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Diên Biên revêt ses plus beaux atours

Un demi-siècle a passé. Sur le champ ensanglanté d'hier a poussé une jeune ville, avec de larges rues. Mais les vestiges historiques sont toujours là. Ils attendent les touristes, et ceux venus se souvenir.

L'aéroport de Diên Biên. Son centre de commandement, la salle d'attente... sont équipés de neuf. Dehors, des groupes d'ouvriers achèvent les derniers travaux d'élargissement de la rue, conduisant au centre-ville. Ces préparatifs permettront d'accueillir quatre vols quotidiens, à l'occasion du 50e anniversaire de la victoire de Diên Biên Phu. Et non seulement des vols domestiques mais également ceux en provenance du Laos, du Cambodge et du Myanmar. De l'aéroport, les visiteurs peuvent se rendre facilement sur les lieux de tous les vestiges historiques car les rues sont asphaltées. A deux kilomètres de l'aéroport, l'abri du général de Castries -l'état-major de tout le camp retranché français dans la vallée de Diên Biên- gît modestement dans la plaine envahie par l'herbe folle en hiver. Les tranchées sont reconstituées, formées de sacs de sable. Les visiteurs ne sont pas nombreux car il reste encore quelques mois d'ici le jour de la célébration de la victoire, le 7 mai.

Compte à rebours des préparatifs

Les chantiers des autres sites sont beaucoup plus animés. Sur la colline A1 (Éliane 2), les travaux sont quasiment achevés. Les tranchées ont été creusées de nouveau, puis consolidées par du ciment de couleur terre, ce pour prévenir les affaissements. "Les coups de pelle doivent être semblables à ceux d'il y a cinquante ans, effectués par le génie français", explique Nguyên Van Chinh, responsable des travaux techniques de la colline A1. "Nous nous sommes heurtés à des difficultés de plusieurs côtés. Les suggestions étaient nombreuses, mais parfois contradictoires". Une situation compréhensible selon lui. La documentation relative aux positions des ouvrages militaires, fournie par le musée de l'Armée, manquait de détails. Les vétérans de guerre, quand ils ont visité l'ancien champ de bataille, ont avancé chacun leur avis fondé... sur leur seule mémoire. Fiables ou non fiables leurs avis ? Personne ne le sait avec exactitude. En effet, à l'époque, pour garantir le secret absolu, les mobilisations et déplacements des unités ne se faisaient que de nuit. Les soldats d'une unité étaient incapables de se reconnaître, sans parler des possibilités d'observer le théâtre des opérations.

"Au total, il y a treize points à restaurer sur la colline A1, dont l'abri Éliane 2, douze bunkers et 900 m sur les 3.000 m de tranchées françaises... Ce sont des points pour lesquels les deux armées se sont disputés avec acharnement. Les travaux coûtent près de 5 milliards de dôngs", déclare Nguyên Van Chinh. Le projet de restauration envisage également le repeuplement de la colline par des hoa ban - arbre typique de la région du Nord-Ouest. Des hoa ban blancs et violets pour représenter le dernier et décisif combat, qui a mis fin à une bataille de 56 jours et nuits, achevée par la victoire des forces armées vietnamiennes.

La hauteur D1 attire le plus l'attention des constructeurs. Ici s'érigera le mémorial de la Victoire de Diên Biên Phu. Elle a été choisie, du fait qu'elle est riche en exploits et qu'elle offre une vue panoramique sur la plaine de Muong Thanh. La réalisation de la statue, d'un poids de 20 tonnes de cuivre, a été confiée aux artisans du district de Y Yên, province de Nam Dinh (Nord).

"Nous avons sollicité l'avis du général Vo Nguyên Giap avant et même pendant le travail de rénovation", explique Lê Minh Viên, directeur-adjoint du Comité de restauration des vestiges historique de Diên Biên. "Avant tout, il fallait procéder au déminage. Il y a encore une quantité d'armes ensevelies dans le sol : des obus de canon, mines anti-personnels, bombes..." Non seulement les armes laissées par les Français, mais aussi celles larguées par les bombardiers américains, durant les années 60, remarque Lê Minh Viên. En effet, le Nord-Ouest se situait sur la ligne de vol des avions américains. Ces derniers y déversaient souvent les bombes qu'ils n'avaient pu larguer sur les objectifs, avant de regagner leurs bases militaires à l'étranger. Après la guerre, on a entrepris plusieurs tranches de déminage dans la région. "Cette fois-ci, nous effectuons un contrôle final, afin de garantir la sécurité, pour ceux qui travaillent ainsi que pour les touristes", souligne-t-il. En dehors des huit ouvrages historiques principaux à restaurer, le gouvernement et les autorités locales ont rénové les routes conduisant à Diên Biên, amélioré les sites touristiques et culturels aux alentours. En procédant à de tels préparatifs, ils souhaitent accueillir 220.000 touristes en 2004.

Par Lê Hà et Minh Trang - Le Courrier du Vietnam - 24 février 2004