L'affaire des adoptions illégales d'enfants à Bac Ninh
Depuis 1998, à Bac Ninh (Nord), une centaine d'enfants ont été illégalement adoptés par des étrangers, grâce à l'aide de personnes sans scrupule.
Depuis quatre ans, Trinh Van Dang et sa femme Nguyên Thi Lan, domiciliés dans la commune de Viêt Doàn, province de Bac Ninh, à des dizaines de kilomètres au Nord de Hanoi, se tourmentent de la perte de leur fils. Leur malheur commence au début de 1998, lorsque Dang Xuân Chiên, qui se proclame cadre du Service provincial de la Justice, se rend chez eux. Il veut faire adopter le futur bébé de ce couple par des étrangers. Du fait de difficultés financières et d'une discorde familiale, le couple accepte la proposition, contre un acompte de 400.000 dôngs et 50 kg de riz.
Le 28 juillet 1998, le fils naît. C'est la joie puisqu'il est l'unique garçon de la lignée Trinh Van. Leur entourage collecte de l'argent et du riz pour que le couple puisse rembourser Dang Xuân Chiên et garder l'enfant. Pourtant, leurs efforts demeurent vains. Menacé par Dang Xuân Chiên, le couple est contraint de donner, le 1er octobre 1998, leur bébé contre 1.600.000 dôngs. Depuis, ces pauvres gens n'ont plus aucune information.
Récidive. Dang Xuân Chiên fait adopter par des étrangers la fillette Nguyên Thi Phuong (née en août 1997), de Nguyên Dang Luân, résidant dans la commune de Hap Linh, district de Tiên Son. Il a préparé tous les papiers nécessaires. À cause de difficultés financières, Nguyên Dang Luân signe et reçoit 5 millions de dôngs. Ensuite, la famille n'a plus aucune relation avec sa fille. L'unique information qu'elle possède, c'est que l'enfant vit maintenant dans une famille française. À Bac Ninh, la liste des parents-victimes de Dang Xuân Chiên est longue.
Un médecin sans scrupule
Nguyên Son est un médecin qui travaille dans un centre d'éducation pour orphelins et handicapés de Bac Ninh. Alléché par les sommes colossales gagnées lors d'adoptions, ce médecin avec une femme se sont fait passer pour un couple désireux d'adopter une petite fille. Il jette son dévolu sur Nguyên Thi Lan, qui vit dans la commune de Ngô Khê, district de Yên Phong. Puis, il place la petite dans son centre et forge un faux dossier, selon lequel elle est orpheline, avant de la faire adopter par une famille française. La famille de l'enfant ignore tout. Au centre des soins des enfants orphelins et handicapés de Bac Ninh, d'autres personnes, telles Nguyên Thi Hoàn, Nguyên Thi Hôi, Nguyên Thi Liên, imitent le médecin malhonnête.Selon la conclusion d'un groupe d'inspecteurs, au cours des trois dernières années, à Bac Ninh, 106 enfants ont été adoptés illégalement par des étrangers, grâce à des personnes malhonnêtes. Ces derniers se sont appropriés des dizaines de millions de dôngs des familles victimes.
Intervention d'une organisation étrangère
En 1996, le Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de la province de Hà Bac signe avec "ASEAN Children Services (ACS)", une organisation non gouvernementale, un projet, secondant le Centre provincial des soins des orphelins et handicapés. Les activités de ACS au Vietnam, suite à un permis délivré par le Comité chargé des organisations non gouvernementales (PACCOM), sont dirigées par Marie Rose Battisti, de nationalité américaine. Aux termes du projet, ce centre offre à ACS 20 petits, âgés d'un jour à huit ans, qui connaissent une situation extrêmement difficile et disposent de conditions suffisantes pour se faire adopter par des étrangers. La signature de tel document est contraire aux règlements de l'État sur l'adoption par les étrangers (stipulés dans l'arrêté gouvernemental du 30 novembre 1994). Toutefois, en 1998, les services locaux du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales et de la Justice ont "renouvelé" le document, par la signature de la convention, le 1er décembre de la même année. Cet événement est considéré comme un "prélude" permettant les erreurs ultérieures.
Les services concernés ont conclu que la plupart des dossiers parmi ceux de 106 enfants gardés par le Service provincial de la justice (dont 50 dossiers fournis par le Centre provincial des enfants orphelins et handicapés) ont commis des erreurs. Tous les enfants sont accueillis dans le Centre par une décision signée par le directeur du Centre, sans l'autorisation des services de gestion à l'échelon supérieur.
Graves violations des services locaux
Tout d'abord, le Centre de soins des enfants orphelins et handicapés a gravement violé la réglementation de la province. En effet, il n'a le droit que de "soigner des nouveau-nés abandonnés ou orphelins", selon la décision du 3 novembre 1993 du Comité populaire de la province de Hà Bac (ancienne province d'où s'est détachée l'actuelle Bac Ninh). En réalité, la majorité des enfants du centre ont une famille. De 1997 à 1999, cinq enfants soignés dans ce centre sont morts, mais leur famille ne le savait pas. Le centre a en outre encouragé son personnel à rechercher des enfants pour y être nourris, en donnant à chaque famille, une allocation d'entre 2 millions et 4,5 millions de dôngs, les intermédiaires reçoivent 500.000 dôngs ; les accompagnateurs, de 1 million à 1,5 million de dôngs. Cela a conduit le centre à de graves duperies, dont les coupables sont son personnel.
La responsabilité la plus importante revient au Service provincial du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales. Il a relâché ses activités de gestion sur le Centre.Le Service provincial de la justice, quant à lui, a une part dans cette affaire, car il a prêté main forte à de graves violations.
Le groupe d'inspecteurs chargés de l'affaire a envoyé au ministère de la Justice une pétition demandant que le Comité populaire de la province de Bac Ninh fasse son autocritique et incite les services provinciaux concernés à faire de même. Il a également demandé au ministère de la Sécurité publique de remettre le dossier de cette affaire au service d'enquête, afin de l'examiner et de différer devant la justice cette affaire. Ce qui permettrait de juger Dang Xuân Chiên, Nguyên Son, Nguyên Thi Hoàn et toutes les personnes impliquées dans cette histoire.
D'après le journal Lao Dông - 16 décembre 2002
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