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Bill Clinton consacre une journée au souvenir de la guerre du Vietnam

HANOI - Le souvenir de la guerre du Vietnam a marqué la deuxième journée de la visite au Vietnam du président Bill Clinton, qui s'est rendu sur un site recélant peut-être les restes d'un pilote américain et a assisté au départ pour les Etats-Unis de dépouilles de soldats portés disparus au combat. Le président américain, le premier à se rendre au Vietnam depuis la fin de la guerre entre les deux pays qui a fait 58.000 morts américains, a affirmé que l'Amérique ne renoncerait jamais à retrouver les restes de ses militaires portés disparus au combat, lors d'une visite sur un site d'excavation proche de Hanoï où se trouvent les restes d'un pilote abattu en 1967.

"Nous n'aurons de cesse tant que nous n'aurons pas fait toute la lumière sur le sort de nos anciens combattants portés disparus", a déclaré M. Clinton en visitant ce site où depuis plusieurs semaines, des spécialistes américains et vietnamiens travaillent côte à côte au milieu d'une rizière pour tenter de retrouver les restes du capitaine Lawrence Evert, dont l'avion, un chasseur F105-D, avait été abattu en 1967.

Avant de quitter Hanoi pour Ho Chi Minh Ville, la mégapole économique du sud, où il passera la dernière journée de sa visite historique au Vietnam, Bill Clinton a assisté sur le tarmac de l'aéroport de la capitale au départ pour les Etats-Unis des dépouilles présumées de trois soldats américains portés disparus pendant la guerre du Vietnam (Missing in Action, MIA). Les trois cercueils recouverts de la bannière étoilée ont été embarqués à bord d'un avion de transport C-17 Globemaster de l'US Air Force, et les dépouilles seront examinées au Centre d'identification des Etats-Unis situé à Hawaï. Le Vietnam et les Etats-Unis coopérent depuis 1986 pour retrouver dans d'anciennes zones de combat reculées des restes de soldats américains disparus pendant le conflit. Sur les quelque 2.000 militaires américains toujours portés disparus en Asie du Sud-Est, près de 1.500 sont tombés au Vietnam.

Bill Clinton avait également visité dans l'après-midi une exposition consacrée aux efforts de déminage au Vietnam auxquels participent les Etats-Unis depuis juin dernier et pour lequel ils ont fourni 3,1 millions de dollars. Des milliers d'enfants meurent ou sont mutilés chaque année dans le pays lors de l'explosion de bombes et mines provenant des quelques 300.000 tonnes de munitions non-explosées qui, selon des documents officiels américains, jonchent encore les campagnes.

"Vous aurez le soutien de l'Amérique jusqu'à ce que vous ayez trouvé toutes les mines et toutes les munitions non explosées", a déclaré M. Clinton à cette occasion. Les Etats-Unis vont également aider le Vietnam à mettre en place un système informatique et une base de données pour localiser et répertorier tous les types de mines utilisés au Vietnam. "Le problème des mines est une tragédie globale, car 90 pour cent des victimes en sont des civils (...) et les mines tuent en toute probabilité beaucoup plus d'enfants que de militaires, et elles continuent bien après la fin des guerres", a dit Bill Clinton. "Elles sont une tragédie de la guerre à laquelle la paix n'apporte aucune réponse" a-t-il ajouté.

Bill Clinton s'était entretenu avant cette visite avec le numéro un vietnamien, le secrétaire général du Parti communiste, Le Kha Phieu, chef du clan conservateur au sein des dirigeants communistes du pays. M. Clinton a quitté Hanoi à 22H00 locales (15H00 GMT) à bord de l'avion présidentiel Air Force One pour Ho Chi Minh Ville, l'ancienne Saïgon, théâtre de la seule défaite militaire des Etats-Unis et où les derniers Américains avaient quitté le Vietnam le 30 avril 1975 à bord d'hélicoptères décollant du toit de l'ambassade américaine. Il y rencontrera dimanche des hommes d'affaires vietnamiens et américains, ainsi que l'archevêque le la ville, Mgr Pham Minh Man, avant d'achever sa visite historique au Vietnam et de regagner Washington.

