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Hanoï appelle les Etats-Unis à régler les conséquences de la guerre

HANOI - Le gouvernement communiste de Hanoï a appelé mercredi les Etats-Unis à contribuer à régler les conséquences de la guerre du Vietnam alors que le pays s'apprête à accueillir Bill Clinton pour la première visite d'un président américain depuis la fin de la guerre.

"Nous estimons que les Etats-Unis doivent prendre leur part de responsabilité spirituelle et morale en contribuant efficacement au règlement des conséquences de la guerre", a déclaré Mme Phan Thuy Thanh, porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué reproduit par tous les journaux de la presse officielle. Cet appel, lancé quelques jours avant la visite historique de Bill Clinton qui est attendu le 16 novembre à Hanoï, indique que le Vietnam, qui a fait part à plusieurs reprises de son intention de "laisser le passé de côté pour regarder vers l'avenir", entend pourtant évoquer les séquelles de la guerre avec le président américain, estiment les analystes.

"Les souffrances et les pertes causées par la guerre d'agression des Etats-Unis qu'a subie le peuple vietnamien sont très lourdes et importantes. Le règlement des conséquences laissées par la guerre dont celles de l'Agent orange est une question humanitaire brûlante", a ajouté le porte-parole. L'US Air Force a déversé pendant la guerre du Vietnam 72 millions de litres de défoliants chimiques sur le territoire sud-vietnamien, dont la moitié d'Agent orange, afin d'empêcher l'infiltration et le ravitaillement des forces communistes qui combattaient le régime pro-américain de Saïgon. Des centaines de milliers de personnes ont été affectées par une exposition directe ou indirecte à l'Agent orange ou par une contamination à travers la chaîne alimentaire, et 76.000 enfants dont les parents avaient été exposés sont nés avec des malformations, selon des statistiques vietnamiennes.

"Nous préconisons de poursuivre notre coopération, de renforcer les connaissances mutuelles et de donner une meilleure impulsion aux relations vietnamo-américaines afin de régler les conséquences laissées par le passé", a encore affirmé Mme Thanh. Le Vietnam n'a jusqu'à présent jamais officiellement demandé de compensation aux Etats-Unis depuis la fin de la guerre il y a 25 ans qui a coûté la vie à 58.000 Américains et 3 millions de Vietnamiens, dont deux millions de civils. Le porte-parole a également rappelé que le Vietnam se félicitait de la visite de Bill Clinton et souhaitait qu'elle accélère davantage les relations entre les deux anciens ennemis.

Mais au début de la semaine, le régime de Hanoi avait déjà "résolument protesté" contre les "ingérences" américaines dans ses affaires intérieures conçernant la question des droits l'homme. Mme Thanh avait indiqué que ces "actes d'ingérence" "ne contribuent pas à accélérer les relations entre les deux pays". Le porte-parole réagissait à une lettre adressée le 18 octobre à Bill Clinton dans laquelle cinq sénateurs, dont l'ancien candidat à la présidence John McCain, demandaient au président américain de faire pression à propos des droits de l'homme lorsqu'il rencontrera au cours de sa visite le président Tran Duc Luong et le Premier ministre Phan Van Khai.

Ces sénateurs avaient dénoncé, dans leur communiqué, la lenteur de la mise en place des droits aux libertés politiques et civiques, les restrictions des droits fondamentaux comme les libertés d'opinion et de réunion, et aussi la poursuite des répressions contre des personnes qui critiquent le gouvernement au Vietnam.

Agence France Presse, le 25 Octobre 2000.