et ouvertes" les discussions menées entre les autorités de Hanoï et Mgr Migliore, qui avait effectué une visite de 5 jours au Vietnam. En dépit de cette décrispation, les rapports entre le régime communiste et le Vatican, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques, restent toujours tendus.

Les autorités vietnamiennes exercent également un contrôle encore plus étroit sur le bouddhisme, qui reste la principale religion du pays, pratiquée par près de 80% de la population. Les 10% restants sont des fidèles de l'église protestante ou de sectes confucianistes, taoistes ou syncrétistes, telle celle des Cao Dai, qui compte 600 églises au Vietnam. Une église dissidente, l'Eglise Bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV), dont le dissident Thich Quang Do est l'un des resposables, prend fréquemment position sur les droits de l'Homme et certains de ses membres sont souvent jugés et emprisonnés pour "atteintes au intérêts de l'Etat". L'EBUV a été interdite au Vietnam en 1981 après la mise en place de l'Eglise bouddhiste du Vietnam (EBV), seule organisation bouddhiste autorisée par les autorités communistes.

Un groupe de 30 membres du Congrès américain, menés par une représentante d'un comté de Californie où est installée une importante population d'origine vietnamienne, Loretta Sanchez, avait présenté fin 1999 la candidature de Thich Quang Do au prix Nobel de la paix. Loretta Sanchez, qui accompagne Bill Clinton dans sa visite au Vietnam, avait rencontré Do dans sa pagode en 1999. Thich Quang Do, 73 ans, a passé plus de 18 ans en détention ou en résidence surveillée et avait été libéré en 1998 après avoir été détenu trois ans pour "avoir utilisé les droits et libertés démocratiques afin de nuire aux intérêts de l'Etat".

Le Comité Vietnam sur les droits de l'homme, basé à Paris, avait demandé à Bill Clinton de "rendre visite à Thich Quang Do et à Thich Huyen Quang", un autre responsable de l'EBUV, lors de sa visite au Vietnam. M. Vo Van Ai, président du Comité Vietnam, affilié à la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), avait adressé une lettre en ce sens au président américain. M. Ai s'était "félicité de l'intention de Bill Clinton de rendre visite à l'archevêque de Saïgon, Mgr Pham Minh Man" mais avait averti le président américain que s'il négligeait la principale communauté religieuse, celle des bouddhistes, ce geste "serait très mal compris".

Agence France Presse, le 19 Novembre 2000.


Charlene Barshefsky vante le libéralisme aux étudiants de Saïgon

HO CHI MINH VILLE - Alors que la mission du président américain Bill Clinton visant à resserrer les liens entre Etats-Unis et le Vietnam se poursuivait, les étudiants de ce pays communiste se sont vus proposer dimanche par la représentante américaine pour le Commerce Charlene Barshefsky un cours de libéralisme économique. Planchant devant des étudiants formés à la doctrine marxiste-léniniste, Mme Barshefsky a plaidé pour la levée des barrières commerciales, "empreinte" que, par sa visite, M. Clinton veut donner aux nouvelles relations entre les deux pays.

"La paix devient beaucoup plus avantageuse que la guerre une fois que les nations ont des intérêts au delà de leurs propres frontières", a-t-elle déclaré. La visite du président est l'aboutissement de cinq années d'un processus de normalisation, dont le principal résultat a été la signature d'un accord commercial en juillet dernier, accord qui reste à ratifier par les parlements des deux pays. "Cet accord (sur le commerce) sera la marque de l'importance des échanges commerciaux dans des relations pacifiques et durables", a souligné la responsable américaine.

Mme Barshefsky a reconnu la persistance de difficultés bilatérales tout en mettant l'accent sur "l'émergence d'un consensus" entre Washington et les autorités communistes du Vietnam. Selon elle ces obstacles sont le résultat de "l'inefficacité des entreprises d'Etat, des faiblesses de l'administration, de l'absence de clarté et des contradictions législatives". "Ces problèmes ont ralenti le développement économique du Vietnam et entravé la croissance de nos relations commerciales", a-t-elle souligné.

Mais elle a indiqué aux étudiants de l'ancienne capitale du Vietnam capitaliste que l'engagement du pouvoir communiste dans cet accord commercial est bien la preuve d'une volonté de changement. "Le processus des réformes a déjà commencé au Vietnam comme le prouve cet accord qui ne fera que l'accélérer encore", a-t-elle dit. Selon Mme Barshefsky, la création d'une commission conjointe destinée à favoriser la mise en oeuvre de cet accord a été proposée par les autorités de Hanoi qui ont demandé aux Etats-Unis une aide et une assistance technique. Bill Clinton a annoncé dimanche que les Etats-Unis fourniraient dans ce but une ligne de crédit de 200 millions de dollars au Vietnam.

Vingt cinq ans après que les Etats-Unis avaient quitté le pays dans des conditions humiliantes à la suite d'une cuisante défaite, une armée de conseillers techniques américains a séjourné dans le pays ces derniers mois pour des missions aussi variées que la fabrication des textiles ou le commerce par internet. Mme Barshefsky a admis que l'accord commercial, qui doit progressivement ouvrir le marché vietnamien jusqu'ici contrôlé par l'Etat en échange de la levée des taxes américaines, est loin d'avoir l'ampleur de l'accord commercial permanent signé avec la Chine. Mais elle a souligné que "pour de nombreux hommes d'affaires des Etats Unis des relations commerciales normales sur une base annuelle sont une étape décisive ... car une fois qu'elles ont été nouées elles ne sont jamais résiliées".

La représentante américaine au commerce ne s'attend pas à ce que le Vietnam suive la trace de la Chine pour devenir rapidement membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui devrait demander "quelques années". Elle a même expliqué que Washington appuie la prudence actuelle des autorités communistes. "Je pense que nous devons faire preuve de circonspection pour que le Vietnam ne s'emballe pas trop vite et que l'ouverture de son marché se produise étape par étape", a-t-elle déclaré.

Washington estime qu'il est également dans son intérêt d'aider le Vietnam à se protéger des turbulences d'une intégration trop rapide dans les échanges mondiaux. Mme Barshefsky a rejeté les craintes de certains responsables américains qui pensent que le nouveau Congrès issu des élections américaines de novembre pourrait refuser de ratifier l'accord commercial. "L'accord sera sans aucun doute ratifié par le Congrès, la question n'a même pas à être posée", a-t-elle martelé.

Agence France Presse, le 19 Novembre 2000.