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La guerre du Vietnam, une attraction touristique en devenir

HANOI - Pélerinage douloureux pour les uns, voyage initiatique dans l'histoire pour les autres, les visiteurs sont aujourd'hui nombreux à se presser sur les sites de la guerre du Vietnam, en passe de devenir de lucratives attractions touristiques. Le ministère vietnamien du Tourisme et les agences étrangères comptent sur les champs de bataille, musées de la guerre et sites historiques majeurs pour attirer les curieux et, plus encore, les vétérans à la recherche d'un émotionnel retour.

"Nous sommes fiers de notre tradition de lutte pour la conquête de notre indépendance. Le Vietnam d'aujourd'hui est connu dans le monde entier pour ses exploits", justifie Duong Xuan Hoi, un responsable du ministère du Tourisme à Hanoï. Les tunnels de Cu Chi, creusés par la résistance près de l'ex-Saïgon, devenue Ho Chi Minh-Ville (sud), la zone démilitarisée (DMZ) qui a séparé jadis le nord et le sud du pays, ou les plages de Danang, hier théâtres de violents combats, peuvent devenir des destinations à succès.

"Les tunnels de Cu Chi sont un must", estime Eric Merlin, un des co-fondateurs de l'agence Exotissimo basée au Vietnam. "Ils sont une manifestation d'une forme de courage et de détermination du peuple vietnamien. Et les gens ont envie de comprendre un peu qui est ce peuple qui a battu les Américains". La guerre a beau laisser de marbre la moitié de la population vietnamienne, âgée de moins de vingt ans, elle n'en reste pas moins inscrite dans la mémoire du siècle. "La guerre, c'est un des composants du voyage au Vietnam, comme les gondoliers de Venise ou les chapeaux de cow-boys dans les shopping malls aux Etats-Unis", ajoute Eric Merlin. "C'est dépassé, mais c'est une image qui reste".

Les plages, les rizières et les temples royaux continuent d'être les arguments premiers des tours opérateurs. Mais certains professionnels jugent que les sites de la guerre peuvent devenir à terme aussi incontournables que les grands sites de la seconde guerre mondiale en Europe. "Quand je suis allé en France, bien sûr que j'ai visité les plages (du débarquement) en Normandie. Je suis sûr que le Vietnam atteindra aussi ce stade", estime un professionnel. Mais pour l'heure, le marché le plus prometteur se trouve chez les vétérans américains. "Le Vietnam apparaît aujourd'hui comme suffisamment ouvert et relax pour (leur) permettre de revenir", se réjouit Graham Heal, président du site américain FrequentTraveller.com. Les débats de la campagne présidentielle aux Etats-Unis le confirment, le drame vietnamien reste omniprésent dans la mémoire collective américaine. Sur le plan touristique, il touche un vaste marché: plus de trois millions de soldats américains se sont battus en Asie du sud-est et la plupart sont encore en vie.

L'opérateur espère atteindre un chiffre d'affaire de 4 millions de dollars par an d'ici 2006 en proposant des tours personnalisés. Car l'objectif de beaucoup de vétérans est de retrouver le lieu même de leurs combats, revoir le lieu où le frère ou l'ami a été tué. "Le plus important pour moi est de savoir dans quelle branche de l'armée il a servi et quelle zone l'intéresse", ajoute Graham Heal. Les manifestations de rancoeur ou de haine sont rares. Bien plus qu'un ancien ennemi, un vétéran américain est d'abord un touriste riche et ému. Reste que ce marché n'aura qu'un temps. Dans une trentaine d'années, beaucoup de vétérans auront disparu. "Nous préparons le marketing des jeunes générations de touristes, les enfants de soldats", assure Duong Xuan Hoi.

Agence France Presse - 5 Septembre 2004.