L’industrie vietnamienne risque la paralysie
La conjoncture du pays est plutôt morose après l’annonce d’une hausse
massive des taxes d’importation sur les pièces détachées faite par le
ministère des Finances vietnamien.
La hausse massive et inattendue des taxes d'importation sur les pièces
détachées dans l'automobile au Vietnam a plongé les industriels dans la
consternation, et souligne une fois encore la versatilité de la politique
économique vietnamienne.
Les taxes annoncées par le ministère des Finances
entraîneront une augmentation des prix des pièces de 15% dès le début de
l'année prochaine et de 35% à partir de 2004. Les grands producteurs étrangers,
autorisés seulement à assembler les véhicules au Vietnam à partir de pièces
détachées importées, ont réagi violemment, dénonçant unilatéralement
"l'instabilité" de la conjoncture économique du pays et le risque d'une
détérioration de la confiance des investisseurs."Cela portera certainement
atteinte aux plans de production des entreprises d'assemblage ainsi qu'au
développement de l'industrie automobile vietnamienne", pronostiquait Ngo Van
Tuyen, directeur général adjoint de Ford."Cette décision nous a énormément
choqué. Elle signifie que nos investissements sont déjà saturés, alors que
l'industrie automobile vietnamienne est encore très jeune", a indiqué pour sa part
Lam Chi Quang, directeur général adjoint de Toyota Vietnam. En septembre
dernier, le ministère des Finances avait déjà fait souffler un vent de panique chez
les industriels en annonçant la restriction de l'importation des pièces détachées
des motos.
Le gouvernement justifiait sa décision par la volonté de lutter contre les
problèmes de circulation et de réduire le nombre de victimes des accidents de la
route, qui ont fait plus de 10.500 morts l'an passé. Honda puis Yamaha,
omniprésents sur le marché vietnamien, avaient immédiatement interrompu leur
production, forçant le gouvernement à faire marche arrière deux mois plus tard.
Cette fois, ce sont des marques comme Ford, Mercedes, Daewoo ou encore
Toyota qui devront faire face, après avoir lutté pendant des années dans un
environnement légal extrêmement complexe pour d'abord conquérir une
autorisation d'assembler, puis pour se faire un nom sur le marché. La hausse
des pièces détachées entraînera bien sûr une augmentation des prix des voitures
à la vente, pourtant déjà chères par rapport au revenu moyen.
Environ 19.500
voitures seulement ont été vendues dans le pays en 2001 et les ventes de 2002
ne devraient pas dépasser les 26.000 unités, selon les estimations officielles.
Dans un courrier adressé aux plus hautes autorités du pays, les onze
producteurs regroupés dans la VAMA ("Vietnam Automobile Manufacture
Association") s'inquiètent de la contradiction entre la volonté annoncée de
promouvoir l'industrie automobile et une politique qui en réalité la paralyse
singulièrement.
"Selon nos prévisions, les prix de vente en détail des automobiles fabriquées par
la VAMA augmenteront au moins de 15% en 2003 et ce marché sera réduit de
moins de 50 par rapport à l'actuel", estime l'association dans son courrier. "En
2004, les prix augmenteraient de 35%, et il est certain que la plupart des
entreprises d'automobiles au Vietnam devront fermer les portes", ajoute-t-elle.
Agence France Presse - 19 Décembre 2002.
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