Agence France Presse, le 18 Novembre 2000.


Deux frères à la recherche des traces de leur père au Vietnam

TIEN CHAU - Dans un champ boueux du Vietnam septentrional, David et Dan Evert, la gorge nouée retiennent difficilement leurs larmes, en repensant au jour où leur père, un pilote de l'US Air Force était parti pour la guerre pour n'en jamais revenir. Aujourd'hui quadragénaires, les deux frères parlent avec émotion de leur père qu'ils avaient eu à peine le temps de connaître, sur le lieu même où l'appareil du capitaine Lawrence Evert, touché par la DCA nord vietnamienne s'était abattu le 8 novembre 1967, dans les rizières qui les entourent.

"Mon père était un grand Américain. Il aimait l'armée de l'air. Il aimait voler. Et il est mort pour l'honneur de son pays", affirme David. "Je sais qu'il est heureux que ses fils soient ici pour aider à son rapatriement". Dan et David accompagnaient le président Bill Clinton au deuxième jour de sa visite historique au Vietnam, pour assister aux recherches menées par des équipes spécialisées avec l'aide de la population locale. Seau par seau, des tonnes de terre sont tamisées pour y rechercher des fragments humains. L'opération fait partie d'un mission beaucoup plus large pour rapatrier les restes de quelque 1500 anciens combattants américains toujours portés disparus au Vietnam;

La dernière image que les deux frères gardent de leur père remonte à juillet 1967 à Phoenix (Arizona). Sur la coupée de l'avion de transport qui va l'emmener au Vietnam, il se retourne et leur lance un geste d'adieu. Quatre mois plus tard, il est porté disparu et considéré comme mort. Son avion, un F105-D a été abattu au cours d'un passage à basse altitude pour bombarder un pont ferroviaire à 27 km au nord-ouest d'Hanoi. Avant cette dernière mission fatale, sa 41e, Lawrence Evert avait déjà bouclé ses valises, espérant rentrer chez lui à temps pour la naissance de sa fille Elizabeth. Elle est née quatre jours après sa disparition.

Pendant que des paysannes vietnamiennes portant le traditionnel chapeau conique, s'affairent dans un cratère boueux creusé non de loin de la voie ferrée attaquée par leur père, Dan et David Evert épiloguent sur l'ironie de l'histoire qui les met aujourd'hui en face des anciens ennemis de l'Amérique. "C'est vraiment très touchant de voir les Vietnamiens remuer ces amas de boue à la recherche de fragments", constate Dan, qui est ingénieur de production en Arizona. "Nous voulons qu'ils sachent que nous les aimons et que nous n'avons pas la moindre animosité à leur égard", ajoute-t-il, en tenant à la main un bracelet portant l'inscription "capitaine Lawrence Evert MIA" (disparu au combat). Les deux frères avaient appris que leur père ne reviendrait plus et qu'il était présumé mort, lorsqu'ils avaient six et huit ans. Mais il s'étaient accrochés à l'espoir qu'il avait été fait prisonnier jusqu'à la confirmation de sa mort, onze ans plus tard.

"Quand nous étions plus jeunes, nous avions l'habitude d'imaginer sa sortie des geôles vietnamiennes. Nous viendrions le chercher pour le ramener chez nous. Et c'est un peu ce que nous ressentons aujourd'hui", ajoute David. Leurs espoirs de ramener les restes de leur père avaient brusquement grandi la semaine dernière quand les pathologistes de l'équipe de recherche avaient identifié des fragments comme pouvant être des restes humains. Ils seront envoyés dans un laboratoire de médecine légale à Hawaï pour être analysés. Ce n'est qu'ensuite que David et Dan sauront s'ils peuvent donner à leur père une sépulture en terre natale.

Agence France Presse, le 18 Novembre 2000.