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Les droits de l'Homme au menu de la visite de Bill Clinton au Vietnam

HANOI - Le président américain Bill Clinton, qui entamera jeudi soir une visite historique au Vietnam, ne devrait pas manquer de soulever avec ses interlocuteurs la question des droits de l'Homme et de la liberté religieuse, régulièrement dénoncés par Washington. Après la signature en juillet d'un accord commercial bilatéral qui ouvre la voie à l'accélération des échanges commerciaux, ces sujets "restent les derniers grands points de friction entre les deux anciens ennemis", a indiqué à l'AFP un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat.

Selon un autre expert des relations américano-vietnamiennes, "la politique intérieure américaine obligera" M. Clinton à en parler, "tant dans ses entretiens privés avec les dirigeants vietnamiens, que publiquement, lors d'un discours qu'il doit prononcer à l'université de Hanoi". Bill Clinton "notera sans doute que des progrès ont été faits par le Vietnam mais il insistera sur ce qui reste à accomplir et soulignera qu'il ne peut y avoir de véritable développement sans que les droits de l'Homme soient garantis", a-t-il ajouté. Aux Etats-Unis, des responsables politiques ont interpellé Bill Clinton sur cette question. Ainsi, cinq sénateurs, dont l'ancien candidat à la présidence et vétéran du Vietnam John McCain, lui ont demandé fin octobre de "faire pression dans le processus significatif, réel et visible sur les droits de l'Homme" quand il rencontrera le président Tran Duc Luong et le Premier ministre Phan Van Khai.

Ces sénateurs ont dénoncé la lenteur de la mise en place des libertés politiques et civiques, les restrictions à la liberté d'opinion et de réunion et la poursuite de la répression contre ceux qui critiquent le gouvernement. Hanoi avait "résolument protesté" contre cettre lettre qui "vise à s'ingérer dans les affaires intérieures du Vietnam, ne reflète pas la situation réelle dans le pays et est contraire aux intérêts de l'amélioration des relations bilatérales", selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Human Rights Watch a elle aussi appelé le président Clinton à évoquer en priorité les droits de l'Homme lors de sa visite. L'organisation de défense des droits de l'Homme a noté que "le Vietnam a pris des mesures au cours des dernières années" pour résoudre certaines violations mais le gouvernement "continue à limiter sérieusement (...) la liberté d'expression des dissidents et la liberté d'association des groupes religieux et des syndicats indépendants".

La "politique américaine ne doit pas se concentrer uniquement sur l'application de l'accord commercial bilatéral, mais aussi sur l'obtention d'améliorations concrètes" sur les droits de l'Homme, ajoute l'organisation. M. Clinton doit demander au Vietnam la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et religieux et la fin du harcèlement des dissidents, selon Human Rights Watch. Un célèbre dissident bouddhiste vietnamien Thich Quang Do, l'un des responsables de l'Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (Ebuv - dissidente) a demandé à Bill Clinton dans une lettre "envoyée secrètement hors du Vietnam" d'évoquer la liberté religieuse et les droits de l'Homme lors de son séjour. Bill Clinton est "devant un choix historique : soit vous soutenez le régime, la minorité toute-puissante du Parti communiste, et vous les aidez à museler la démocratie au Vietnam, soit vous soutenez les 78 millions de vietnamiens dans leur lutte pour les droits de l'Homme et la liberté", a écrit le dissident de 73 ans, qui a passé plus de 18 ans en détention ou en résidence surveillée. Le Comité Vietnam sur les droits de l'Homme, affilié à la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), a enfin appelé Bill Clinton à "rendre visite à Thich Quang Do et à Thich Huyen Quang", un autre responsable de l'Ebuv.

Des diplomates américains ont cependant souligné à Hanoï sous le couvert de l'anonymat qu'il "n'est pas prévu que Bill Clinton rencontre des dissidents politiques et religieux pendant son séjour".

Agence France Presse, le 13 Novembre 2000.


La visite de Bill Clinton au Vietnam: un coup de fouet au commerce

WASHINGTON - La visite historique du président américain Bill Clinton au Vietnam devrait renforcer l'intérêt grandissant montré par les entreprises américaines au Vietnam depuis la signature d'un accord commercial bilatéral en juillet dernier. La tournée vietnamienne de cinq jours de M. Clinton doit débuter le 16 novembre, le jour même où est attendue une mission commerciale d'hommes d'affaires américain de haut niveau.

