Polémique autour de l'Agence Universitaire Francophone, ex-Aupelf.Uref
PARIS - L'Agence Universitaire Francophone , un organisme ayant pour but de développer les échanges en langue
française entre universités, est au centre d'une polémique et cela à un mois de l'ouverture du prochain sommet de
la francophonie prévu à Moncton au Canada. L'A.U.F, c'est aussi depuis l'année dernière le nouveau nom de
l'Aupelf-Uref.
En effet un rapport d'évaluation mené par des experts critique vivement sa gestion et sa direction et préconise
même jusqu'à la création d'un nouvelle A.U.F sur des bases plus solides.
L' A.U.F posséde un bugdet annuel de 35,1 millions d'euros (230 MF ) provenant au deux tiers de l'administration
française. Elle emploie 335 personnes de part le monde et gèrent plus de 50 programmes internationaux de
coopération en matière d'enseignement et de recherche à destination des pays du Sud.
Très concrétement cette agence distribue des bourses d'étude, établit des échanges entre enseignants, édite des
livres universitaires.
L'A.U.F a été donc passée au crible par une commission d'experts dont le verdic est sans appel. Pour se défendre, l'
agence s'étonne que cette commission ait éjecté très rapidemment les experts n'étant point d'accord avec les
premières conclusions de l'enquête et qu' aucun de ces dirigeants n'est été interrogé en autre sur les frais de
gestion jugés beaucoup trop important pour un organisme de coopération. 47% de frais de gestion, c'est le chiffre
cité par les experts. Pour Michel Guillou, recteur et directeur de l'A.U.F, il s'agit d'une abération et d'un amalgame.
Ces frais ne constituent pas un train de vie mais plutôt un train de travail pour par exemple les 5 ou 6 conseillers pédagogiques de l'A.U.F oeuvrant au Viêt Nam.
Un train de travail qui laisse perplexe les experts de la commission. Il faut savoir que de part son statut, l'A.U.F
dont le siège est à Montréal, échappe totalement au contrôle strict des autorités françaises et peut disposer d'un
budget loin de la tutelle des gouvernements. C'est justement l'un des principes de l'agence qui se veut
universitaire et non gouvernementale.
Mais plus grave encore, l'A.U.F ne serait pas performante. Parmi les nombreux exemples, ce rapport cite la trop
importante activité d'édition et surtout les fameuses classes bilingues au Viêt Nam. Ces classes proposent à des
enfants selectionnés sur dossier des cours en français et en vietnamien et cela dès le plus jeune âge.
Pour Michel Guillou, il faut demander aux vietnamiens ce qu'ils en pensent. Ils doivent être épouvantés que l'on
pense cela des classes bilingues. Le vrai problème de ce rapport d'aprés Michel Guillou, c'est que les turbo
évaluateurs avec deux ou trois idées à priori, n'ont pas écouté le terrain au Viêt Nam et n'ont visité que 4 ou 5
classes bilingues parmi les 700. Selon Michel Guillou, ce programme de classes bilingues est une réussite et il n'y
aurait pas eu de renouveau de la francophonie au Viêt Nam sans celui-ci.
Du coté des universités africaines, certaines reprochent également à l'A.U.F des ingérences souterraines sans
prendre en compte les réels besoins des pays où évolue l' agence. En réponse à cette critique, Michel Guillou
évoque plutôt des revanches personnelles d'universitaires africains dont les dossiers auraient été refusés dans le
cadre d'un programme et rappelle que l'A.U.F, c'est avant tout l'excellence.
Michel Guillou explique l'archarnement contre l'A.U.F, par le fait que des décideurs français ne sont pas
favorables à la francophonie. Pour lui, la francophonie est une aventure moderne, faisant preuve d'un grand
dynamisme et qui pèse maintenant dans la mondialisation.
Le ministère de l'éducation a suspendu ses subventions annuelles à l'A.U.F. Il faut dire qu'une querelle politique
existe entre Claude Allègre, homme de gauche favorable à une politique anglo-saxonne de business qui s'est
concrétisé par la création de l'agence "Edufrance" dont le but est d'attirer les étudiants étrangers en France afin
d'établir des ponts économiques, et Michel Guillou, homme proche du R.P.R.
Par Emmanuelle Bastide - Radio France Internationale, le 8 Août 1999.
Note du Webmestre : Cet article n'est qu'une transcription résumée. L'ensemble du reportage d'Emmanuelle Bastide dans le cadre de son émission hebdomadaire "Le magazine de l'éducation" est téléchargeable uniquement cette semaine à partir de l'adresse URL suivante :
http://www.francelink.com/radio_stations/rfi/rfi-magazines.html