Tous les fleurons de l'industrie américaine seront représentés avec notamment Boeing, Cisco Systems, Citigroup, Coca-Cola, DaimlerChrysler, Federal Express, General Electric, Motorola, Oracle, Nike, Procter and Gamble, United Parcel Service et United Technologies. La délégation américaine s'entretiendra, à Hanoï et à Ho Chi Minh Ville, avec les responsables gouvernementaux et hommes d'affaires vietnamiens des possibilités offertes par le Vietnam aussi bien que des obstacles aux investissements étrangers dans ce pays, selon la commission américano-vietnamienne des affaires "US-Vietnam Trade Council", un des organisateurs de la mission commerciale. Les barrières devraient en principe tomber après une certaine période, selon l'accord bilatéral signé par Bill Clinton, offrant aux produits vietnamiens le même accès favorable au marché américain que celui dont bénéficient la plupart des autres pays du monde.

En retour, Hanoï s'est engagé à ouvrir ses marchés aux produits et investissements étrangers. L'accord ne sera probablement pas ratifié avant que le nouveau Congrès ne siège, au début de l'an prochain, mais les autorités vietnamiennes ont déjà commencé à effectuer les réformes juridiques et réglementaires requises, a indiqué Virginia Foote, présidente du "US-Vietnam trade council". La visite de M. Clinton, la première effectuée par un président américain au Vietnam depuis la fin de la guerre en 1975, "est importante pour la communauté des affaires car elle s'inscrit dans un procesus de normalisation économique", a-t-elle estimé.

Les échanges américano-vietnamiens se sont élevés à 783 millions de dollars de janvier à août contre 510 millions sur la même période en 1999, selon la commission de commerce américano-vietnamienne. Les entreprises américaines sont autorisées à faire des affaires aux Vietnam depuis 1994. Federal Express, géant de la messagerie, avait été le premier groupe américain à entrer au Vietnam. FedEx a signé début novembre un nouveau contrat avec des partenaires vietnamiens pour offrir le premier service de courrier direct entre le Vietnam et le reste du monde. "La manière dont nous voyons le Vietnam montre que le pays s'est ouvert (... ) et que nous sommes confiants dans l'avenir", a souligné le président de FedEx pour l'Asie-Pacifique, David Cunningham.

Les Etats-Unis ont repris leurs relations commerciales avec le Vietnam en 1994 et ont enregistré un excédent avec ce pays jusqu'en 1995. Depuis, c'est le Vietnam qui est excédentaire, avec en 1999 des exportations de 609 millions de dollars aux Etats-Unis contre des importations en provenance de ce pays de seulement 291 millions de dollars. Les produits alimentaires comptent pour la moitié des importations américaines au Vietnam. Le Vietnam exporte surtout des chaussures, des textiles et des produits pétroliers aux Etats-Unis. Les Etats-Unis vendent aussi des équipements électriques, des produits chimiques, des engrais et des éléments de centrales nucléaires pour la production d'électricité.

Agence France Presse, le 12 Novembre 2000.


Clinton, l'ancien insoumis, au Vietnam

WASHINGTON - Le président Bill Clinton avait failli voir en 1992 ses ambitions présidentielles s'évanouir en raison de révélations sur son passé "d'insoumis" et sur ses efforts pour éviter d'aller combattre au Vietnam au plus fort de la guerre en 1969. Par une ironie de l'Histoire, il deviendra cette semaine le premier président américain à poser le pied à Hanoï pour sceller la reconciliation entre les deux pays et rendre hommage aux quelque 58.000 Américains qui y ont perdu la vie.

Comme des millions de jeunes autres Américains, il était à la fin des années soixante un jeune homme tourmenté par un conflit de plus en plus impopulaire, et dont les Américains découvraient l'absurdité et l'horreur presque en direct quotidiennement à la télévision. Les explications alambiquées fournies par Bill Clinton sur cette période de sa vie avaient largement contribué il y a huit ans à convaincre ses détracteurs de son habilité à manipuler les faits et travestir la vérité pour se sortir de situations susceptibles de menacer son ascension politique. Pour éviter la conscription en 1969, le jeune Bill Clinton qui était alors étudiant à l'université d'Oxford, avait réussi grâce à l'intervention de protecteurs, à obtenir un sursis militaire en se faisant admettre dans un programme de formation d'officiers de réserve (ROTC) à l'université d'Arkansas.

Mais il ne s'y était pas présenté, et avait quelques mois plus tard renoncé à suivre ce programme, acceptant d'être incorporé dans l'armée, au moment précis où le président Richard Nixon décidait de commencer un premier désengagement des forces américaines et d'assouplir les règles de la conscription, une mesure dont Bill Clinton allait alors bénéficier, évitant ainsi de prendre le chemin du Vietnam. Le cas de Bill Clinton est cependant loin d'être unique. Sur les quelque 26 millions d'Américains en âge de conscription durant le conflit, quelque 16 millions avaient réussi à éviter de servir au Vietnam, en obtenant des sursis, en réussissant à se faire déclarer inaptes, ou en s'enrôlant dans les forces de réserve.

Agence France Presse, le 12 Novembre 2000.